Le 26 septembre dernier le gouverneur du Tanganyika, Richard Ngoie Kitangala (photo), présentait un « plan de développement » sur quatre ans (2019-2024) de cette province. Coût: trois milliards USD. Les analystes s’interrogeaient sur l’origine du financement. Le chef-lieu de cette agglomération est alimenté tant bien que mal en électricité par un vieux barrage hydroélectrique dont l’unique machine vient de tomber en panne. Pendant ce temps, une entreprise chinoise construit sur place un stade omnisports estimé à 10 millions USD…
Depuis mercredi 14 novembre, Kalemie est plongée dans une obscurité totale suite à une panne survenue à la centrale hydroélectrique du barrage de Kiyimbi à Bendera, située à 125 km de la ville. Une situation qui est loin d’être unique en son genre dans ce « Congo démocratique » où l’eau courante et l’électricité sont devenues des denrées inaccessibles aux Congolais moyens.
Selon des agents de la Société nationale d’électricité (SNEL), la durée des travaux de réparation de cet engin serait de… « quelques semaines ». Deux semaines? Trois semaines? Quatre semaines? Mystère! Sous d’autres cieux, la population allait manifester sa désapprobation. Au Congo-Kinshasa, les citoyens, dans leur grande majorité, préfèrent se taire face à l’incurie de leurs dirigeants.
Lorsque le prix de la farine de maïs a pris l’ascenseur dernièrement à Lubumbashi, « Kabila » a dépêché en catastrophe plusieurs ministres avec à leur tête celui de l’Economie nationale pour s’enquérir de la situation. Verra-t-on le ministre de l’Energie et de l’hydraulique descendre dans le Tanganyika où il n’y a ni cuivre ni cobalt?
A en croire le directeur général de l’Agence congolaise des grands travaux (ACGT), c’est le « raïs » qui décide du lieu et de la nature des travaux d’infrastructures à accomplir. « Si le chef de l’Etat nous dit de réhabiliter tel ou tel autre tronçon de route, nous le faisons », déclarait, en 2016, le DG Médard Ilunga.
ÉCHEC LAMENTABLE
Cet interventionnisme du Président hors mandat n’obéit à aucun plan de développement, ni à un ordre de priorité. Encore moins aux besoins réels de la population. Pour preuve, pendant que le barrage de Kiyimbi fonctionne cahin-caha avec une seule turbine d’un autre âge, « Kabila », lui, considère qu’un stade omnisports de 15.000 places serait d’un intérêt vital pour les habitants de cette partie du pays. Coût: dix millions de dollars. Ce n’est pas tout.
Plusieurs autres projets tout aussi pharaoniques y sont en cours de réalisation. C’est le cas d’un hôpital ultramoderne et d’un bateau moderne de plus de 3.500 tonnes. Sans omettre l’élargissement de la piste d’atterrissage de l’aéroport de Kalemie. Celle-ci passe de 1.750 à 2.500 mètres. La modernisation de l’aérogare est comprise. Que ce qui motive ces dépenses somptuaires?
Pour la petite histoire, tous ces marchés ont été passés de gré à gré notamment avec des entreprises chinoises CREC 9 et SZTC. Et ce en violation de la loi en matière des marchés publics. La société EGMF du Groupe Forrest fait partie des « maîtres d’œuvre ».
Fin septembre dernier, le gouverneur Richard Ngoie Kitangala avait créé un pseudo-événement en publiant, un « Plan de développement » de cette région. Coût de réalisation: trois milliards de dollars, sur quatre ans (2019-2024). Le « Gouv » était apparu bien incapable d’indiquer la provenance d’une telle somme au moment où le budget de l’Etat peine à atteindre les cinq milliards de dollars.
Lors de son investiture le 20 décembre 2011, « Joseph Kabila » avait lancé son fameux projet dit de la « Révolution de modernité ». Il prétendait faire de l’ex-Zaïre une « puissance énergétique ». Sept année après, cette annonce s’est révélée un slogan creux. La pénurie de l’énergie électrique qui prévaut à Kalemie et dans tant d’autres villes du pays illustre l’échec lamentable d’un « Joseph Kabila » qui va totaliser dix-huit ans à la tête de l’Etat.
Les partisans du « raïs » ne cessent de claironner qu’ils vont gagner les élections à tous les échelons. Ces « messieurs et dames » considèrent que le pays se porte bien parce qu’ils vivent bien…
B.A.W.