Réviser certains articles de la Constitution

D’ici fin 2023, le Parlement va avoir un calendrier fort chargé. En ces temps compliqués, il y a ceux qui rêvent de faire modifier la Constitution avant les prochaines élections présidentielles et législatives. Enfer et damnation! Chacun y va de son laïus. Ils exigent pêle-mêle de créer un poste de vice-Président de la République, de restaurer le septennat, de réserver certaines fonctions à des Congolais de père et de mère, d’introduire un deuxième tour aux élections présidentielles, de supprimer les institutions budgétivores dont le Sénat, d’autoriser la double nationalité, d’exiger des diplômes universitaires aux candidats Présidents de la République, d’élire le Président de la République au suffrage indirect… Sapristi! Tout ça!

Il y a là même des matières qui ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle. Comme si cela ne suffisait pas, le parlement doit encore voter la nouvelle loi électorale! Stupeur et tremblements!

Si tous ces textes doivent être examinés dans le temps qui nous reste, parions qu’il sera difficile d’organiser dans les délais les élections présidentielles et législatives de 2023. Chaque parlementaire cherchera à être vu et entendu comme les débats sont publics et télédiffusés. Chacun voudrait rivaliser avec Démosthène, le grand orateur de la Grèce antique. Les joutes oratoires vont donc prendre du temps.

C’est chaque fois ainsi à l’approche des élections. On se précipite à réviser les lois. On veut tout changer dans la hâte. Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Saperlipopette! Décidément les chemins qui mènent à la démocratie sont aussi tortueux que les routes de Kinshasa la déglinguée. Bref, passons!

La Constitution est la mère des lois. Elle est la loi des lois. D’après mon ami qui sait tout, chaque pays dispose normalement d’une constitution. Mais comme des exceptions ne manquent jamais, il existe des pays qui n’en ont pas pour des raisons qui leur sont propres. C’est le cas d’Israël, de la Nouvelle-Zélande et de la Grande-Bretagne. Dans notre pays convoité par tous les pays voisins et la Chine, nous avons une Constitution, celle du 18 février 2006 qui fut modifiée le 20 janvier 2011. Il fallait la mettre au goût de l’ex Raïs Joseph Kabila en prévision des élections du 28 novembre 2011.

D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, la Constitution du 18 février 2006 fut concoctée par des Belges, des Français et des Sénégalais. On y trouve un peu de tout. Elle porte en elle les germes de plusieurs conflits. Heureusement qu’elle est rarement appliquée! C’est peut-être ça sa force. In cauda venenum. Enfer et damnation! Il faudra un jour l’expurger de toutes les incohérences ainsi que de tous les « articles poussiéreux et sablonneux ».

Evidemment, la constitution peut être « retouchée » autant que faire se peut. La loi des lois doit coller aux réalités locales. La mère des lois doit apporter la stabilité. Les champions toutes catégories en matière de révision de la constitution sont les Togolais. A la suite du décès, le 5 février 2005, du président Gnassingbé Eyadema, la constitution fut modifiée 3 fois en 24 heures afin de permettre à son fils Faure Gnassingbé d’accéder à la magistrature suprême. Enfer et damnation!

On dit chez nous que « la faute humaine est une colline. Chacun grimpe sur la sienne pour observer celle de l’autre ».


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