Au moment où les Chrétiens du monde entier célèbrent la Fête de la Nativité, il y a des familles, de par le monde, qui sont en deuil. Des familles qui pleurent la disparition des êtres chers. Gaza, Liban, Syrie, Ukraine, Russie, Soudan. Des pays et régions dont les noms sont devenus synonymes de « déni de l’humanité».
Tout près de nous, au Rwanda, une histoire mérite qu’on s’y attarde. C’est l’histoire d’une maman rwandaise. Nom : Charlotte Mukamusoni. De quoi s’agit-il ?
Agée de 75 ans, « Maman Charlotte » avait un fils unique. L’enfant est né prématuré, après des soins intensifs, le bébé a été récupéré. Il a grandi normalement. Après des études à l’Université, il est recruté dans la Rwandese Defence Force (RDF).
Un jour « Mama » Mukamusoni reçoit la visite de son « fils adoré ». « Maman je suis venu te dire au revoir. Je pars en mission ». Quelques jours après, des visiteurs frappent à la porte de « Ma Charlotte ». Après lui avoir montré une photo, les hôtes déclinent leur message : «Nous sommes là pour vous annoncer le décès de votre fils. Il est mort au combat au Nord Kivu ».
On n’ose imaginer la réaction de cette pauvre dame qui ignorait que « c’était ça » la mission dont parlait son fils unique. Les pleurs de la dame Mukamusoni ont ameuté tout un quartier de Kigali. Que faire ? Elle rassemble quelques effets personnels dans un sac. « Je quitte le Rwanda ! ». C’est la dernière phrase prononcée par elle avant de disparaitre. A-t-elle été enlevée ? Pourquoi ? C’est connu, le régime de Kagame a toujours occulté les soldats rwandais tués au Nord Kivu.
Depuis son investiture, le 24 janvier 2019, Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo a mené une « diplomatie de la main tendue » vers les neuf pays voisins de la RDC (Angola, Burundi, Centrafrique, Congo-Brazzaville, Ouganda, Rwanda, Soudan du Sud, Tanzanie, Zambie).
A la surprise générale, en novembre 2021, le président Paul Kagame lance dans un de ses « One man show » qu’il peut déployer les troupes rwandaises n’importe où « sans demander l’autorisation ». Aussitôt dit, aussitôt fait. Plusieurs milliers des soldats de RDF sont déployés au Nord Kivu. Et ce sous le prétexte que des FDLR collaboraient avec les FARDC pour « génocider » les Tutsi dits Congolais.
Depuis l’avènement des Inkotanyi au pouvoir à Kigali en juillet 1994, la région des Grands lacs est déstabilisée. « Le Rwanda de Paul Kagame est un mauvais voisin ». Ancien « enfant de rue » avant de rejoindre le « Mouvement » de Yoweri Museveni, Kagame dirige son pays selon les méthodes dignes de voyous.
Chef d’Etat voyou, Kagame – soutenu par certains membres de la communauté internationale en général, et en particulier les Etats-Unis, la France et le Royaume Uni – se croit tout permis. Trois membres du Conseil de sécurité sur cinq. On assiste au recul du droit international et à la montée en puissance de la force brutale. A quoi sert les Nations Unies? A quoi sert l’Union africaine?
L’intangibilité des frontières héritées de la colonisation est foulée aux pieds. Il en est de même de la souveraineté nationale et de l’intégrité du territoire. Plus personne ne parlent des valeurs contenues dans la Charte de l’Onu. Encore moins de la Charte africaine sur la démocratie.
Depuis bientôt quatre ans, l’imprévisible Paul Kagame envoie ses forces spéciales au Nord Kivu pour défendre des intérêts mafieux. La RDC qui n’avait plus d’armée digne de ce nom ne savait à quel saint se vouer. La « communauté internationale » a multiplié des condamnations de bout de lèvre.
La crise qui se déroule dans la province du Nord ne peut en aucun cas nous enlever notre humanité. Et notre empathie. Qui aura le courage de dire à la dame Charlotte Mukamusoni que son fils est mort pour rien ? Pourquoi Kagame a décidé d’envoyer des jeunes soldats rwandais agressé la RDC sans qu’il y ait eu de provocation. Pire, aucun village rwandais n’a été attaqué au cours de ces six dernières années.
La Région des Grands Lacs a besoin des hommes de paix pour assurer le développement économique et social de cette partie du Continent. Homme belliqueux et imprévisible, Paul Kagame est disqualifié.
Il revient désormais aux chefs d’Etat du Congo-Kinshasa et du Burundi de prendre le taureau par les cornes. L’heure a sonné de promouvoir la « coopération » et le « dialogue » en lieu et place de la guerre. Il y a urgence de relancer les activités de la CEPGL (Communauté Economique des Pays de Grands Lacs). Une idée originale lancée en septembre 1976 par les anciens Présidents Jean-Baptiste Bagaza, Juvénal Habyarimana et Mobutu Sese Sese.
Les trois chefs d’Etat voulaient « favoriser la compréhension et la solidarité mutuelle entre les Etats membres de façon à créer un climat en permanence propice à la coopération économique et au maintien des relations pacifiques et amicales entre eux ».
Une nouvelle CEPGL est possible ! Osons espérer que les émotions conflictuelles (la convoitise, la haine et la jalousie) seront éradiquées. Vivement la paix en 2025 !
Baudouin Amba Wetshi
Be the first to comment