Un « médiocre » nommé Théodore Mugalu

Théodore Mugalu

Co-fondateur du parti dominant PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), ancien ambassadeur en Tanzanie, Théodore Mugalu wa Mahingu, 64 ans, assume depuis 2002, les fonctions de chef de la maison civile de « Joseph Kabila ». L’homme vient d’entamer une sorte de croisade contre les « mauvais pasteurs » et les « mauvais prêtres ». Mugalu qui aime brandir sa casquette de « pasteur » semble représenter ces « mauvais génies » qui gravitent depuis dix-sept ans autour du très rusé successeur de Mzee. Des hommes et des femmes qui ont la vérité en horreur.

En séjour à Lubumbashi, Théodore Mugalu, a appelé, samedi 6 janvier, les habitants de la province du Haut Katanga – le fief putatif de son patron – à tourner le dos aux « mauvais pasteurs » ainsi qu’aux « mauvais prêtres ».

Par « mauvais » pasteurs ou prêtres, ce prétendu « homme de Dieu » cible les prédicateurs qui inciteraient, selon lui, les natifs de cette partie du « Grand Katanga » « à la violence pour détruire le pays ». Des noms? Mugalu ne cite aucun nom de « fauteur de troubles » à l’appui de sa démarche.

Agissant manifestement par « procuration », le chef de la maison civile de « Kabila » a fini par tomber le masque en pointant un doigt accusateur en direction des « évêques catholiques ». D’après lui, ceux-ci poussent la population « à commettre des actes de violence ». Où? Quand? Silence.

Mugalu dit condamner « avec la dernière énergie » la marche organisée le dimanche 31 décembre par le Comité de coordination des laïcs catholiques. Et d’exhorter les « pasteurs » à « préserver la paix et l’unité » au niveau de cette province. Pour lui, il s’agit d’amener la population sur « la voie de Dieu conformément à la Bible ».

En réprimant dans le sang des « manifestants pacifiques » qui n’avaient comme « armes » que des bibles, des chapelets et des crucifix, « Joseph Kabila » et ses sicaires sont tombés dans leur propre piège. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux parlent d’elles-mêmes. On y voit des membres de la tristement célèbre « garde républicaine » emporter les corps sans vie de leurs victimes.

Face à cette brutalité stupide et méchante, le sang du cardinal Laurent Monsengwo n’a fait qu’un tour. Le prélat a sorti l’artillerie lourde en sommant les « médiocres » qui pullulent dans allées du pouvoir de « dégager » et d’emporter avec eux la « barbarie » et le « mensonge systémique ».

Depuis lors, les oligarques de la « Kabilie » ont perdu le sommeil. Ils peinent à digérer ces propos de l’archevêque de Kinshasa. Et pourtant. Le Cardinal n’a cité personne. « Qui se sent morveux se mouche », dit l’adage populaire.

Membre du proche entourage de « Joseph Kabila », le « pasteur » Mugalu qui aime bien invoquer Dieu et la Bible, n’a jamais brillé par son exemplarité. La vérité et la sagesse? Il s’en moque et préfère le bavardage. Ignorant que ses fonctions l’astreignent au devoir de réserve, il n’hésite pas à descendre dans l’arène politique.

En octobre 2014, le personnel politique a été surpris de voir le chef de la maison civile de « Kabila » sur plusieurs plateaux de télévision. Il battait campagne pour la révision de la Constitution. Selon lui, la Constitution en vigueur – promulguée le 18 février 2006 par « Joseph Kabila » – ne ferait pas assez mention de Dieu. « Il est inadmissible, dans un pays habité en grande majorité par des chrétiens que le Congo soit gouverné sur base d’une Constitution qui ne reconnaît pas Dieu », déclarait-il lors d’une rencontre avec quelques pasteurs des églises dites du réveil. Le problème, il n’a décelé les « aspérités » qui entachent la Charte fondamentale qu’à quelques vingt-quatre mois de l’expiration du dernier mandat de son « boss ». Où est Dieu dans tout ça!

Le « pasteur Théodore » fait sans doute partie des « médiocres » fustigés par le Cardinal. Des hommes et des femmes qui ont en horreur la vérité vraie pour constater que l’élément déclencheur des actes de violence attribués, à tort, aux prêtres catholiques devrait être recherché dans le parjure commis par « Joseph Kabila » le jour où il a trahi son serment solennel fait « devant Dieu et la nation (…) d’observer et de défendre la Constitution et les lois de la République… »

 

Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2018

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