Jeudi 24 mars 2022 –
Félix Tshisekedi et Gentiny Ngobila, au marché central de Kinshasa. Ph. Droits tiers.
L’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi avait suscité une lueur d’espoir au personnel congolais travaillant dans les commerces tenus par des ressortissants indiens, libanais, pakistanais et chinois qui depuis longtemps sont victimes des mauvaises conditions de travail. 3 ans après le départ du régime Kabila, rien n’a changé. La situation va de mal en pis.
Les travailleurs congolais dans les commerces des expatriés continuent de subir les mauvais traitements que leur inflige leurs patrons notamment sur la modicité des salaires, l’absence de droit aux congés, les violations des droits humains, la non-application du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), etc.
« Je travaille 6 jours par semaine pour toucher 100 $ à la fin du mois. On ne me donne pas une somme pour couvrir mes frais de transport. Donc, je travaille pour ne rien gagner. Je pense que les dirigeants de ce pays sont contre nous. Pourquoi devrons-nous souffrir jusqu’à ce point », relate Patrick Kashala, un travailleur d’un magasin géré par des Libanais sur l’avenue Bokasa, en plein marché central (Zando) à Kinshasa.
Il demande au chef de l’Etat de « s’impliquer personnellement pour que leurs conditions de travail changent ».
Ils sont nombreux, ces congolais maltraités dans les établissements sous gestion des expatriés. Tout se passe à la barbe des autorités congolaises. Malgré les différentes vagues de revendications organisées, à plusieurs reprises, à travers le pays, rien ne change.
En violation de la loi
Tout porte à croire que les expatriés viennent en RDC pour y vivre dans l’illégalité.
Outre le mauvais traitement infligé aux congolais, les expatriés se permettent d’exercer le petit commerce et commerce en détail. Les indiens, chinois, libanais, ouest-africains ainsi que toutes les populations de neuf pays voisins qui nous entourent, se permettent d’exercer le petit commerce en RDC. Ce, en violation de la législation congolaise qui régit cette activité, en l’occurrence de l’ordonnance-loi du 2 août 1979 et divers arrêtés d’application.
Nos sources renseignent que plusieurs expatriés ne disposent plus d’autorisation de séjourner en RDC. D’autres disposent des visas touristiques dont la durée est souvent dépassée. Un contrôle du gouvernement aiderait à démasquer plusieurs d’entre eux.
L’on note également un fait étrange : de nombreux commerces étrangers portent un seul nom. Ce qui revient à dire qu’ils s’affichent comme un établissement unique aux nombreuses succursales ou représentations en perspective de réduire la taxation.
Difficile, par ailleurs, de percer dans le domaine pour en savoir plus dans la mesure où toute communication avec des journalistes est suspectée comme censée créer des problèmes.
Du côté gouvernement, les efforts, pour venir en aide aux congolais en souffrance dans les commerces gérés par des expatriés, ne sont pas visibles.
Jordan MAYENIKINI