
Cette pratique de droits de douane réciproques risque de conduire le monde vers le protectionnisme. Au détriment du libre-échange. L’échec collectif est à redouter. Quid de la RD Congo? Ici , les conséquences seront indirectes. Les prix des produits importés vont augmenter contribuant à une inflation importée. Bonjour, la crise économique!

Mercredi 2 avril, le monde s’est réveillé sous un jour nouveau appelé « Jour de la libération » par le président américain Donald Trump. Il venait de décréter l’imposition des droits de douane réciproques à presque tous les pays du monde, à l’exception des pays qui sont déjà sous sanctions commerciales américaines. C’est le cas de la Russie, de la Corée du Nord, de Cuba, de l’Iran, du Venezuela… Le président américain a aussi imposé une taxe de 25% sur les voitures étrangères et pièces de rechange. Selon lui, ces mesures doivent permettre de « mettre fin au pillage de l’économie américaine et utiliser les milliards de dollars récupérés à réduire les impôts et à rembourser la dette nationale, ouvrant ainsi une nouvelle ère de prospérité industrielle et d’emploi aux États-Unis ». Il est fort déterminé à gagner l’argent au plus vite. Les marchés boursiers ont immédiatement réagi par des baisses. Les nouveaux tarifs imposés aux grandes économies sont les suivants: Union européenne (20%), Chine (34%), Taiwan (32%), Japon (24%), Corée du Sud (25%), Suisse (31%), Royaume-Uni (10%), Afrique du Sud (30%). Certains pays ont promis de réciproquer.
On ne sait pas comment, étant donné que les tarifs imposés tiennent compte des pratiques commerciales dans ces pays, des déficits commerciaux et des barrières non tarifaires. A titre d’exemple, selon les calculs de Washington, la Chine impose des tarifs de 67%, la République sud-africaine, 60%, et l’Union européenne, 39%. Le continent africain est aussi concerné par cette guerre commerciale. Il y a 31 pays qui se voient imposés des tarifs de 10% malgré le faible niveau des échanges commerciaux et leur pauvreté. A côté de ce groupe de pays, il y a le Cameroun et RD Congo (11%), la Guinée équatoriale et Tchad (13%), le Nigeria (14%), le Mozambique (16%), le Malawi et Zambie (17%), le Zimbabwe (18%), la Côte d’Ivoire et Namibie (17%), de l’Afrique du Sud et Algérie (30%), la Lybie (31%), l’Angola (32%), le Botswana (37%), Maurice (40%), Madagascar (47%) et Lesotho (50%).
Avec cette pratique dite de droits de douane réciproques, le monde risque de se tourner vers le protectionnisme et de se détourner du libre-échange qui a fait sa prospérité ces dernières années. Dans ce cas, tout le monde devient perdant. Des économies seront fragilisées. L’Amérique pourra certes attirer des entreprises mais disposera-t-elle suffisamment de main d’œuvre? Les conséquences sur la RD Congo sont indirectes. Les prix des produits importés vont augmenter contribuant à une inflation importée. Si la Chine tombe en récession par suite des barrières au commerce, les cours de cuivre et de cobalt vont chuter. Ceci va entraîner la baisse du revenu national. Ce sera le début d’une grave crise économique.
Il faut rappeler que pour réglementer le commerce mondial, des négociations internationales avaient abouti à la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) basée à Genève, en Suisse. Elle est devenue opérationnelle à partir du 1er janvier 1995. Elle avait remplacé le GATT (General Agreement on Tarrifs and Trade ou Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) qui est né en 1948 quand 23 pays non communistes signèrent des accords multilatéraux visant à réduire les entraves au commerce international. Dès sa création, le GATT a organisé plusieurs négociations commerciales internationales dont la dernière fut appelée l’Uruguay Round (1986-1994). L’OMC est l’émanation de l’acte final qui concluait en 1993 le cycle de négociations multilatérales dont l’objectif était de parvenir à accroître le volume du commerce mondial d’au moins 25% d’ici la fin du siècle passé. L’OMC a pour mission de gérer et de contrôler les différents accords de libre-échange de l’Acte final, de surveiller les pratiques commerciales dans le monde et de juger les différends commerciaux qui lui sont soumis par les États membres. Ceux-ci sont jugés par une commission d’enquêtes. Les pays disposent d’un recours auprès d’un organe d’appel dont la décision est irrévocable.
