Le taux de change oscille aujourd’hui autour de 1 euro pour un dollar américain. Les experts s’attendent à ce que l’euro demeure faible jusqu’à la fin de 2022. En cause, la dette publique des pays, la guerre en Ukraine et la hausse des prix de l’énergie.
L’euro, la monnaie unique de 19 pays de l’Union européenne, a été mis en service depuis le 1er janvier 1999. Il se caractérise aujourd’hui par une faiblesse vis-à-vis du dollar américain. Lors de son lancement sur les marchés en 1999, la monnaie unique valait 1,1789 dollar. Le taux de change oscille aujourd’hui autour de 1 euro pour un dollar américain. Après avoir atteint la parité il y a un mois, il s’est échangé contre moins d’un dollar la semaine passée pour repasser légèrement au-dessus. Les experts s’attendent à ce que l’euro demeure faible jusqu’à la fin de 2022. Il pourrait reprendre légèrement au cours de 2023. En cause, la dette publique des pays, la guerre en Ukraine et la hausse des prix de l’énergie. Tout ceci concourt à la résurgence de l’inflation.
À fin août 2022, le taux d’inflation dans les 19 pays partageant l’euro s’ élevait à 9,1% contre 8,9% en juillet, suivant Eurostat qui est l’office statistique de l’Union européenne. C’est le chiffre le plus élevé depuis le début de la publication de l’indicateur en janvier 1997. L’attractivité du dollar américain résulte aussi de la politique de la Federal Reserve Bank visant à lutter contre l’inflation en relevant ses taux d’intérêt. L’inflation aux Etats-Unis d’Amérique a atteint 8,5% à fin juillet soit le taux le plus haut depuis 40 ans. Alors qu’en juillet le taux directeur de la BCE était passé de 0% pourcent à 0,5%, le comité de politique monétaire de la Federal Reserve Bank, avait rehaussé ses taux directeurs dans une fourchette allant de 2,25% et 2,50% tandis qu’ils oscillaient auparavant entre 1,50% et 1,75%. Ces taux pourraient être portés à 4% début 2023. Ce différentiel fait que le dollar est plus recherché que l’euro sur les marchés d’autant que l’Europe connait une guerre sur son territoire. La faiblesse de l’euro rend les exportations européennes moins chères donc compétitives par rapport à la zone dollar.
Toutefois, les importations deviennent plus onéreuses et alimentent encore l’inflation dans les pays de l’Union européenne. En ce qui concerne le Congo-Kinshasa, la baisse de l’euro n’a pas d’impact significatif dans la mesure où l’économie est fortement dollarisée. Le dollar américain est omniprésent dans toutes les transactions. Les prix y sont affichés en dollars, les guichets automatiques des banques distribuent de préférence les dollars, les frais scolaires sont libellés en dollars. Il en est de même des loyers, des prix des maisons, des salaires, des frais d’hôtel et de restaurant etc. Ainsi, les fluctuions du dollar n’ont aucun effet. Par ailleurs, la dette extérieure est exprimée en dollars et les cours des principales matières exportées sont libellés en billets verts. Les avantages que le pays pourra retirer portent sur les importations des biens et des services à partir de l’Union européenne. Les prix sont réduits par l’effet du taux de change. Les Congolais qui voyagent vers l’Europe disposent de plus d’argent à dépenser.
Les différentes étapes de l’UE
C’est au lendemain de la seconde guerre mondiale que deux personnalités françaises, Jean Monnet et Robert Schuman envisagent d’atténuer l’état de guerre qui a toujours prévalu entre la France et l’Allemagne par la mise en place d’une coopération économique. C’est ainsi que Maurice Schuman suggère en 1950 l’idée de création d’une autorité commune qui aura pour rôle de contrôler l’industrie du charbon et de l’acier en France et en Allemagne de l’Ouest.
