A l’ère actuelle d’avancée technologique, l’Internet nous offre des lieux de rencontre virtuel. BAW nous en procure un, le site Congo Indépendant, gratuitement. C’est ici une occasion pour nous de lui être reconnaissance. En dépit de nos divergences d’idées, nos aspirations convergent vers l’essor de notre beau pays, la prospérité de son peuple, la fondation d’un Etat fort, la consolidation de notre unité nationale, bref la création de notre fierté, notre identité. Comment y parvenir est souvent la question qui nous divise.
Dans son article intitulé « Les partis sont-ils des ingrédients indispensables? » publié sur ce site web, ce 23 mars, l’auteur MBTT lance un défi à Jo Bongos. En réalité c’est à tous les participants de ce forum qu’il s’adresse. Citons-le: « … quand moi je pose des questions dans ce forum, on ne me répond pas. A titre d’exemple, si le problème congolais est un problème d’homme, comment comptez-vous régler concrètement ce problème? Auriez-vous une réponse? », MBTT (23 mars, 2018). Nous nous imaginons déjà des gens qui s’élèvent pour lui dire: « non, nous répondons à tes questions. Mais, tu t’obstines à ne pas nous entendre à cause de ton attitude obsessionnelle d’une vision unique de ta démocratie consensuelle fictive, ton opposition au mimétisme de la démocratie partisane conflictuelle fait de toi un sourd aveugle face aux arguments des autres ». Nous caricaturons.
Nous proposons de lui répondre autrement. Réussira, ne réassurera-t-on pas? Cela importe peu. Nous aurons donné notre point de vue. C’est cela l’essence même d’un forum. Loin donc de nous la prétention de réussir là où nos prédécesseurs n’ont pas, selon lui; et son refus d’apprécier et de considérer à leur juste valeur les arguments des autres, selon ses contradicteurs. Nous répondrons à la question posée par étape. Dans cette partie nous revisitons d’abord la forme de la question. Pourquoi l’auteur pose-t-il la question au conditionnel? Manifestement, il s’agit de son désaccord face à ce point de vue. Cela a d’ailleurs été le sujet de ses nombreux articles publiés sur ce site.
Par problème d’homme/mentalité, ne comprenons pas qu’il s’agisse d’une affection congénitale qui nous afflige, plutôt un monstre comportemental que nous avons-nous-mêmes érigé (masses, cadres, et leaders) qui nous tient en otage et nous tire vers le bas.
Poser une question c’est aussi y répondre. La réponse à sa question indiquée ci-dessus nous a été fournie par l’auteur lui-même dans son article du 9 février intitulé « Où est la stratégie de changement de mentalité? » sur ce site de B.A.W. Dès la première phrase introductive, l’auteur étale l’ampleur du problème, sa cause, ses conséquences, et la durée. Il s’agit d’une inversion de valeurs qui se déroule sur une période très longue. Déjà, à ce point, nous constatons avec lui que l’inversion de valeurs ne peut advenir comme une intempérie sans une intervention humaine. Il épingle la bande initiatrice de JDM et ceux les ayant relevés, JKK et ses encenseurs. Elle perdure, continue: « L’administration de Joseph Kabila Kabange a porté et continue à porter cette inversion à son paroxysme ». Elle entraine l’érosion de la « morale politique ». Nous ajoutons qu’elle entraine l’érosion totale de la morale dans tous ses aspects et dans tous les domaines de la vie humaine. L’inversion de valeur c’est aussi le détournement de la mission des pouvoirs publics, servir, servir, placer la nation avant les ambitions personnelles.
