Ancien ministre de l’Environnement et du tourisme du gouvernement d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba (1992), ancien secrétaire aux Relations extérieures de l’UDPS et vice ministre des Finances du gouvernement Samy Badibanga (2018), neurologue, professeur d’université, Tharcisse Loseke Nembalemba était de passage à Bruxelles. INTERVIEW.
Comment allez-vous?
Je me porte bien.
Que faites-vous en Belgique?
Je suis venu faire un contrôle médical. Tous les paramètres sont bons.
Quelle est la situation générale au Congo-Kinshasa?
La situation générale est morose. Les habitants de Kinshasa sont confrontés aux embarras de circulation et à l’insalubrité. La situation sociale, elle, est précaire.
Quelles sont, d’après vous, les causes de ces situations?
Il y a cinq causes principales: le manque d’autorité; la police n’aide pas l’autorité. Autre chose: on prend des décisions contre-productives.
Un exemple?
L’instauration de route à sens unique alors que la plupart des artères ne sont pas en bon état.
Revenons aux causes…
Il y a en troisième lieu: les routes en piteux états; on n’a pas construit d’autres routes depuis que les Belges sont partis. Il y a en quatrième lieu, le non-respect du code de la route; tout le monde conduit comme il peut. Il y a, enfin, l’indiscipline généralisée qui se manifeste par la cohabitation entre les automobiles à volant à gauche – ce qui est la norme – et celles à volant à droite. Le désordre est total.
Que dit la loi?
Notre pays fait partie de ceux qui ont hérité le Code de route de Napoléon. Ici, tous les pays – à majorité francophone – autorisent les véhicules à volant à gauche. Cela assure une certaine sécurité dans la mesure où l’automobile équipée de volant à gauche roule à droite. Chez nous, des véhicules à volant à droite roulent à droite. On peut imaginer les problèmes de visibilité mettant en danger les usagers de la route. L’utilisation de véhicule à volant à droite a commencé sous la présidence de Joseph Kabila. Ces engins viennent des pays anglophones. On devrait les interdire automatiquement.
CONSOLIDER LA COHESION NATIONALE
La guerre continue à faire rage au Nord et au Sud-Kivu avec l’occupation de Minova par la coalition M23/RDF. Faut-il négocier avec le M23?
Je suis mal informé sur la guerre qui se passe dans la partie orientale de notre pays. C’est une guerre qui dure depuis trente ans.
Nous parlons bien de la guerre qui a commencé en novembre 2021…
Cette guerre est multifactorielle parce que notre frontière avec le Rwanda est poreuse. Avons-nous des services d’immigration à ces frontières? Je n’en sais rien. Avec la prise de Minova par le M23, la ville de Goma se trouve encerclée. Il faut doter notre armée d’une force de frappe nécessaire afin de renvoyer l’ennemi au Rwanda. Mais cela n’a pas l’air d’aboutir. Sur le plan diplomatique, il y a l’échec du processus de Luanda. Que faire? Je pense qu’il faut dialoguer. Il ne s’agit pas de négocier avec le M/23. Il faut un dialogue entre Congolais.
La guerre est faite à notre pays par un Etat tiers…
Il y a des complicités au plan interne…
Notre pays est agressé par une puissance étrangère. Tout dialogue implique des négociations. Négocier quoi?
Feu Etienne Tshisekedi me disait chaque jour que « la diplomatie et la défense d’un pays dépendent absolument de la gestion interne ». Autrement dit, la faiblesse relative de notre armée est liée au fait que la situation interne n’est pas bonne. Il faut consolider la cohésion nationale.
Que faire concrètement?
Nous devons nous parler. Face à la guerre, nous devons être unis. La situation interne influe notablement sur notre diplomatie.
Il faut dialoguer. L’ennemi, lui, continue d’avancer…
L’ennemi n’est plus à l’extérieur. L’ennemi est dans le pays. Il faut le bouter dehors…
En faisant quoi?
Nous devons obtenir soit des appuis militaires soit des appuis diplomatiques. J’ai la conviction qu’il sera mal aisé de bouter l’ennemi hors de notre territoire sans commencer par consolider la cohésion nationale.
La Charte de l’Union africaine proclame l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Que répondez-vous à ceux qui se disent stupéfaits par le mutisme de la communauté internationale en général et de l’Union Africaine en particulier?
C’est tout simplement de la duplicité! Il y a beaucoup de pays qui souhaitent que le Congo-Kinshasa reste un pays faible. Il nous appartient de prendre notre destin en mains et de faire de notre pays un Etat fort.
Le Rwanda continue à lorgner sur notre territoire…
J’ai toujours dit que cette guerre est essentiellement d’ordre économique. Depuis l’arrivée au pouvoir de FPR à Kigali, Kagame pille les richesses du Congo-Kinshasa pour reconstruire le Rwanda.
Le Rwanda de Kagame nourrit des visées expansionnistes sur les provinces du Kivu et de l’Ituri. Dans l’accord dit du 23 mars 2009 signé par « Joseph Kabila » et le CNDP de Laurent Nkunda, il était prévu de confier la gestion de cette partie du pays – déclarée préalablement sinistrée – sous le contrôle du M23. Qu’en dites-vous?
Le Rwanda croit que nous sommes faibles. C’est pourquoi il convoite une partie de notre territoire. Pour le Rwanda, il n’y a plus de frontières à l’Est. A l’époque du maréchal Mobutu, cette situation ne pouvait pas arriver.
