RD Congo: La restructuration de l’économie se fait attendre

Le pays a besoin des investissements lourds pour renverser la tendance. Le climat des affaires reste délétère. Des décisions d’investissement sont souvent reportées. La fiscalité et la parafiscalité sont paralysantes. On assiste à une désindustrialisation. Le taux de chômage demeure élevé.

Gaston Mutamba Lukusa

Les tensions sur le taux de change et sur les prix qui ont été enregistrées en 2023 et au début de cette année se sont quelque peu atténuées. Le cadre macroéconomique est devenu relativement stable mais les goulots d’étranglement persistent. D’où l’importance de procéder à des réformes et à une discipline budgétaire. Sinon les mêmes maux vont resurgir.

La conjoncture économique n’est pas si mauvaise

Selon les Notes de conjoncture de la Banque centrale du Congo du mois d’octobre, le taux de croissance du PIB pourra être de 5,3% en 2024 contre 8,6% en 2023. Le taux de change de la monnaie nationale connaît peu de fluctuations. Au 4 octobre 2024, le taux de change s’est situé à 2.851,68 francs congolais à l’indicatif, soit une dépréciation de 0,18% en rythme hebdomadaire. Au marché parallèle, la monnaie nationale s’est légèrement dépréciée de 0,09%, situant le taux à 2.866,91 francs congolais le dollar américain. En cumul annuel, la monnaie nationale s’est dépréciée de 6,03 % et de 6,29%, respectivement à l’indicatif et au parallèle. Les pressions inflationnistes se sont quelque peu atténuées. Au cours de la première semaine d’octobre, le taux d’inflation s’est établi à 0,11% contre 0,10% la semaine précédente, portant le taux cumulé à 9,99% contre 18,23% au cours la même période de 2023.

Concernant la gestion des finances publiques, l’exécution du plan de trésorerie à fin septembre 2024 s’est soldée par un excédent de 80,8 milliards de francs congolais contre un objectif de 169,8 milliards. Au mois de septembre 2024, les dépenses publiques ont été exécutées en deçà de leurs prévisions. En effet, sur un montant prévisionnel de 2.675,4 milliards de francs congolais, les dépenses publiques exécutées ont été de 2.502,6 milliards. S’agissant des dépenses en capital, elles ont été exécutées à hauteur seulement de 202,4 milliards de francs congolais contre une prévision mensuelle de 488,1 milliards. A fin août 2024, les dépôts de la clientèle dans les banques se sont situés à 13,63 milliards de dollars, soit une progression mensuelle de 2,5%. A noter que les dépôts bancaires en devises, représentent 91,2% du total. Les réserves internationales ont progressé. Elles ont atteint 6,3 milliards, représentant 14 semaines d’importation. Le prix du baril de pétrole s’est situé à 77,50 dollars au 3 octobre 2024, enregistrant une hausse de 8,44% d’une semaine à l’autre. Cette évolution est alimentée par l’intensification des tensions géopolitiques au Proche et Moyen-Orient, une région qui produit près du tiers du pétrole mondial.

L’or, le cuivre et le cobalt qui sont les principaux produits miniers d’exportation connaissent une évolution contrastée. Le prix du cuivre s’est établi à 9.919,00 dollars la tonne, soit une baisse hebdomadaire de 1,16%. Par rapport à fin décembre 2023, il se dégage une hausse de 16,27%. La tonne du cobalt s’est négociée quant à elle à 23.867,00 dollars, soit une augmentation de 0,16%, d’une semaine à l’autre et une baisse de 27,12% par rapport à fin décembre 2023. Le cours de l’or a atteint 2.652,52 l’once, soit une baisse hebdomadaire de 0,53%. Par rapport à fin décembre 2023, le prix de l’once d’or indique cependant un accroissement de 28,12%.

Le besoin des réformes

La maitrise du cadre macroéconomique est l’arbre qui cache la forêt. Le pays demeure exposé aux chocs externes comme en 2008, car il dépend des exportations du cuivre et du cobalt qui sont orientées vers la Chine. Les réserves de change ont augmenté représentant 14 semaines d’importation. Mais un niveau acceptable est d’au moins 24 semaines d’importation de biens et services, soit 10 milliards de dollars. La bonne tenue des finances publiques s’explique aussi malheureusement par la non-exécution de certaines dépenses, telles que celles d’investissement et de fonctionnement. Par ailleurs, les fonctionnaires sont sous-payés ou pas du tout. Généralement les dépenses ne correspondent pas aux inscriptions budgétaires Malgré la stabilité du taux de change, la dollarisation de l’économie est très forte. Il en est de même de la défiance envers le franc congolais. Ainsi les dépôts bancaires en devises, représentent 91,2% du total.

