Gaston Mutamba Lukusa
Après la levée de moratoire sur la peine de mort, le gouvernement a annoncé la reprise des exécutions capitales depuis le 13 mars. La raison maintes fois invoquée est qu’il y a trop de félons durant la guerre actuelle dans l’Est du pays. Pour décourager ces traîtres à la solde du Rwanda, il faut les occire. Ceci expliquant cela, la ministre de la Justice et garde des sceaux, Rose Mutombo Kiese, a signé une circulaire afin que nul n’en ignore. Elle déclara urbi et orbi que le rétablissement des exécutions vise à débarrasser l’armée de notre pays des traîtres et d’endiguer la recrudescence d’actes de terrorisme et de banditisme urbain entrainant mort d’homme. Enfer et damnation! Qui disait que les femmes sont tendres et protègent la vie? Bref, passons!
Ce fut le branle-bas de combat. Certains ont applaudi des deux mains. D’autres ont pourfendu des deux mains. Parmi les critiques il y a des pays qui fomentent des coups d’Etat et des guerres qui causent des millions de morts. Quelle hypocrisie! Le cardinal Fridolin Ambongo Besungu qui n’a pas la langue dans sa poche y alla de sa répartie. Il tint à peu près ce langage: « Je ne trouve pas qu’un gouvernement responsable puisse lever une telle option pour punir les gens qu’on appellerait les traitres. Premièrement, la notion de traitres, nous devons d’abord nous mettre d’accord sur ce que cela signifie. Quand je prends la réalité ici au Congo, les grands traîtres à la patrie ce sont ceux qui sont au pouvoir… Je ne souhaiterais pas qu’on profite d’une notion floue de traitre pour des règlements des comptes sur le plan politique… » Stupeur et tremblements!
Après un recensement scientifique de toutes les personnes qui méritent la mort dans notre pays convoité par tous les pays voisins et la Chine, force est de constater qu’ils sont très nombreux. Il serait indiqué de récupérer toutes les guillotines qui chôment en France. On pourrait aussi commander des chaises électriques qui ne sont plus utilisées chez les Yankees. Mais attention, il faudra prendre en considération la SNEL (Société nationale d’électricité) et ses multiples blackouts. Ce n’est pas pour rien qu’elle est surnommée Société nationale des ennemis de la lumière.
Ceci n’expliquant pas cela, Dr Joseph-Ignace Guillotin mit au point, en 1792, la guillotine afin de supprimer les souffrances inutiles infligées aux condamnés en sectionnant rapidement leur nuque. Un vrai humaniste! D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, beaucoup de citoyens sont favorables à la reprise de la peine de mort. C’est un moyen d’empêcher définitivement les criminels de nuire à nouveau, une dissuasion puissante contre les crimes graves. Saperlipopette! Cela permettra de se débarrasser de certains wewa (motocyclistes) et de tous les kuluna (gangs).
Mon ami qui est devenu fou est aussi favorable à la peine de mort. Il rappelle que pour punir les hommes, Dieu fit pleuvoir pendant quarante jours et quarante nuits. Tous ceux que Noé n’avait pas amenés dans son arche périrent noyés. Même des poissons furent noyés! Enfer et damnation! Mon ami qui sait tout, affirme que 142 pays ont aboli la peine de mort. Mais 53 la pratiquent encore. La peine de mort viole le droit fondamental à la vie. Elle est inhumaine et dégradante. Il y a aussi des risques d’erreur judiciaire. On a vu aux USA des gens restés longtemps dans le couloir de la mort et qui ont été plus tard innocentés grâce à des tests ADN qui n’existaient pas au moment de leur condamnation. Suivant Amnesty international, la peine de mort viole un droit des plus fondamentaux, le droit à la vie.
On dit chez nous que la mort est l’ainée, la vie sa cadette; nous, humains, avons tort d’opposer la mort à la vie.
GML
