1. De quoi s’agit-il?
Des Congolais sont en train d’exprimer dans des réseaux sociaux leur espoir de voir la République Démocratique du Congo (RDC) décoller sur la voie du développement en 2021. Pour expliquer la source de leur espoir, certains citent explicitement le discours du 6 Décembre 2020 du président de la RDC à l’issue des consultations, les votes du 10 Décembre 2020 par la majorité des députés nationaux qui ont scellé le départ de la présidente du parlement national, le discours du 14 Décembre 2020 du président de la RDC sur l’état de la nation, la réalité de l’union sacrée pour la nation, et la désignation de l’informateur pour dégager une nouvelle majorité parlementaire.
Mais l’histoire de la RDC révèle, cependant, que des pareils espoirs ont été suscités sporadiquement par des Présidents de la RDC dans le passé, mais ces espoirs se dissipèrent rapidement par manque de concrétisation des projets de développement. L’histoire va-t-elle encore se répéter en 2021? Voilà le défi pour le président de la RDC, l’union sacrée pour la nation, la nouvelle majorité parlementaire en gestation, bref les dirigeants politiques de la RDC. Le peuple congolais attend voir des actes concrets de développement.
Il s’agit donc de ceci: l’ampleur, l’extension et la profondeur de délabrement des infrastructures, de l’insécurité, de la pauvreté, et de la misère en RDC exige d’actions et des grands travaux de reconstruction qui sont d’ampleur et de profondeur extraordinaires pour commencer à faire bouger les choses dans la bonne direction. La RDC regorge d’innombrables talents et compétences, et d’immenses ressources naturelles, pour aider le gouvernement congolais à concevoir et lancer ces grandes actions décisives immédiates et proportionnelles aux dégradations, pauvreté et misère horribles de la RDC. Ces actions et travaux de grande envergure sont, seront, doivent, et devront être accomplis par et avec la participation massive des populations congolaises pour les transformer, dans un premier temps, des chômeurs désespérés en travailleurs salariés capables de supporter leurs familles pour vivre avec une certaine dignité.
Monsieur le président de la République, l’union sacrée pour la nation, la nouvelle majorité parlementaire en gestation: vous et vos familles vivez avec dignité parce que vous avez des salaires qui vous permettent de vivre ainsi. Vous n’avez pas et n’aurez pas d’autres excuses pour échouer, pour répéter la médiocre histoire de gouvernance en RDC, gouvernance caractérisée par de petites visions et petites réalisations qui n’ont jamais amélioré les conditions de vie des populations, sauf vous-mêmes. Si vous n’optez pas de mettre en pratique la vision des grandes actions et des grands travaux, et ainsi choisissez d’échouer comme vos prédécesseurs insouciants, alors ça sera à cause de vous-mêmes, et vous serez maudits par le peuple congolais et par le jugement de l’Eternel.
Voilà pourquoi, pour renforcer votre détermination et le souci pour le pays que le peuple congolais semble voir en vous, cet article vous propose des projets prioritaires concrets de développement qui sont susceptibles de faire décoller la RDC, et relancer le pays sur une voie irréversible de développement.
2. Projets prioritaires de développement
2.1 Trois notes préliminaires importantes
Première note: Tout pays développé a pris du décollage grâce aux projets de développement initiés et appliqués par le gouvernement du pays en question. Et même en ce jour, les gouvernements dans des pays développés sont des promoteurs, voire même des créateurs et propriétaires des entreprises de grande taille qui continuent à stimuler le développement dans leurs pays. Ces entreprises gouvernementales des pays développés créent d’emplois et stimulent le secteur privé à créer beaucoup plus d’entreprises et d’unités de production. Donc, le gouvernement congolais qui, jusque-là, a lamentablement échoué dans sa mission de promouvoir et stimuler le développement du pays a maintenant l’opportunité d’initier et de lancer des projets prioritaires de développement, afin de donner l’exemple et motiver les populations des villages, villes et cités à créer elles aussi leurs propres unités de production pour leur autonomie financière.