Lui emboitant les pas, Monseigneur Fridolin Ambongo, répondant à une question lors d’une conférence à Ottawa nous dit: il n’y a pas d’hommes politiques en RDC, que ce soit de la majorité au pouvoir ou de l’opposition qui ait une considération outre que l’intérêt personnel ou familial (nous paraphrasons), YouTube. Et MBTT de dire: « Il faut que la force de la loi prime sur la loi de la force. Il faut que la justice soit la même pour tous. Bref, il faut que la démocratie et la bonne gouvernance, tant espérées depuis l’indépendance, s’enracinent enfin dans le sol congolais. Tout le monde est d’accord à ce sujet. Même ceux qui participent au festin du pouvoir et qui peuvent à tout moment tomber en disgrâce. Comme certains Mobutistes et Kabilistes d’hier. Oui, il faut que cela change ». Notre étonnement est de constater que le 31 décembre 2016 est passé sans que l’alternance, même de façade, n’ait eu lieu. Comment donc attester que même ceux qui participent au festin du pouvoir veulent que la bonne gouvernance et la démocratie s’ancrent sur le sol congolais? Do Santos et Mugabe sont devenus des ex présidents, Ellen Johnson, et Zuma mêmement. Que dire de la RDC? A-t-on l’Alzheimer, la démence? Aidez-nous. Les urnes, les chars ou les vuvuzelas ont résonné, ailleurs. Chez nous, mutisme de cadres du parti, des officiers de l’armée, de la cour constitutionnelle, du procureur général, de l’assemblée nationale, de la commission électorale…! C’est fut pareil lors de la vague des conférences nationales. Par exemple: Matthieu Kerekou parti, puis revint au pouvoir, au Zaïre on pérorait…
Nous considérons que l’emploi délibéré de l’expression « morale politique » dans la phrase introductive témoigne la reconnaissance (aveu) de l’auteur de la préséance du « problème de l’homme » dans la recherche de solutions de bonne gouvernance et de démocratie en RDC en particulier, en Afrique en général. Il s’avère que « la morale politique » dont parle l’auteur, nous « réfère à un ensemble de valeurs et de principes qui permettent de différencier le bien du mal, le juste de l’injuste, l’acceptable de l’inacceptable, et auxquels il faudrait se conformer », selon un article du Gouvernement du Québec (GdQ), 2013. Cette assertion nous indique que la morale a une caractéristique congénitale obligationnelle plutôt qu’une application facultative. Sa réussite dépend toutefois de l’implication d’une majeure partie de la société. Des dirigeants, des cadres, mais encore plus, des masses actives et vigilantes qui retroussent les manches, se mouillent les chemises et les robes, et travaillent pour l’intérêt national.
Contrairement aux lois dont l’implémentation est la prédilection de certains professionnels, la morale est une affaire de tous. Il s’avère qu’un homme politique qui cherche l’intérêt personnel ou familial, comme nous l’avise Mgr Ambongo, s’écarte donc de la « morale politique » à laquelle il est sensé se conformer. Par conséquent, doit être redressé par notre vigilance commune. Il sera décrié et rejeté par sa famille, sa communauté, sa confession religieuse, ses électeurs, son parti, son gouvernement, etc… car il fait la honte de tous. Le tort qu’il cause est infligé à la société dans son entièreté. Lorsqu’un politicien cupide débarqua dans son fief natal du Kwilu qu’il n’avait plus foulé depuis des décennies, nous apprit un jour l’auteur, à la demande des voix de vote, il fut réprimandé par les paysans. Quand il sollicita un logis spécial dans le village, on lui montra le nid d’oiseau comme pour lui apprendre qu’un village est réellement sien lorsqu’on y a construit sa case. Le véreux fut contraint de rebrousser son chemin vers là où il était venu plutôt que de servir son ambition égoïste.
Que constate-t-on de nos jours? Les mauvais et les méchants sont récompensés à la place d’être réprimandés -inversions de valeurs dont parle l’auteur. Combien sont les députés qui sont sanctionnés par leurs bases? On nous dira qu’ils ont été désignés par son excellence Ngoy Mulunda qui n’a d’amitié (mulunda) que son nom. Et lui n’a-t-il pas une base? Les fidèles de l’Eglise Méthodiste lui ont-ils déjà demandé des comptes? Lui a-t-on collé une simple demande d’explication? Tout employé qui s’est mal comporté est assommé de justifier son acte. Nous ne l’avons pas encore appris. C’est pourtant l’homme providentiel, par sa fonction au sein de l’église, à forger la morale, « morale politique » comprise qui fait défaut. Quand boira-t-on la coupe jusqu’au calice si ce n’est pas lors de la menace de César? Ngoy s’en prend à ceux qui veulent lui ôter son steak dont le prélat catholique.
