Selon la Banque centrale du Congo, la production qui était de 18,891 millions de carats en 2019 est descendu à 8,306 millions de carats en 2023. En cause, les difficultés de la MIBA (Minière de Bakwanga) et de SACIM. La même tendance baissière se remarque au niveau des exportations officielles de diamant artisanal par suite d’une fraude douanière massive. Il est question aujourd’hui d’un plan global de relance qui nécessite près de 400 millions de dollars.
La production et les exportations officielles de diamant de la RD Congo ont considérablement baissé au cours de ces dernières années alors que pendant plusieurs années, le pays fut le premier producteur mondial de diamant industriel. D’après les statistiques de la Banque centrale du Congo, la production de diamant qui était de 18,891 millions de carats en 2019 est descendu à 8,306 millions de carats en 2023, soit une baisse de 29,48% par suite des difficultés de la MIBA (Minière de Bakwanga) et de SACIM (Société Anhui-Congo d’investissement minier). La même tendance baissière se remarque au niveau des exportations officielles de diamant artisanal par suite d’une fraude douanière massive.
La production de diamant est assurée par la MIBA, la SACIM et KA-BE qui est un producteur marginal. Autrefois fierté nationale, la MIBA qui appartient à 80% à l’Etat congolais n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle est régulièrement à l’arrêt. Elle faisait vivre près de 40.000 personnes, employés et familles sans compter les fournisseurs et les sous-traitants. Ses concessions s’étendaient sur 78.000 km². Une partie de cette concession (719 km²) fut cédée d’autorité en l’an 2000 à Congola société SENGAMINES. Celle-ci va arrêter ses activités en mars 2005 à cause du manque d’expérience de ses dirigeants et de leur incompétence, des problèmes d’énergie et de l’enclavement de la région. Aujourd’hui, les concessions de la MIBA sont grignotées par des lotissements et constructions anarchiques. Par ailleurs, les installations sont régulièrement envahies par des exploitants clandestins. L’outil de production est vétuste. L’enclavement de la région fait qu’il faut faire venir les intrants par un chemin de fer délabré ou par avion, ce qui alourdit les charges. Il apparait donc que pour relever la société, il faut beaucoup d’argent que le gouvernement n’a pas.
Depuis 2006, des plans de relance ont été mis en place. Ils ne sont pas parvenus à remettre à flot la société. Il est question aujourd’hui d’un plan global de relance qui nécessite près de 400 millions de dollars. L’Etat doit cesser de subventionner la MIBA. Outre le fait que c’est très coûteux, c’est aussi de l’argent perdu. Il n’est pas normal qu’une mine de diamant avec de grands gisements tombe en faillite. Cela démontre l’existence de grands déséquilibres financiers et une très mauvaise gestion. La solution passe par la cession d’une partie du capital à des actionnaires privés par appel d’offres. L’IGF (Inspection générale des Finances) déplore, dans son rapport de février 2020, des arriérés importants de paiement des salaires et des indemnités de retraite, le vol des gemmes et l’immixtion du Président du conseil d’administration (PCA) dans la gestion courante. Ce qui cause des conflits entre le PCA Jean-Charles Okoto, dont la réputation est sulfureuse et le directeur général André Kabanda Kana. L’Etat aurait dû imposer un cahier de charges à ces dirigeants dont le profil ne cadre pas avec une gestion d’une entreprise en pleines difficultés.
La SACIM a remplacé SENGAMINES à la suite d’un contrat signé entre l’Etat congolais et une société chinoise dénommée Anhui Foreign Economic Construction Group (AFECC) qui détient 50% du capital. Le business plan de SACIM prévoyait une production de 600.000 carats en 2013 et de 6 millions à partir de 2016. La société a atteint ces objectifs. Mais elle est souvent critiquée pour l’opacité de ses activités. La SACIM avait suspendu sa production durant une partie de l’année 2023 à cause des démêlés avec le fisc, du manque des carburants et de la grève des travailleurs. Ce qui a conduit à une suspension momentanée de l’exploitation minière.
Gaston Mutamba Lukusa