Annoncée à grands fracas, la visite, jeudi dernier à Bruxelles, de l’ancienne barbouze de Mobutu, n’a pas eu lieu. Ses partisans prétendent que sa sécurité n’aurait pas été garantie par la Belgique. Du coup, l’homme s’est adressé à son fan club par vidéo.
Quand il était du côté du manche, Honoré Ngbanda Nzambo ko Atumba passait pour un dur. Ancien patron des services de renseignements de 1985 à 1990, ministre de la Défense de 1990 à 1992 et ancien conseiller spécial à la Sécurité du défunt maréchal, il avait été affublé par la vox populi du surnom de « Terminator », suite à la répression féroce de la Marche des chrétiens par l’armée, le 16 février 1992. Depuis, l’homme, aujourd’hui dans sa 72e année, nie toute responsabilité, tient toujours un langage musclé, mais préfère demeurer tapi dans l’ombre.
Les journalistes et militants invités à assister à sa conférence de presse, jeudi dernier, en ont été pour leurs frais. A la dernière minute, la vice-présidente en charge de la communication de son parti, l’Alliance des patriotes pour la refondation du Congo (Apareco), Candide Okeke, a révélé que Ngbanda, ne serait pas au rendez-vous. Prétexte invoqué: la Belgique n’aurait pas donné suffisamment de garanties pour sa sécurité.
PARANO
Pourtant, en la matière, l’Apareco n’avait pas fait dans la demi-mesure. Un service de sécurité digne d’une milice avait passé au détecteur de métaux non seulement la quelque centaine de militants et les rares journalistes venus assister à la conférence, mais aussi quiconque souhaitait accéder à d’autres bureaux de l’immeuble, situé rue Froissart, en plein cœur du quartier européen de Bruxelles. Ngbanda aurait été menacé de mort et, récemment, des individus auraient tenté de s’introduire à son domicile, a expliqué Candide Okeke – qui n’a pas précisé pour autant où il se trouvait. Parano quand tu nous tiens…
Les participants ont donc eu droit à un discours d’une heure par vidéo de l’ex-Terminator, qui a accumulé les paradoxes. Membre naguère d’un gouvernement impliqué dans le massacre des chrétiens de 1992, Ngbanda a condamné « les répressions sauvages et disproportionnées » des manifestations organisées par les laïcs catholiques depuis le 31 décembre 2017. Calfeutré quelque part en France ou au Maroc, aux dernières nouvelles, à l’abri de ses gardes du corps, l’ancienne barbouze, sur son site, invite ses compatriotes à « s’engager résolument dans le processus d’un véritable soulèvement populaire », sous la houlette de son Conseil national de la Résistance congolaise (CNRC).
XÉNOPHOBE
L’homme qui naguère défendait becs et ongles son maître Mobutu contre les puissances occidentales, pourfend les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui auraient prétendument pris officiellement position pour une transition avec Joseph Kabila. Ce dernier est ciblé selon des critères xénophobes et ethniques: l’actuel chef de l’Etat, rebaptisé Hippolyte Kanambe, ne serait pas le fils de son père, Laurent Kabila, mais un Rwandais, tout comme le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo et Vital Kamerhe, le chef de l’Union pour la nation congolaise (opposition).
Sur son site, l’Apareco colporte aussi la rumeur selon laquelle l’arrivée au Bandundu, il y a quelques semaines, d’éleveurs venus de l’Est, serait la première étape d’une prochaine invasion militaire rwandaise, avec la bénédiction du président Kabila. Et Ngbanda de faire état du bilan fantaisiste de « 12 millions » de victimes des guerres à l’est du pays.
Par François Misser, in La Libre Afrique, 02.03.18
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