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Des mesures urgentes sont attendues. Elles portent notamment sur la gestion financière sur base caisse, la réduction de certaines dépenses, le respect de la chaine des dépenses. L’avantage d’une bonne programmation des dépenses publiques réside dans la diminution des dépenses imprévues qui sont source de gaspillages des ressources.
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Dans sa Note sur les finances publiques N°002 du 24 juillet 2024, le ministère des Finances affirme que la situation des finances publiques nécessite un ajustement budgétaire et une bonne gouvernance. Selon les auteurs du rapport, des mesures urgentes doivent être prises à la suite de la stagnation des recettes budgétaires. Elles portent notamment sur la gestion financière sur base caisse, la réduction de certaines dépenses, le respect de la chaine des dépenses et l’exécution progressive des virements de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat, à partir du 10ème jour du mois afin d’éviter l’injection massive des liquidités.
Dans la loi de finances de l’exercice 2024, les recettes totales sont projetées à 40.986 milliards de francs contre des dépenses de même hauteur. Mais au 22 juillet, les recettes publiques cumulées se sont établies à 14.233 milliards de francs contre un niveau prévu de 13.342 milliards de francs dans le plan de trésorerie. Les dépenses cumulées, à la même date, s’élèvent à 13.708 milliards de francs contre une prévision de 13.747 milliards. Les recettes récoltées ne représentent donc que 34% des montants prévus au budget de l’Etat de l’exercice 2024. Si toutes les dépenses prévues étaient exécutées, cela se traduira par un déficit budgétaire important.
Des mesures d’austérité doivent être prises. Il faut couper dans certaines dépenses non essentielles et renforcer la rigueur dans la gestion. Cela fera grincer les dents de quelques uns et surtout de ceux qui vivent des détournements des crédits budgétaires. Sans cela, il y aura dépréciation accélérée du taux de change du franc et l’inflation. Les mois à venir seront d’autant difficiles que les cours du cobalt sont bas et que certaines sociétés minières ont déjà procédé à des paiements anticipatifs des impôts. Il y aura donc chute des recettes minières au second semestre alors que l’économie du pays dépend du secteur extractif pour sa survie.
Pour compliquer le tout, Il existe beaucoup d’ordres de paiement en suspens et il faut continuer à financer la guerre à l’Est du pays. A signaler qu’au cours d’une réunion du 17 juillet 2023 présidée par le Chef de l’Etat, des mesures avaient été prises pour assainir la situation des finances publiques et l’environnement économique. Il y avait outre les membres du gouvernement, le président du Conseil économique et social, l’Inspecteur général des Finances, les présidents de la Fédération des entreprises du Congo et de l’Association congolaise des banques. Depuis cette réunion, des résultats palpables se font encore attendre.
Malheureusement, plus ça change plus c’est la même chose. La Cour des comptes a maintes fois dénoncé le fait que l’exécution budgétaire n’est pas toujours conforme aux inscriptions budgétaires et aux procédures de passation des marchés. Les dépenses imprévues continuent à s’opérer, hypothéquant toute croissance de l’économie et le partage équitable des bénéfices sociaux. Ces dépenses imprévues sont consacrées à la consommation de quelques privilégiés et à des investissements souvent sans rentabilité économique.
L’absence de toute programmation des dépenses publiques, à savoir l’application intégrale des instructions et directives relatives à l’exécution du budget de l’Etat, doit être punie. L’avantage d’une bonne programmation des dépenses publiques réside dans la diminution des dépenses imprévues qui sont source de gaspillages des ressources. Une bonne programmation doit renforcer le rôle de l’Etat au détriment de quelques individus. Elle va permettre à l’Etat de mener sa politique de développement socioéconomique et d’amélioration des conditions de vie des populations. Mais une telle gouvernance n’existe que là où il y a une réelle volonté politique de changement.
Gaston Mutamba Lukusa