Né en Tanzanie, pays qui est séparé de la petite ville de Kalemie par le lac Tanganyika, « Joseph Kabila » porte depuis quelques années un intérêt assez particulier sur le chef-lieu de la province congolaise de Tanganyika. Construction d’un bateau moderne de plus de 3.500 tonnes, élargissement de la piste de l’aéroport qui passe de 1.750 à 2.500 mètres, construction d’un hôpital général de référence et d’un stade omnisport. Ce sont autant d’infrastructures en cours d’achèvement dans cette partie du pays. Ce n’est pas tout. Passés de gré à gré, tous ces « marchés » ne figurent dans aucun budget de l’Etat. D’où vient l’argent? Pire, cette ville ne présente aucun enjeu économique. Encore moins touristique. Lors des législatives de 2011, Jaynet « Kabila » a été « élue » députée dans cette circonscription…
Ministre des Transports et voies des communications, l’ex-opposant José Makila Sumanda vient d’effectuer une « mission » très spéciale à Kalemie. Il a « inspecté » les « chantiers » lancés par le « raïs ».
José Makila. Radio Okapi/Ph. John Bompengo.
Le ministre Makila a tenu, vendredi 10 août, une réunion avec les entreprises chargées de la réalisation des ouvrages précités. Il s’agit notamment des Chinoises CREC 9 et SZTC, de la société EGMF (Forrest) et de SODEDIE. But: procéder à l’évaluation de l’état d’avancement des travaux.
C’est à partir du mois de juin 2016, soit six mois avant l’expiration de son dernier mandat que « Joseph Kabila » a jugé opportun de lancer plusieurs « projets pharaoniques » dans cette agglomération séparée de la ville tanzanienne de Kigoma par le lac Tanganyika. On peut épingler notamment: l’élargissement de l’aéroport dont la piste passe de 1.750 mètres à 2.500 (EGMF); la modernisation de l’aérogare et la construction d’un salon présidentiel (SZTC); l’érection d’un stade omnisport au quartier Kichanga et la construction d’une université (SODEDIE).
On rappelle que « Kabila » a déjà inauguré un pont construit sur la rivière Lukunga à Kalemie. Qui serait contre la modernité? Seulement voilà, ces infrastructures sont construites dans une opacité totale. C’est la Présidence de la République – déjà en charge des fameux contrats chinois – qui traitent directement avec les entreprises concernées.
Au départ, la durée des travaux était de plus ou moins 12 mois. Cela fait déjà deux années que les « livraisons » tardent. Le « raïs » semble piaffer d’impatience. Aussi, a-t-il dépêché le ministre des Transports.
Né en Tanzanie en 1971 (?), « Joseph » n’a posé ses pieds sur le sol de l’ex-Zaïre qu’à la fin du mois d’octobre 1996 au lendemain du déclenchement de la « guerre » dite des « Banyamulenge » ou de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo). L’homme n’a aucune attache psychologique avec son « pays d’adoption ».
Arrivé sans un sou ni héritage dans le pays rebaptisé République démocratique du Congo, le successeur de Mzee est devenu immensément riche. En avril 2016, le journaliste américain Richard Miniter le créditait d’une fortune évaluée à 15 milliards $.
L’APPETIT VIENT EN MANGEANT
Ngezayo Safari, assassiné en octobre 2009.
L’appétit venant en mangeant, « Joseph » ne cesse d’accumuler des propriétés foncières. La terre entière a suivi récemment les cris de colère des habitants du village Mborero au Sud Kivu. Le « raïs » se serait approprié cette localité afin d’y aménager un « ranch ». Il en possède déjà dans le Haut Katanga (Kashamata et Kundelungu). A Kinshasa, il y a la fameuse ferme de Kingakati. On parle d’une autre (Kabasha) aux environs de Beni, au Nord Kivu. Il s’agirait d’une ancienne propriété de feu Ngezayo Safari. Celui-ci a été assassiné en octobre 2009. L’assassin court toujours.
Depuis l’avènement de « Joseph » à la tête de l’Etat congolais, on assiste à l’arrivée massive de migrants d’origine tanzanienne dans l’ex-province du Katanga. Ils font « des affaires » avec sa mère putative, Sifa Mahanya. « Ils sont intouchables », dit-on. C’est une sorte de mafia qui a pris pied dans cette partie du pays.
Un certain Juma Bakari, époux de « Sissi », une des sœurs du Président hors mandat, serait mêlé dans des opérations d’exploitation artisanale de minerais qu’il expédie frauduleusement en Tanzanie via la Zambie. Il en serait de même du bois rouge « Mukula ».
En mars 2014, le ministre tanzanien des Transports Harrison G. Mwakyembe signait trois accords avec son homologue congolais d’alors Justin Kalumba. Ces conventions couvraient le transport lacustre, aérien et ferroviaire. Le gouvernement tanzanien avait insisté sur la nécessité de mettre sur pied une société commune de transport lacustre pour faciliter la navette entre la ville de Kigoma et celle de Kalemie. La compagnie aérienne « Air Tanzania » devait, elle, desservir les villes de Kinshasa et de Lubumbashi.
En 2016, « Joseph Kabila » a fait transférer plusieurs chars de combat à Kalemie. Pourquoi? Mystère! A qui est destiné le navire de 3.500 tonnes en cours de construction? Quid de l’aéroport de standard international en construction?
Dans ce Congo-Kinshasa où l’institution « Président de la République » se comporte en monarque de pouvoir absolu personne n’ose poser des questions sur l’origine de l’argent qui finance ces installations. D’aucuns n’hésitent pas à parler « en off! » de « blanchissement ».
Que mijote « Kabila » à Kalemie? Voudrait-il couper cette ville congolaise du reste du pays ou en faire une sorte de tête de pont pour faciliter la sortie frauduleuse des ressources naturelles en provenance de l’ex-Katanga tout en permettant aux « flibustiers » en provenance de sa Tanzanie natale de s’implanter dans cette partie du pays?
Baudouin Amba Wetshi
