
La récente rencontre au sommet entre les chefs d’Etat de la RDC et de l’Angola semble changer la donne.
Ce mardi 11 mars 2025, le président Félix Tshisekedi s’est rendu à Luanda pour une rencontre avec son homologue angolais, João Lourenço. Au cœur des discussions : la situation sécuritaire à l’Est de la RDC et les moyens d’y mettre un terme. À l’issue de cet échange, l’Angola a annoncé qu’il allait faciliter des négociations directes entre Kinshasa et le M23 dans les prochains jours.
Une annonce qui interpelle. Depuis le début du conflit, Kinshasa a toujours refusé de reconnaître le M23 comme un interlocuteur légitime, le considérant comme un mouvement terroriste soutenu par le Rwanda. Aujourd’hui, l’Angola pousse pour une approche plus directe. Un tournant majeur ?
Dialogue direct : un risque ou une opportunité ?
Jusqu’ici, le gouvernement congolais privilégiait le processus de Nairobi, un cadre régional regroupant plusieurs groupes armés pour trouver une solution globale à l’instabilité de l’Est. En acceptant de négocier directement avec le M23, la RDC franchirait-elle une ligne rouge ?
Certains y voient une opportunité : discuter en face-à-face avec les chefs du M23 pourrait accélérer les choses et éviter de prolonger un conflit qui coûte cher en vies humaines et en souffrances. Mais d’autres s’inquiètent. Accepter un dialogue direct, n’est-ce pas donner au M23 une certaine légitimité politique ? Et surtout, peut-on vraiment croire que ces négociations mettront fin aux violences ?
Kinshasa reste prudent
La réaction du gouvernement congolais ne s’est pas fait attendre. Tina Salama, porte-parole du président Tshisekedi, a rapidement précisé la position de Kinshasa :
« Le Président de la République a été reçu par son homologue João Lourenço à Luanda. L’Angola annonce qu’il va entreprendre des initiatives dans le cadre de la médiation. Nous prenons acte et attendons de voir la mise en œuvre de cette démarche de la médiation angolaise. Nous rappelons par ailleurs qu’il existe un cadre préétabli qui est le processus de Nairobi, et nous réaffirmons notre attachement à la Résolution 2773. »
En d’autres termes, Kinshasa ne ferme pas la porte, mais reste attaché au processus de Nairobi, sans lequel ces négociations pourraient apparaître comme une concession dangereuse.
Quelle suite pour la paix ?
L’annonce angolaise soulève autant d’espoirs que de doutes. Si ces négociations se concrétisent, elles pourraient être une avancée majeure, à condition qu’elles s’inscrivent dans un cadre clair et équilibré. Mais si elles ne sont qu’un moyen pour le M23 de gagner du temps, elles risquent d’affaiblir encore plus la position de la RDC.
Ce qui est sûr, c’est que le peuple congolais, en particulier les habitants du Kivu, attend des résultats concrets. Les discussions diplomatiques sont une chose, mais sur le terrain, ce sont des vies qui sont en jeu. La paix ne peut être qu’un engagement sincère, et non un simple exercice de négociation.
La balle est désormais dans le camp des médiateurs et des parties prenantes. Les prochains jours seront décisifs pour savoir si cette initiative angolaise marque une réelle avancée vers la paix ou si elle n’est qu’un énième chapitre d’une crise qui n’en finit pas.
Obed Kakule Vitangi
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