Deuxième note: Les quelques projets prioritaires de développement qui seront ici énumérés doivent être exécutés comme des projets à mains d’œuvre intensives, afin d’embaucher des milliers, des centaines de milliers, voire des millions des Congolaises et Congolais qui sont sans emplois. Il ne s’agit donc pas d’engager une compagnie chinoise ou française ou belge ou japonaise ou américaine pour bitumer des segments routiers en RDC. Non. Car, pour ceux et celles qui savent quelque chose des travaux de bitumer les routes, on n’a pas besoin des centaines des milliers des travailleurs. L’espoir du peuple congolais repose sur la prémisse de voir des changements réels dans leurs conditions de vie en 2021. La meilleure façon de créer ces changements réels attendus, c’est d’exécuter des projets prioritaires de développement d’une manière à embaucher des millions de gens, pour leur permettre de gagner d’argent sous forme de salaire, afin de commencer à vivre avec une dignité humaine.
Troisième note: Il y a un projet qui est ici qualifié de projet priorité-des-priorités. C’est le projet sécuritaire et politique. Ce projet doit imprégner, renforcer et vivifier tous les autres projets prioritaires de développement. C’est pourquoi il est qualifié de projet priorité-des-priorités. Car, d’une part, les services de sécurité en termes de l’armée, de la police et de service d’intelligence doivent servir d’assurance pour garantir la mise en œuvre et protéger le déroulement de tous les autres projets prioritaires de développement. Par exemple: des unités spéciales policières et militaires doivent être déployées pour accompagner et protéger les travaux de construction et réhabilitation des routes et chemins de fer à travers le pays, afin de neutraliser toute éventualité de sabotage par des groupes armés. Et d’autre part, les dirigeants politiques doivent continuellement parcourir les villages, villes et cités du pays pour coordonner à tous les niveaux administratifs comment les projets prioritaires de développement sont en train d’être exécutés, et encourager les populations à faire leur part. En ce sens, rien n’est laissé au hasard, rien n’est fait par faveur ou trafic d’influence qui engendre corruptions, vols et détournements qui ont jusque-là ruiné le pays. Donc, le projet sécuritaire et politique est qualifié de priorité-des-priorités, parce que cela doit être catalyseur, support, accompagnement et renforcement de tous les autres projets prioritaires de développement.
Ces trois notes sont des prémisses nécessaires pour la réussite des projets prioritaires de développement qui sont ici suggérés au président de la RDC, à l’union sacrée pour la nation, à la nouvelle majorité parlementaire en gestation, bref, aux dirigeants politiques de la RDC.
2.2 Voici quelques projets prioritaires de développement pour la RDC
1) Réhabilitation des chemins de fer et des routes d’intérêt national
Il ne s’agit pas ici d’engager une compagnie étrangère pour se rendre en RDC avec ses ingénieurs et machines pour faire le travail, être payée, et s’en aller. Non. Il s’agit plutôt de payer des milliers, voire des millions des Congolaises et Congolais pour réfectionner leurs chemins de fer et routes en utilisant des outils et les quelques machines qui leur sont disponibles.
Certains détails sur comment réaliser cela furent déjà brièvement présentés dans l’article du même auteur, intitulé « Extrait du plan national de développement pour la RDC » (Congo Indépendant, 21 Septembre 2020). L’essentiel de cet article, en ce qui concerne les chemins de fer en RDC, était ceci: réhabiliter les chemins de fer qui existent déjà, par les travaux de standardisation des écartements des rails, et de dégagement et maintenance des alentours des lignes ferroviaires. Il était estimé que 336 (trois cent trente-six) personnes le long de 5.033 km de voies ferrées en RDC, pouvaient bien faire ce travail, avec un salaire mensuel régulier de $150 (cent cinquante dollars) pendant douze mois, et le montant salarial s’élèverait à $604.800 (six cent et quatre mille huit cent dollars). Ajouter à cela $200.000 (deux cent mille dollars) d’achat d’outillage de travail, et le montant total s’élèverait à $804.800 (huit cent et quatre mille huit cent dollars).
Pour le réseau routier de la RDC qui comprend au total, environ 153.209 km (cent cinquante-trois mille deux cent et neuf kilomètres) de routes, dont 58.509 km (cinquante-huit mille cinq cent et neuf kilomètres) de routes d’intérêt général, placés sous la gestion de l’Office des Routes, et dont environ 3.000 km (trois mille kilomètres) sont revêtus, et si on y ajoute des voies parallèles de retour, avec un salaire mensuel régulier de $150 (cent cinquante dollars) pendant douze mois, il était estimé un fond de $36.770.400 (trente-six millions sept cent soixante-dix mille quatre cent dollars) pour 20.428 (vingt mille quatre cent vingt-huit) salariés pour dégager et maintenir ce réseau routier (pendant une année). Ajouter à cela un montant de $500.000 (cinq cent mille dollars) pour achat d’outillage de travail, et le montant s’élèverait à $37.270.400 (trente-sept millions deux cent soixante-dix mille quatre cent dollars).
