
Le commandant de la garde rapprochée de la Première ministre Suminwa est accusé d’avoir fait tabasser à mort le brigadier de 1ère classe Fiston Kabeya Nsenda dont le corps sans vie se trouverait à la morgue du Camp Kokolo. Contre toute attente, l’ancien président « Joseph Kabila » en tête, les journalistes proches de l’ex-raïs en ont fait leurs choux gras.
Nommée à la tête du gouvernement congolais le 1er avril 2004, Judith Suminwa Tuluka devrait « commémorer » le premier anniversaire de son accession à ce poste prestigieux ce mardi… 1er avril 2025. La nomination – tard dans la soirée – d’une femme à cette fonction parut aux yeux de certains rieurs comme un « poison d’avril ». Erreur.
Une année après, les contradicteurs de « Mama Judith » racontent à qui voudrait bien les entendre qu’une année après, « la Première ministre n’a pas été capable de former son cabinet ». C’est un autre sujet.
Depuis quarante-huit heures, la cheffe du gouvernement congolais est « accusée » d’avoir fait tabassé à mort un agent de la police de circulation (PCR). L’infortuné policier – qui ne peut plus administrer sa part de vérité – aurait tenu des propos irrévérencieux à l’endroit de la « Première ».
Selon son collègue de service – dont le témoignage à visage découvert est devenu viral sur X – les faits se seraient passés le vendredi 28 mars. Il raconte: « [Le cortège] de la Première ministre roulait en sens interdit. Nous avons néanmoins pris les dispositions pour faciliter le passage ». Dix minutes plus tard, poursuit-il, le major qui dirige la garde de la « Première » est revenu. « Il a embarqué le policier Kabeya Nsenda tout en le rouant de coups jusqu’à l’auditorat militaire ».
Selon une source proche du dossier, le cortège de la Première ministre avait effectivement emprunté le chemin dans le sens interdit. Une manière de sous-entendre qu’il y avait au départ une infraction au Code de la route. Dura l’ex, Sed l’ex? Notre source de préciser: « Madame Suminwa était attendue d’urgence à une importante réunion ». « Le policier Kabeya aurait prononcé des paroles jugées irrévérencieuses par la garde rapprochée ». Qu’aurait-il dit exactement? Mystère!
L’infortuné aurait été emmené à l’auditorat militaire. Dans quel état? Nul ne le sait. Depuis dimanche 30 mars, le corps de ce fonctionnaire se trouverait à la Morgue du Camp militaire Kokolo. Son décès remonterait au dimanche 30 mars.
Contre toute attente, l’ancien président « Joseph Kabila », vous avez bien lu, clame son « indignation » sur son compte X @josephkabila01: « Il a croisé le cortège de la Première ministre. Il a fait ce que tout agent de roulage doit faire: réguler la circulation. Mais on ne régule pas l’arrogance d’un pouvoir. Il a été arrêté. (…). Aujourd’hui, il est mort. Un homme tué pour avoir fait respecter l’ordre. Ce n’est plus un accident. C’est un système ».
Des « kabilistes » de relayer les propos précités. « La garde de la Première ministre @suminwajudith tabasse à mort policier de la circulation routière ». Le tweet est signé Steve Wembi @wembi_steve. Lwariba Musimwa Maître @lwaribaM d’enchaîner: « La RDC est-elle devenue Far West? »
Dans une communication faite le dimanche 30 mars, le commissaire supérieur Mavungu ma Ngoma, en charge du service d’information de la Police, de souligner que « l’enquête est en cours ». « Les circonstances du décès de Fiston Kabeya Nsenda ne sont pas encore élucidées ». L’officier de police d’inviter l’opinion nationale « à ne pas céder à la manipulation et à la désinformation ».
Devoir de mémoire oblige, il n’est pas sans intérêt de rappeler un cas quasi-similaire survenu un certain 20 octobre 2010 au rond-point Socimat. C’était à l’époque du « kabilisme triomphant ». Les gardes du corps de Zoé « Kabila » se sont jetés à pieds joints sur un des policiers de faction. Celui-ci était accusé d’avoir fait express en faisant attendre « Monsieur Frère ». Pour calmer les esprits, le général Charles Bisengimana annonça que les gardes dont question ont été mis aux arrêts. L’affaire ne connut aucune suite judiciaire.
Qui a intérêt à saborder la commémoration de l’an 1 de « Suminwa Première » au moment où le conseiller spécial Eberande Kolongele est chargé, par le chef de l’Etat, de déblayer le chemin devant conduire à un « gouvernement d’union nationale »?
Au moment où ces lignes sont bouclées, le service de Communication de la primature se tait dans les quatre langues nationales; y compris le français.
B.A.W.
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