RDC-Rwanda : la crise se corse avec le bannissement de «Rwandair» de l’espace aérien congolais

Cette mesure – pour le moins tardive et frileuse – est tombée mardi 11 février. L’Agence congolaise de presse (ACP) l’a appris en parcourant… une « note interne » des autorités aéroportuaires.

« C’est une mesure salutaire pour la sécurité nationale de notre pays». L’homme qui émet cet avis est un agent de l’Aéronautique civile, joint à Kinshasa.

De quoi s’agit-il ?

 Selon une dépêche de l’ACP datée mardi 11 février 2025, les aéronefs immatriculés ou basés au Rwanda de Paul Kagame sont désormais interdits dans le ciel congolais. Ces avions sont privés du droit de survol et d’atterrissage. Le Rwanda et l’Ouganda étant des « cousins« , on peut gager que les avions de la compagnie « Uganda Airlines » seront très bientôt concernés.

Citant une « note interne » des « autorités aéroportuaires », l’ACP souligne que cette décision serait motivée par les tueries massives qui ont eu lieu à Goma lors de l’entrée des combattants de M23. Bilan : 3.000 morts.  

Pourquoi cette mesure tombe maintenant alors que le maître de Kigali n’a cessé de multiplier des actes de provocation ? On apprenait à la fin de l’année dernière que le Rwanda a brouillé le système de navigation GPS sur la partie orientale de la RDC. Un vol de la compagnie aérienne Ethiopian connut des pires difficultés pour atterrir à Goma.

Comme à l’accoutumé, les autorités congolaises se sont empressés de saisir l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale). Organisme à vocation technique, cette organisation s’est limitée à « prendre note » de la plainte congolaise. Complaisance ?

 En lisant entre les lignes, le caractère tardif de la décision congolaise saute aux yeux. La raison invoquée,  à savoir « le carnage à Goma » parait rachitique. Nombreux sont les observateurs qui reprochent aux dirigeants congolais une certaine indécision. Ce n’est pas tout!

Le caractère timoré de cette mesure étonne. Que lit-on ? C’est une « note interne » de l’autorité aéroportuaire. Quelle est cette autorité ? Est-ce la Régie des voies aériennes ? Est-ce la direction générale de l’Aviation civile ? Pourquoi dissimule-t-on l’autorité émettrice de cet ukase ?

Selon notre expert précité, « c’est la perturbation au niveau de la navigation aérienne qui nous a mis la puce à l’oreille ». D’après lui, un avion qui survole une région peut être équipé pour filmer la zone en question. « Voilà pourquoi nous qualifions cette mesure de salutaire pour notre pays et la sécurité nationale. Le Rwanda n’est qu’une marionnette de certains membres de l’OTAN. C’est le cas de la France, du Royaume Uni et de la Pologne».

A en croire cet analyste, l’interdiction des avions Rwandair dans le ciel congolais « pourrait faire très mal au portefeuille ». « Pour avoir le certificat de navigabilité, tout avion commercial doit fournir son plan de vol », explique-t-il. C’est ici qu’intervient l’assureur. « Un assureur qui apprend qu’un avion s’est permis de survoler un territoire interdit risque de voir l’annulation pure et simple de son contrat ».

D’après notre source, la Rwandair va assister à « l’allongement » de ses vols. « Commercialement, ça va faire mal. La compagnie aérienne devra dépenser plus d’argent en carburant », conclut-elle. A Kigali, le très officiel « The New Times », daté mercredi 12 février, indique que les dirigeants de Rwandair seraient à la recherche d’alternatives dans le souci de la sécurité des passagers.

On le voit, la crise née suite à l’agression rwandaise de novembre 2021 prend une tournure économico-militaire. Il faut espérer que les autorités congolaises – le chef de l’Etat et le gouvernement en tête – resteront fermes et résolus en rendant coup pour coup. « Nous devons déconstruire le mythe rwandais », disait récemment, à raison d’ailleurs, le président du CSAC, Christian Bosembe Lokando.

B.A.W.    

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