L’accès à l’eau potable, à l’électricité et à Internet est fort limité. Les infrastructures de base à savoir les routes, les chemins de fer, les ports, les aéroports sont en plein délabrement et handicapent le développement économique. Il faut des investissements lourds pour renverser la tendance. Dans le même temps, le climat des affaires est très mauvais. Ce qui n’incite guère les opérateurs économiques à procéder à des investissements. Des décisions d’investissement sont souvent reportées. La fiscalité et la parafiscalité sont paralysantes. On assiste même à une désindustrialisation. Le taux de chômage demeure élevé comme ce sont les entreprises privées qui créent des emplois.

Gaston Mutamba Lukusa

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Readers Comments (4)

  1. Cher GLM,
    La reponse a ce retard, comme a tous les marasmes sous la voyoucratie Tshilejelu, c’est toujours la Constitution! Il faut la changer afin de donner au roublard jouisseur 50 ans au sommet car les 10 ans de ses 2 mandats (illegitimes) ne suffisent pas.

  2. Cher GML,
    Grâce à vous, on a tous compris que le pays a besoin de réformes économiques, institutionnelles, sociales et infrastructurelles pour sortir de sa dépendance aux ressources naturelles et construire une économie plus diversifiée et résiliante. L’accent doit être mis sur le renforcement des institutions, la transparence, l’accès aux services de base et l’amélioration du climat des affaires pour stimuler les investissements et créer des emplois. Malheureusement, je crains que cela ne soit pas possible à cause de ces guignols bruxellois qui dirigent le pays NA NKO, à la kinoise, convaincus que le peuple congolais est un peuple amorphe, sodomisé par des prophètes escrocs, incapable de révolte et tourné vers l’alcool et la musique.
    MIYIBI !
    PEDERASTES INSTITUTIONNELS, FREE MIKE MUKEBAYI ET PATRICK LOKALA !!
    LES NAUFRAGES DE MINOVA N’ONT PAS BESOIN D’ARGENT ? ILS NE VALENT PAS ALEXANDRA ?
    TOLEMBI PASI NA TRIBALISME !!!
    BIIVI !!!!!

  3. Pourquoi la RDC tarde-t-elle a decoller? Les Prix Nobel en Economie « a la une » aujourd’hui y apportent une reponse: Absence de (vraie) democratie et manque de confiance dans les institutions etatiques (et en ses animateurs). En RDC, toutes les institutions restent sous les bottes de la Mafia UDPS-USN et son chef jouisseur, ce avec comme corollaires la mal-gouvernance, corruption, detournements et impunite. Citons-en un example parmi plusieurs: Selon des sources credibles dont le quotidien en ligne Scoop-RDC, vers la fin de son mandat a la Primature, Sama Lukonde, Nico Kazadi et un des frangins de Felix s’arrangerent pour se partager des $$Millions du Tresor qui restaient sans allocation finale, inclu $8 Million pour une etude (-bidon) pour la nouvelle ville Kin-Kitoko. Et comme recompense pour son incompetence et detournements, Sama Lukonde est au perchoir du Senat, tout comme l’autre voleur Kamerhe au perchoir de l’AN. Nico Kazadi lui se la coule douce avec son mentor Felix (et les frangins de Felix). Alors, a part de speculateurs, pilleurs et aventuriers, quels investisseurs (serieux) riqueraient de capitaux dans un tel pays pour son decollage economique?

  4. C’est avec beaucoup d’intérêt et d’attention que j’ai parcouru les éléments repris par notre frère sur la situation économique de notre pays. Dans la première partie, il a reconnu la stabilité du cadre macro-économique avec une inflation contenue, une croissance qui est au rendez-vous le franc congolais qui a retrouvé un peu de vigueur sans oublier les rentrées des recettes, d’où un petit excédent par rapport à la situation antérieur à la même période de l’annee dernière. Dans la deuxième partie, notre frère insiste sur les réformes à entreprendre dans les secteurs de la fiscalité et des infrastructures. Concernant la fiscalité, il est vrai qu’il y a beaucoup à faire car, il est inconcevable que dans un pays de plus de 100 millions d’habitants, qu’il n’ait que 200000 foyers fiscaux, donc il faut élargir l’assiette fiscale, réformer la TVA (impôt sur la consommation), instaurer une tranche d’imposition marginale sur certains revenus. Tout compte fait, la diversification de notre économie prendre du temps, il est vrai que cela dépendra du climat des affaires. Je ne sais pas si le pays se desindustrialise, mais j’estime qu’avec la zone industrielle de Maluku, l’installation de certaines entreprises de fabrication des câbles électriques au Katanga, il y a un espoir. Les infrastructures routières constituent un facteur déterminant, nous attendons que l’argent récupéré dans les contrats chinois serve à construire les routes de desserte agricoles et surtout l’interconnexion des provinces. L’eau et l’électricité sont des besoins primaires indispensables pour le bien être de la population, ces investissements demandent beaucoup de moyens financiers et humains. Pour terminer, il faut signaler l’un des plus grands goulots d’étranglement qu’est la guerre à l’est du pays qui consomme le tiers des ressources disponibles. C’est un débat utile pour le pays.

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