Ça c’est le passé ! Vous êtes sans ignorer qu’après la prise du pouvoir par l’AFDL, le colonel James Kabarebe – alors chef d’état-major des… FARDC – avait fait interner 45.000 FAZ dans un camp de concentration à Kitona. « Kabila » n’a pas laissé une armée digne de ce nom…
Kabila n’a pas laissé une armée digne de ce nom. Le régime de Felix Tshisekedi n’arrive pas non plus à reconstituer l’armée. L’armée nationale était déjà infiltrée avant qu’il n’arrive au pouvoir. Je constate qu’il n’arrive pas à expurger les infiltrés.
Peut-on reconstituer une armée nationale en six ans?
Ma réponse est: oui! A l’époque du colonel Mamadou Ndala et du général Bahuma, le M23 n’osait pas aller loin. Les combattants furent même boutés dehors…
Il faudra ajouter: grâce au concours de la Brigade internationale mise sur pied par la Monusco…
Vous retombez sur ce que je vous ai dit. A savoir que la diplomatie est le reflet de la politique interne. En clair, il faut renforcer la cohésion nationale. On a tort de croire que lorsqu’on se réuni c’est pour se partager des postes. J’estime qu’il faut se mettre d’accord sur ce qu’il y a lieu de faire. L’heure est venue de rassembler. Il faut que les gens se sentent sécurisés et considérés.
LE POUVOIR D’ACHAT PEINE A S’AMELIORER
Quelle est votre opinion sur le gouvernement de la Première ministre Suminwa?
Il y a beaucoup de discours et très peu d’actes. Le pouvoir d’achat peine à s’améliorer. Nous vivons dans la précarité. La pauvreté ne fait que s’amplifier.
Que pensez-vous du débat sur la révision ou le changement de la Constitution?
C’est un faux débat! La révision de la constitution est une chose normale. Entre la révision et le changement, il y a, à mon avis, un problème de sémantique. Il y a effectivement des articles qui appellent des réformes. Comme les anciens premiers ministres l’ont relevé, on devrait revisiter la Constitution actuelle au regard des anciennes lois fondamentales du pays.
Que répondez-vous à ceux qui suspectent Felix Tshisekedi de vouloir « s’éterniser au pouvoir »?
C’est un scénario impossible. Je note que Felix Tshisekedi n’a jamais exprimé cette intention. Il reste que c’est une suspicion légitime de la part des opposants au régime.
Ancien secrétaire aux Relations extérieures de l’UDPS, avez-vous gardé le contact avec le président Felix Tshisekedi?
Non! Il sait que je suis là. Je lui envoie régulièrement des notes techniques. J’espère qu’il les lis.
Propos recueillis par Baudouin Amba Wetshi
Je note que :
65 après l’indépendance, un professeur de médecine congolais vient faire un contrôle médical en…Belgique. Il n’y a pas d’hôpitaux au Congo ?
»Kagame pille les richesses du Congo-Kinshasa pour reconstruire le Rwanda ». Et les pères de famille et autres hommes honnêtes congolais qui détournent des millions de dollars du trésor public reconstruisent où ? A Dubai, en Afrique du sud ?
MIYIBI !
FREE MIKE MUKBAYI !!
Qui vous a dit que le diplôme était un gage de d’intelligence et de sagesse ? En lisant l’interview que que le Prof. Loseke a accordé à BAW, on est sidéré par la banalité des arguments. Il commence par reconnaître qu’il est mal informé sur les événements qui se déroulent à l’est du Congo, pour un congolais de son niveau qui prétend envoyer des notes techniques au Président, on comprend pourquoi Tshisekedi ne prend même pas la peine de lui répondre !. Pour avoir fait parti des plusieurs équipes gouvernementales, il ne peut pas ignorer les velléités expentionnistes de Kagame et la violation flagrante de l’intégrité territoire de notre pays, et que le fallacieux argument sur le droit du Rwanda de se défendre ne tient pas la route. Le représentant de Kagame à l’ONU a été incapable de donner le nom d’une seule localité du Rwanda attaquée par les fameux FDLR soutenu par Kinshasa. Sans rire, il a insinué que Tshisekedi chercherait à renverser le pouvoir établi à Kigali, c’est vraiment risible. Loseke affirme qu’on peut former une grande armée à l’espace de cinq ans, il y a quoi de se demander s’il vit vraiment au Congo. L’armée congolaise a commencé sa descente aux enfers depuis que Mobutu s’est lancé dans une chasse aux prétendus putschistes. La purge a été impitoyable. L’arrivée de L.D.Kabila avec sa cohorte des Rwandais n’a fait qu’aggraver la situation de cette armée déjà gangrenée par la corruption, l’affairisme et l’indiscipline. Le mixage et le brassage n’ont été que l’aboutissement d’un scénario monté depuis Kigali par les parrains celui qui se fait appeler Kabila pour bien gouverner notre de l’extérieur. Et l’oukase de Loseke sur le prétendu dialogue qui lui a permis d’être plusieurs fois ministre n’est qu’un appel du pieds à Tshisekedi pour qu’il lui donne un maroquin ministériel. Quand on vous dit que le diplôme n’est pas une panacée, c’est un moyen, pas une fin. Avec une élite aussi intéressée, le Congo n’est pas sorti de l’auberge.