C’est important de savoir que la RDC a des experts et des talents capables de détailler et d’adapter un tel projet pour sa mise en pratique. Un tel projet créerait facilement des milliers des boulots régulièrement rémunérés et amènerait du soulagement et de joie dans nombreuses familles congolaises.
2) Réhabilitation des centrales hydroélectriques
La centrale hydroélectrique Inga I a été mise en service en 1972; et Inga II devint opérationnel en 1982. On peut donc supposer que pendant tout ce temps, il y a eu des techniciens Congolais formés pour l’opération et les maintenances de ces barrages. Tout ce que le gouvernement congolais a à faire maintenant, c’est d’abord régulariser le salaire de ces techniciens, ensuite faire d’eux une équipe nationale pour la réfection et la réhabilitation de toutes les autres centrales hydroélectriques du pays qui fonctionnent minimalement ou qui ont cessé de fonctionner à cause des pannes techniques et manque de maintenance. En cas de nécessité, le gouvernement congolais pourra engager quelques expatriés techniciens pour recycler les techniciens Congolais et former d’autres sur place. Ainsi, la RDC aura mis sur pied une ressource technicienne permanente pour réhabiliter tous les barrages hydroélectriques du pays. Il faudrait noter que la réhabilitation de Inga I et II pour produire de l’électricité à leur capacité maximale fournira du courant pour toute la RDC. Et quand on ajoute à Inga I et II l’électricité produite par les autres barrages réhabilités à travers le pays, la RDC aura suffisamment du courant à exporter à tous ses voisins qui en auront besoin.
En corollaire, le gouvernement congolais devra, par nécessité de développement, attirer, motiver et faire installer en RDC, particulièrement au Katanga, une ou des compagnies de fabrication des câbles électriques et d’autres accessoires électriques en utilisant des lingots de cuivre qui sont produits au Katanga. Ce qui permettra la distribution facile d’électricité sur toute l’étendue du pays, parce que les câbles et les accessoires électriques seront abondamment fabriqués sur place. Mais sans ces câbles, interrupteurs, prises de courant, fusibles, et d’autres accessoires électriques, il sera impossible de distribuer l’électricité produite en abondance en RDC aux populations du pays, et tout le pays continuera à demeurer dans l’obscurité comme c’est le cas maintenant.
Important: avec du courant partout et en permanence dans le pays, tout développement deviendra possible. Des petites menuiseries, des petites usines, des petits ateliers industriels, et des petites unités de productions pourront facilement être installées dans n’importe quel coin du pays, parce qu’il y aura accès à l’énergie, à l’électricité, partout dans le pays. C’est ce qui n’est pas faisable pour le moment. En 2021, le gouvernement congolais peut changer tout cela s’il y a volonté politique et détermination.
3) Compagnie nationale de construction
Ce projet se comprend mieux lorsqu’on se réfère aux cinquantaines des millions de dollars qui furent débloqués pour l’achat et l’importation des maisons préfabriquées dans le contexte du programme de cent jours, il y a de cela deux ans.
Avec environ un million de dollars, une grande compagnie de construction peut être créée. Pour vous qui êtes curieux et aimez vérifier des choses, vous êtes invités à naviguer l’internet pour chercher les outils et matériels de construction des bâtiments. Vous trouverez des choses comme: scie manuelle ou électrique pour découpage de tout type; matériel de soudage; brise-béton manuel, électrique, hydraulique ou pneumatique; matériel métallique pour fabriquer passerelle des piétons; matériels métalliques pour l’assemblage d’échafaudage et étaiements; tronçonneuses simples ou professionnelles sur table or isolées; instruments de mesure; outils de compactage; équipement de transport tels que brouettes ou camion; outils de fabrication des bétons et granula; simples machines fixes pour ateliers; simples outils maçons; simples vérins, pompes et accessoires hydrauliques; simples échelles et grues manuelles; etc. Et si votre curiosité vous pousse un peu plus loin pour chercher combien coûtent ces outils, vous trouverez que ces outils et matériels coûtent raisonnablement moins cher pour un gouvernement d’un pays scandale géologique du monde.