D’autres pays accueillent cette proposition de manière positive. La Belgique, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas se joignent à l’idée. Un traité est signé, en 1951, à Paris. La Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) naît en août 1952. Devant le succès de la CECA, les ministres des Affaires étrangères des pays membres décident, en juin 1955, d’étudier la possibilité de fusion économique. Cette initiative conduit à la signature des deux Traités de Rome de mars 1957 instituant la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l’énergie atomique (EURATOM). Le traité de la CEE prévoit la disparition sur une période de douze ans, des barrières douanières parmi les pays membres, la mise en place de droits de douane communs concernant les importations hors CEE et la création d’une politique commune de gestion et de soutien à l’agriculture. Les trois communautés (CEE, CECA et EURATOM) fusionnent en 1967 pour former la Communauté européenne.
L’intégration économique évolue progressivement vers l’intégration monétaire qui est considérée comme la phase ultime de la construction de l’union européenne. Le système monétaire européen (SME) qui est mis en place en mars 1979 peut être considéré comme la première étape dans la voie de l’établissement d’une union monétaire européenne. L’ECU (European Currency Unit) est créé dans ce cadre. C’est une moyenne des monnaies des Etats membres, pondérée selon le mondant de la production de chaque pays et selon sa part dans le commerce de la communauté. L’ECU avait remplacé l’unité de compte européenne (UCE), utilisée jusqu’alors comme instrument de comptabilité pour le calcul de la valeur relative des paiements effectués à partir de ou vers les comptes de la Communauté européenne. Le succès de cette coopération incite progressivement d’autres pays à adhérer. Depuis le 1er mai 2004, il y a vingt-cinq pays qui font partie de la communauté contre six au départ.
Le passage à l’euro
La campagne vers un marché unique européen fut animée dans les années 1980 notamment par M. Jacques Delors, à l’époque ministre français des Finances. Le Conseil européen adopta le projet d’abolition sur une période de sept ans de la quasi-totalité des barrières douanières encore en vigueur parmi les Etats membres. L’objectif de créer un marché unique européen fut fixé au 31 décembre 1993. Des réformes furent donc mises en œuvre pour accroître la coopération et l’intégration parmi les membres de manière à conduire à la formation de l’Union européenne. Le 1er juillet 1990 se traduit par la libre circulation des capitaux dans l’espace européen. Le Traité de Maastricht signé en 1991, est finalement ratifié en octobre 1993. L’Union européenne démarre formellement le 1er novembre 1993.
Le Traité recommande qu’entre le 1er janvier 1997 et le 1er janvier 1999 au plus tard qu’il y ait « fixation irrévocable de la valeur de l’ECU; passage à la monnaie unique (l’ECU n’est plus une monnaie-papier, mais une monnaie tout court), à la banque centrale européenne, à la politique monétaire unique et à la politique de change pour l’ECU fixée au niveau européen ». Le Traité de Maastricht prévoit la mise en place d’une monnaie unique d’ici à l’an 1999 en trois phases. La période qui va de 1990 à 1994 est considérée comme une étape de préparation tandis que celle qui part de 1994 à 1997 est une phase de transition au cours de laquelle une liste a été établie reprenant les pays qui satisfont aux critères appelés de convergence. Le 1er janvier 1994 débute la coordination des politiques monétaires en vue d’asseoir la stabilité des prix. A cette même époque, la création de l’Institut monétaire européen devient effective. Avant juillet 1998, le Conseil européen devait décider sur les pays éligibles au passage à la monnaie unique.
La dernière phase qui va de 1997 à 1999 devait se traduire par la création de la Banque centrale européenne (BCE). Les critères d’appréciation ou critères de convergence établissent que pour se joindre à l’union monétaire, le déficit budgétaire ne peut représenter plus de 3% du produit national brut et la dette publique doit être inférieure à 60% de ce même PNB. D’autres critères d’appréciation ont trait aux différentiels d’inflation et de taux d’intérêt. Suivant les modalités convenues, le taux d’inflation d’un Etat membre donné ne doit pas dépasser de plus de 1,5% celui des trois Etats membres présentant les meilleurs résultats en matière de stabilité des prix sur l’année précédant l’examen de la situation de l’Etat membre. Les taux d’intérêt nominaux à long terme ne doivent pas excéder de plus de 2% ceux des trois Etats membres présentant les meilleurs résultats en matière de stabilité des prix. Le 1er janvier 1999, l’euro fut officiellement lancé.
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Gaston Mutamba Lukusa