Des médias bruxellois datés du 22 février et du 23 mars derniers font état d’un procès a opposé Justine Kasa Vubu et l’abbé Vangu Vangu, curé de Romedenne. Le conflit porte sur la vente par la précitée d’un terrain situé à Boma dans la province du Kongo Central. Les autres membres de la famille Kasa Vubu, représentés par leur aîné Adolphe Kasa Vubu Nkedi et Michel, le benjamin, se disent surpris d’avoir été informés par la presse. Alors qu’ils habitent en Belgique. Ils se disent également surpris d’apprendre l’ « aliénation » de ce bien immobilier « sans l’accord unanime » des autres enfants.
Bruxelles. Jeudi 12 avril. A la demande d’un « ami commun », deux membres de la famille Kasa Vubu se sont entretenus avec l’auteur de ces lignes. Il s’agit d’Adolphe Kasa Vubu Nkebi, 75 ans, l’aîné des enfants du tout premier Président congolais et du benjamin Michel Kasa Vubu Mankekele, 56 ans.
Ces deux descendants de feu Président Joseph Kasa Vubu ont appris, via la presse, que leur sœur « Justine » était poursuivie en justice pour faux, usage de faux et escroquerie dans une affaire de vente d’un « terrain familial » situé sur le site dit « But-major » à Boma dans la province du Kongo Central.
« Justine Kasa-Vubu poursuivie pour escroquerie », titrait le quotidien bruxellois « La Dernière Heure » dans son édition du 22 février 2018. Le lendemain, l’Agence Belga enfonçait le clou en annonçant que « six mois de prison ont été requis le 23 février, par le parquet de Namur devant le tribunal correctionnel de Dinant, à l’encontre de la fille du premier Président du Congo, Joseph Kasa-Vubu, pour des faits de faux, usage de faux et escroquerie commis le 24 mars 2010 à Philippeville ». Aux dernières nouvelles, « Justine » a été acquittée par « bénéfice du doute ».
« LA FAMILLE KASA-VUBU N’A RIEN VENDU »
En apprenant la nouvelle de cette transaction, le sang d’ « Adolphe » et celui de son frère cadet « Michel » – tous les deux résidents à Bruxelles – n’a fait qu’un tour. Pour eux, mêler le nom de Kasa-Vubu à une affaire de ce genre écorne l’image de toute la famille. « Adolphe » invoque, dans la foulée, un proverbe yombe: « Ngondo Ufua, Ngondo Udimoyi ». Traduction: « Lorsqu’on passe quelque part, on laisse des traces ». « Les traces laissées par Joseph Kasa-Vubu, ce sont ses enfants. Nous sommes là! », clame-t-il.
Dans un écrit s’articulant sur quatre feuillets remis à notre journal, on peut lire notamment: « Aucune portion du site But-Major n’a été vendue par la famille. Par conséquent, pour nous les enfants/héritiers, il n’y a jamais eu vente ».
Dans une brève interview vidéo, le devancier des Kasa-Vubu a déploré, à maintes reprises, le discrédit que cette affaire judiciaire risque de jeter sur le nom de leur illustre père. C’est ainsi que lui et son plus jeune frère ont décidé de « prendre position ». « Je me suis tu jusqu’à présent. La gravité de la situation est telle que je ne peux plus me taire », dit-il sur un ton modéré avant de céder la parole à « Michel ». « Les journaux belges nous renseignent des faits de faux, usage de faux et d’escroquerie concernant Justine Mpoyo Kasa-Vubu ». « Ce fait entache et met en péril notre crédibilité à tous », martèle Michel. Il poursuit: « La phrase ‘acquittée au bénéfice du doute’, signifie clairement, qu’il y a des zones d’ombre dans le dossier du tribunal ».
Selon Michel, le terrain qui est au centre de la transaction appartient « de manière indivisible aux neufs enfants Kasa-Vubu ». Sept d’entre eux encore en vie. Pour lui, la décision d’aliéner ce bien immobilier n’a guère été prise par l’ensemble des héritiers. « Aucune portion du site But-Major n’a été vendue par la famille. Par conséquent, pour nous les héritiers, ce contrat de vente est nul et de nul effet ».
« LAVER LES LINGES SALES… »
Quel message les deux fils Kasa-Vubu entendent adresser à leur sœur « Justine »? « Nous voulons faire part à notre sœur ce que nous avons appris par voie de la presse. Nous espérons obtenir d’amples renseignements, aussi bien de sa part que du Curé de Romedenne, Monsieur l’abbé Vangu Vangu, sur cette transaction financière qui engage fortement la mémoire de feu notre père qui était un modèle d’honnêteté et d’intégrité morale », conclut Michel.
Le benjamin des Kasa-Vubu d’insister sur le fait que le « Code de la famille » en vigueur au Congo-Kinshasa fait de l’aîné d’une famille le « véritable liquidateur » de la succession. De même, l’aliénation d’un bien compris dans l’héritage ne peut être valable qu’avec « l’accord unanime » de tous les héritiers.
Les enfants Kasa-Vubu ne pouvaient-ils pas laver ce « linge sale » en famille? Pourquoi passent-ils par les médias? « Nous étions joignables et accessibles pour débattre de cette vente dans l’intérêt de la famille », fait remarquer Michel. « Adolphe » d’enchaîner: « Personne n’a le droit de salir le nom de Kasa-Vubu en le mêlant dans des affaires d’escroquerie. Nous sommes là pour interpeller notre sœur afin que nous puissions nous retrouver ensemble pour régler ce problème d’abord en famille. Ensuite, on verra… »
Pour Adolphe Kasa-Vubu, le recours aux médias va un peu de soi. Au motif que ce sont les médias qui ont permis aux autres membres de la famille de prendre connaissance de cette histoire. « En réalité, nous n’avons rien vendu. Ceux qui sont à la base de ce contrat de vente devraient résoudre le problème entre eux », glisse-t-il. Le dernier mot revient au dernier-né des Kasa-Vubu : « Nous ne sommes pas ici pour descendre en flammes qui que ce soit. Nous sommes ici pour rappeler qu’en droit congolais c’est le fils aîné qui est le liquidateur de la succession. Nous vivons dans un monde où la communication est facilitée par des moyens modernes que sont notamment l’e-mail et les réseaux sociaux. Le constat est là: rien n’a été fait pour tenir la famille informée… »
Baudouin Amba Wetshi
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> Interview des frères Kasa-Vubu