Imaginez-vous donc qu’avec environ un million de dollars, une grande compagnie de construction peut être créée. Donc, le gouvernement congolais peut créer dans chaque province une grande compagnie de construction, gérée au niveau de la province, avec mission prioritaire de réhabiliter les camps militaires, les bâtiments administratifs, les bâtiments d’hôpitaux et d’écoles de l’Etat, construire des habitations pour les policiers et autres agents de l’Etat à prix abordable, etc.
Vous pouvez donc imaginer combien des ingénieurs, des architectes, des techniciens et des travailleurs Congolais seront embauchés par chacune de ces compagnies nationales de construction dans chaque province! Ce sont des milliers, centaines de milliers, ou même des millions des Congolaises et Congolais qui passeront ainsi de chômage à l’emploi, grâce à ces compagnies de construction installées dans toutes les provinces. C’est facile à faire. Le gouvernement congolais peut faire cela en 2021.
4) Transformation des entreprises de l’Etat en entités autonomes
La RDC possède plusieurs entreprises nationales. Jusqu’à ce jour, ces entreprises sont gérées par des mandataires nommés par les dirigeants politiques (président, premier ministre ou dirigeant le plus fort du pays!) Et comme tous les Congolais le savent par expérience, les recettes de ces entreprises publiques sont partagées par ceux qui sont au pouvoir comme si c’était leur bien privé, pendant que maintenance et coffre de l’Etat sont négligés. C’est la mégestion, la corruption, la médiocrité, la politique d’instinct et du ventre qui ont dominé la gouvernance en RDC jusqu’à ce jour.
Le peuple congolais se nourrit d’espoir que la gestion des entreprises publiques va changer en 2021. Il est donc ici proposé qu’une meilleure et simple façon d’opérer ce changement, c’est de faire que ces entreprises deviennent des firmes/corporations autonomes gérées indépendamment de l’ingérence politique. Ces corporations publiques congolaises vont donc se structurer de façon à rendre des comptes au public congolais, avec recettes et dépenses publiées semi-annuellement et annuellement pour raison de transparence. Ainsi ces entreprises publiques deviendront efficientes, profitables, et les recettes seront utilisées pour supporter les budgets et programmes provinciaux et national de développement.
3. Conclusion
Les projets prioritaires de développement proposés et brièvement décrits ici sont susceptibles de faire décoller et propulser la RDC dans la sphère du développement de manière irréversible. L’espoir du peuple congolais, c’est de voir le pays décoller en 2021.
Pendant soixante ans, les présidents de la République, les Premiers ministres et ministres, les gouverneurs, les législateurs, les administrateurs, etc., qui se sont succédés aux postes de gestion de la RDC, ont abusé de l’espoir et de la confiance des populations congolaises. Pendant tout ce temps, les dirigeants politiques se sont enrichis par corruptions, vols et détournements, alors que les populations sont maintenues dans la pauvreté, la misère, et le sous-développement. Mais cette fois-ci, les dirigeants congolais ont une unique opportunité de transformer les choses profondément et radicalement. Et les quatre projets prioritaires de développement sont ici proposés pour faciliter cette transformation.
L’espoir du peuple congolais, qui devrait aussi être l’espoir de ses dirigeants politiques, c’est qu’en cette année 2021, les dirigeants politiques congolais puissent démontrer, au-delà des discours et positionnements politiques, un souci réel et vrai du développement du pays, en votant des lois budgétées pour exécuter ces projets prioritaires de développement et d’autres programmes qu’ils jugent prioritaires pour la relance économique du pays.
On ne pourra jamais répéter assez, que le développement de la RDC n’est pas et ne sera pas une affaire d’exportation des matières premières brutes, ou une affaire d’un président de la République, d’une administration ou d’un régime. Mais c’est une marche d’un peuple qui prend son destin en mains et y travaille chaque jour, chaque semaine, chaque mois, et chaque année, avec des dirigeants décidés et déterminés pour mettre en œuvre des projets prioritaires de développement à travers le pays.
—
Tongele N. Tongele, Ph.D.
Docteur en génie mécanique et professeur d’Université aux USA
tongele@cua.edu