« Quelqu’un » a-t-il mis en route une « stratégie » consistant à « encourager » insidieusement le président Felix Tshisekedi à multiplier des maladresses politiques afin de s’auto-discréditer aux yeux de la grande majorité des Congolais?
Après son investiture chahutée à la tête de l’Etat le 24 janvier 2019, le nouveau chef de l’Etat congolais a fait, au début de son « règne », un bout de chemin plutôt sans faute marqué par la libération de certains prisonniers politiques et d’opinion ainsi que le retour des exilés. Sans oublier l’apaisement des relations entre le Congo-Kinshasa et le monde occidental.
L’auteur de ces lignes n’a pas manqué, à l’époque, de relever que « Fatshi » semblait conduire le pays dans la bonne direction. Un avis partagé jadis par de nombreux analystes.
Au fil du temps, une certaine désillusion a commencé à poindre. Les marchés de gré à gré passés par le cabinet présidentiel en méconnaissance de la législation en vigueur, les multiples voyages à l’étranger, la proximité précipitée entre Felix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame, la visite de 48 heures effectuée à Kigali par Madame Denise Tshisekedi Nyakeru. Sans oublier, les informations fragmentaires selon lesquelles des éléments des forces spéciales de la RDF (armée rwandaise) opéreraient dans les provinces du Kivu. But: traquer les opposants de Kagame. Ce sont autant d’éléments qui suscitent des interrogations au sein de l’opinion.
La communication ne se limite pas seulement à parler. Tout est communication: un costume, un regard, un comportement, un contexte, un silence. « Felix et ses proches font des choses que Joseph Kabila et Marie-Olive Lembe n’auraient jamais osé faire », entend-on dire.
D’aucuns commencent à croire que le pouvoir non seulement rend fou mais surtout sourd et aveugle. En posant les actes précités, « Felix » pouvait-il ne pas s’attendre à une réaction de ses compatriotes? La goutte qui fit déborder le vase n’a pas tardé.
Depuis jeudi 19 décembre, les Zaïro-Congolais sont vent debout. Ils clament haut et fort le dégoût profond qu’ils éprouvent face à l’initiative gouvernementale d’organiser la commémoration du premier anniversaire de la passation de pouvoir dite « pacifique » entre « Joseph Kabila » et son successeur.
Dieu seul sait combien des filles et de fils de ce pays ont perdu la vie ou devenus estropiés. Et ce simplement pour avoir demandé à un « Kabila » décidé à s’accrocher au pouvoir de respecter le prescrit constitutionnel. Rossy Mukendi Tshimanga et Thérèse Kapangala sont les victimes les plus emblématiques du régime tyrannique. On ne pourrait oublier tant d’autres martyrs tombés une dizaine d’années auparavant. On peut citer: Floribert Chebeya, Fidèle Bazana, Armand Tungulu etc.
Revenons à la commémoration. Maître de cérémonie, le ministre près le président de la République, André Kabanda Kana – qui fut, dans une autre vie, porte-parole du colonel dissident John Tshibangu -, a confirmé l’impression d’un billet de banque « collector » assorti des portraits de « Joseph » et de « Felix » pour « marquer » ce pseudo-événement. Coût de la manifestation: six millions de dollars.
Ce chiffre a suscité des critiques acerbes autant que l’indignation au sein de l’opinion congolaise. Il en est de même du billet « collector ». Il n’est plus rare désormais de lire ou d’entendre sur les réseaux sociaux des réflexions du genre: « Felix Tshisekedi nous a déçu ».
Les activistes de la « Lucha » (Lutte pour le Changement) ont prévu de manifester lundi 23 décembre devant la primature. Pour ce mouvement citoyen, le 24 janvier prochain marquera la célébration non pas de l’alternance mais bien d’une « escroquerie électorale ».
Onze mois après l’avènement de Felix au sommet de l’Etat dans les conditions que l’on sait, l’homme et ses proches ne cessent de multiplier les « gaffes ». L’Udps, le parti le mieux implanté aux quatre coins de la République, paraît « malade » de la coalition Cach-Fcc. Le courant passe mal entre la base et les chefs de cette formation politique.
A travers des conversations, il apparaît que « Felix » suscite désormais plus d’interrogations que d’approbations.
Restons lucides. Et si « quelqu’un » avait mis en route une stratégie dont la finalité est de faire détester Tshisekedi Tshilombo du fait de ses propres errements? De la superstition? Assurément pas! Qui alors?
Il peut s’agir de la mouvance kabiliste. Il peut s’agir également de certains pays voisins bien connus qui estiment qu’un Congo-Kinshasa « debout » pourrait devenir à terme une menace pour leur sécurité. En dépit des sourires hypocrites, les dirigeants de ces pays verraient d’un mauvais œil, la présence d’un Congolais authentique à la tête de l’ex-Zaïre.
Il faut espérer que « Monsieur Tshilombo » aura reçu 5/5 le message lui adressé par l’opinion congolaise. Une opinion qui n’entend plus, dans sa grande majorité, applaudir tout et n’importe quoi.
Il faut espérer également que le successeur de « Kabila » aura à cœur de se livrer à une rigoureuse introspection afin de se départir de l’ingénuité qui, à tort ou à raison, le caractérise.
A défaut, il apprendra à ses dépens que la communauté internationale est une jungle où chaque composante se comporte tel un félin pour défendre ses intérêts. Ici, il n’y a guère de place pour l’amitié. Tout est question de rapport de force. Les plus faibles restent sur les carreaux…
Baudouin Amba Wetshi