Contrairement au GATT, l’OMC est une personne morale dont les règles sont obligatoires pour les États membres. Force est de constater qu’il y a de plus en plus des fissures dans l’ordre mondial tel qu’établi à ce jour. L’ONU est incapable de mettre fin à la guerre au Moyen-Orient et en Ukraine. La Cour pénale internationale devient de plus en plus politique. L’OMS est incapable d’empêcher que des sanctions commerciales soient utilisées lors des différends politiques ou des conflits.
Gaston Mutamba Lukusa
Il ne cherche pas à torpiller, il torpille brutalement.
Cher GML,
Si cette brutale reconfiguration du commerce international constitue une menace évidente, ne pourrait-elle pas aussi se révéler une opportunité salutaire pour le continent africain ?
L’Afrique, malgré ses 1,4 milliard d’habitants et sa richesse en ressources naturelles, ne représente qu’une portion marginale du commerce bilatéral avec les États-Unis. Les exportations africaines vers l’Amérique — concentrées sur quelques matières premières comme le pétrole, les minerais ou le cacao — demeurent faibles et peu diversifiées. Les produits africains, souvent non transformés, ne trouvent qu’un accès restreint au marché américain, malgré des accords préférentiels tels que l’AGOA. En réalité, l’Afrique est bien plus dépendante du bon vouloir de Washington que l’inverse.
Par conséquent, l’augmentation des droits de douane, bien que nuisible, ne sonne pas comme une coupure vitale. Elle invite surtout à une prise de conscience : l’Afrique ne peut plus se satisfaire d’une économie extravertie, tournée vers des marchés incertains et souvent hostiles.
Contrairement à l’Union européenne ou à la Chine, qui disposent de leviers de rétorsion commerciale, de technologies stratégiques ou d’un poids économique global, les États africains sont pour la plupart isolés, économiquement fragiles et désunis. Ils n’ont ni la capacité d’imposer des contre-sanctions efficaces, ni l’influence diplomatique suffisante pour peser dans la balance.
Face à cette impuissance structurelle, la réponse ne peut être que collective et stratégique. L’Afrique doit tirer les leçons de sa vulnérabilité actuelle pour s’engager résolument vers l’autonomisation économique.
La crise commerciale actuelle est une alerte. Mais elle pourrait aussi ouvrir une ère nouvelle, si les pays africains décident d’y répondre non pas par la plainte, mais par une vision. Trois axes sont ici prioritaires :
1. La mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) doit devenir une priorité absolue. Le commerce intra-africain, encore très faible (moins de 15% du commerce total), pourrait être démultiplié si les infrastructures, les normes douanières et les chaînes de valeur régionales étaient renforcées. C’est le moyen le plus efficace de stimuler la production locale, de créer des emplois et de réduire la dépendance extérieure.
2. L’Afrique ne doit plus être le simple champ de bataille des grandes puissances. Elle peut désormais choisir ses partenaires : la Chine, l’Inde, le Brésil, l’ASEAN… Autant d’acteurs émergents prêts à établir des relations commerciales fondées sur les besoins africains, à condition que ces accords soient mieux négociés par des dirigeants compétents, équilibrés et tournés vers le transfert de technologies.
3. La dépendance au dollar rend les économies africaines extrêmement vulnérables aux fluctuations des taux de change, aux décisions de la Fed ou aux sanctions extraterritoriales américaines. Une politique de dédollarisation progressive — en favorisant le commerce en monnaies locales, en utilisant des paniers de devises régionales ou en développant des monnaies numériques africaines — permettrait une plus grande souveraineté financière.