Plutôt que de formuler la question au conditionnel (si le problème d’homme) l’affirmative s’imposerait dans ce cas. Ce n’est pas de MBTT qu’il faut attendre une pareille concession. Ce serait quasi une confession de sa part. Il n’est pas déficitaire des contre-arguments pour qu’il capitule aussi facilement que cela. Il faut recourir à ses missives précédentes pour y en dénicher quelques missiles. En voici un: comment explique-t-on la bonne performance des congolais évoluant en dehors du pays. Citons-le: « C’est ce qui explique que des Congolais authentiques, avec leur mentalité tant décriée, donnent le meilleur d’eux-mêmes quand ils évoluent dans des environnements sociopolitiques dans lesquels personne ne se situe au-dessus de la loi au point de leur distribuer des parts de son impunité. Tel est le cas des Congolais du secteur privé de leur pays. Tel est le cas des Congolais qui font de la politique dans les démocraties occidentales. Tel est le cas des Congolais œuvrant dans des institutions internationales ou encore dans les secteurs privés et administrations de leurs pays d’adoption. Tel est le cas des soldats et policiers congolais qui venaient de servir dans une mission de maintien de la paix des Nations Unies en République Centrafricaine », MBTT (9 février, 2018).
Pour l’auteur seul un système politique efficace, non conflictuel permettra de placer la loi au-dessus de tous. Le système démocratique occidental dans sa forme actuelle s’est avéré inopérant et infructueux dans nos milieux africains. Il faut reconnaitre nos particularités socioculturelles. Consommons RDC et Afrique, plutôt que d’importer tout, idées y compris. Nos pratiques socioculturelles ne sont pas des entraves, utilisons-les comme des atouts. Citons-le: « Le changement tant attendu et espéré viendra soit quand nous aurons conçu et mis en place un système politique dans lequel le pouvoir du président de la république sera enfin contrôlé et sanctionné, c’est-à-dire un système dans lequel le clientélisme politique sera drastiquement mitigé, soit quand nous aurons élu un homme providentiel qui, comme Jerry Rawlings au Ghana, profitera des pouvoirs énormes lui conférés par des Constitutions mal ficelées, pour s’en dépouiller afin que les contre-pouvoirs deviennent effectifs. Mais comme il n’est écrit sur le visage de personne qu’il est un homme providentiel, nous n’avons d’autre alternative que de travailler sur le système politique ». Il s’avèrerait malsain et intellectuellement malhonnête de ne pas le lui concéder ce mérite. Toutefois!
Nombre de ses contradicteurs lui ont concédé cet acquis. Cependant, quatre points de vue ont été relevés. Pour les contradicteurs de MBTT:
- La pomme de discordance réside dans la préséance du genre « l’œuf et la poule » qui est apparu en premier.
- Ils estiment que parce que tout système politique est une œuvre humaine; elle souffre, par conséquent, des lacunes congénitales émanant de son auteur. Celui proposé par MBTT n’échappe donc pas à cette règle. Il serait une œuvre perfectible comme en sont les autres.
- Si l’on considère le fonctionnement d’un système politique comme étant pareil à celui d’une entreprise (d’une institution), on se rend compte que la dimension humaine est dans toutes les fonctions: technique, commerciale, financière, sécuritaire, comptable, administrative, recherche et développement, qualité, et ressources humaines, Economie politique 4e des humanités secondaires. Ce faisant, c’est le talon d’Achilles.
- Le système de MBTT relève encore de la théorie. Ils réclament à son auteur de se mouiller la chemise afin d’implémenter ce système. On verra s’il fera ses preuves. Il y a des sincères (sympathisants) et des sarcastiques (snobes: loba loba sala sala rien) parmi ceux qui réclament cela à cor et à cri. On attend la naissance de ce véhicule sans chauffeur qui s’auto conduit.