L’Afrique, longtemps à la périphérie des grands choix économiques mondiaux, doit maintenant prendre son destin en main. La guerre commerciale déclenchée par Trump est peut-être brutale, mais elle offre aussi un signal fort : le monde d’hier, celui du libre-échange unilatéral, touche à sa fin. L’Afrique doit refuser de rester un terrain passif de prédation ou d’assistanat, et construire une économie résiliente, créative, tournée vers ses propres besoins et potentiels.
C’est là le véritable enjeu : faire de cette crise un moment de rupture et d’émancipation, non de résignation.
Cher GML, on dit chez nous que l’histoire ne fait pas de cadeaux ; elle offre des fenêtres. À l’Afrique de les ouvrir.
L’actualité et focalisée aujourd’hui sur la » guerre commerciale » déclenchée par le chef de l’exécutif américain avec l’augmentation massive des droits de douane à l’échelle mondiale. Il explique cette oukase par sa volonté de résorber le déficit commercial de son pays vis à vis du reste du monde. Les non initiés on du mal à comprendre les différents arguments qui sont utilisés par les économistes pour expliquer les conséquences pour l’économie mondiale. D’emblée, il faut planter le décor par reconnaitre qu’aujourd’hui, L’Amérique est la première économie mondiale si on considère les différents agrégats, ce qui fait que les conséquences sont générales à la même échelle. d’Ailleurs, la bourrasque qui a touché toutes les bourses du monde l’explique aisément. Lorsqu’on observe et analyse la posture du Président Américain devant se tableau chiffré, les économistes utilisent le terme » mercantilisme » qui a mauvaise presse car, c’est à dire esprit de lucre, propension à rapporter tout au commerce, au trafic, au gain a tout prix et au barbarisme. Une fois qu’on a esquissé cette petite explication liminaire, il faut évaluer les conséquences pour l’économie mondiale dominée par le système libérale dont la mondialisation est le modèle dominant. La première conséquence, c’est l’inflation aux USA parce que ce sont les consommateurs américains qui seront les plus touchés suite à l’augmentation mécanique des prix à la consommation. ensuite, il y a lieu de savoir que les américains recourent à la bourse en achetant des actions pour placés leur argent. les fonds de pension et autres produits financiers leur permettent de financer les études de leurs enfants, acheter un logement etc…Au niveau de l’Etat fédéral, cela va couter cher parce que tous les pays du monde qui détiennent les obligations américaines ( dettes ) vont chercher à s’en débarrasser avec des conséquences graves sur le dollards. Je signale au passage que le dollar est un instrument de puissance des Etats unis, ce qui lui permets de faire porter ses déficits sur les autres en jouant sur les taux d’intérêt. Le chômage sera forcement au rendez vous parce que les travailleurs seront les variables d’ajustement de cette crise. Au niveau mondial, chaque pays réagira selon son poids économique. La chine qui détient la plus grande part de la dette américaine répondra, elle a d’ailleurs renchéri à 34 % de droit de douane sur les produits exportés par les Etats Unis. Quant aux Européens, la commission européenne va répliquer en ciblant certains produits et surtout en procédant par la révision des certains normes. Les pays en voie ,développement seront les victimes passives de cette guerre qui les dépasse, car, L’Afrique avec à peine 4 à 5 % sur commerce mondial hors pétrole, les choses sont claires. En conclusion, l’avenir de l’économie mondiale est sombre si Trump ne revient pas sur cette folie.
Voila un FOU paranoiaque (et diabolique) qui prend plaisir dans la destruction de son propre pays sans parler du Monde exterieur. Bref, l’incarnation moderne du psychopathe Caligula de triste memoire! Comment les Americains ont-ils pu errer en bambardant ce villain et criminel au sommet de leur pays, jadis modele de democratie et gouvernance?