Nous estimons cependant, quel que soit le système que nous créerons, son succès est sujet à la bonne volonté politique de ses acteurs. La volonté politique est la détermination qu’a un acteur politique à poser des gestes, des paroles et des actes qui consistent à concrétiser son objectif (Ornella Moderan, 2015). Les lois reposent sur des conceptions philosophiques, souvent d’ordre moral qui se perpétuent dans des sociétés. Elles régissent certes des sociétés, mais les lois ont leurs limitent, on ne peut pas tout réguler. Aucune société n’a autant de ressources matérielles, humaines et intellectuelles pour tout réguler. Les lois viennent renforcer de codes d’éthique professionnel. Selon un article publié par le Gouvernement du Québec: « l’éthique est une réflexion argumentée en vue du bien agir. Elle propose de s’interroger sur les valeurs morales et les principes moraux qui devraient orienter nos actions dans des différentes situations, dans le but d’agir conformément à ceux-ci », GdQ, 2013. Ceci nous ramène à la définition de la morale évoquée ci-dessus.
A cela, nous devons attribuer la bonne performance de congolais opérant en dehors du pays versus ceux opérant aux pays mais qui ne performent pas bien en partie à l’environnement propice au progrès versus l’impropre, respectivement. Pour élucider ce point empruntons les notions non-négligeables que nous enseignent la sociologie et psychologie telles que le conformisme et l’influence sociale. L’influence sociale se définit comme « une pression du groupe et de la société en général sur l’individu et qui a pour conséquence de modifier, de modeler peu à peu ses attitudes et ses comportements dans la direction des patterns qui prévalent dans une culture ou une sous-culture donnée. Elle crée donc un conflit entre le désir d’être similaire à autrui et le désir de garder sa spécificité. L’uniformité se définit comme une forme de similarité qui repose sur le fait que l’individu accepte d’être comme les autres pour ne pas être rejeté. Il est ainsi socialement désirable de modeler son comportement à celui des autres. La facilitation sociale renvoie au fait que nos performances lors de l’effectuation d’une tâche, sont modifiées par la simple présence d’autres individus. Le processus a été mis en évidence par Triplett en 1897 qui montra qu’un individu développait des performances motrices plus importantes lorsqu’une autre personne effectuait la même tâche avec lui », Psychology.fr, l’Influence Sociale. On dirait chez nous l’effet « mbuma tomate ya kopola ».
Enfin, les lecteurs assidus de MBTT auront constaté une évolution. Dans son article du 9 février, il accorde un crédit à un article de la constitution. Souvent, il considère à tort ou à raison cette constitution comme étant inefficace, donc un torchon. Nous le citons: « Alors que les marches pacifiques sont un droit reconnu par la Constitution, Joseph Kabila et ses thuriféraires, loin de blâmer les policiers et soldats responsables de la répression, en ont rejeté le plus naturellement et publiquement la responsabilité sur les organisateurs… Depuis Mobutu, la loi de la force prime sur la force de la loi… L’environnement politique reflète parfaitement une citation célèbre de Jean de La Fontaine, qui renvoie pourtant à une époque lointaine de la société européenne: ‘Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir' » MBTT, 2018.
Nous déduisons de cette assertion que l’auteur reconnait d’une manière délibérée ou accidentelle que notre problème primaire se présente comme celui du manque d’hommes désireux et capables d’appliquer la loi au profit de tous, d’abord; plutôt que de la carence d’un outil efficace de démocratie. Aussi imparfaite qu’elle soit, un commandant de police et son personnel qui exécuteraient cette liberté de marche garantie dans la constitution, dans son imperfection actuelle, protègerait sa population plutôt que de la tuer pour plaire (protéger son poste) à son chef. Ceux qui tuent la population ont choisi de leur gré, mais d’autres sont contraints à servir un homme plutôt que d’appliquer la loi, de servir la nation. Nous avons tous failli. Ceux qui ont dit non, nous – la société, ne les avons pas soutenus. Bien qu’il s’agisse d’une parodie, quand Kamerhe perdit son poste de président de l’assemblée nationale, aucune voix ne se fit entendre pour le défendre: ni les membres de son parti, ni ses électeurs, encore moins la population dans son ensemble. Il fut défenestré, chassé comme un chien galeux. Et la précarité ça rend vulnérable à la corruption. Nous abandonnons les braves hommes et femmes qui disent non. Qu’est devenue la famille de la femme tuée au Grand Marché de Kinshasa? Mamadou a dit non aux ordres, il est mort. Quel est l’avenir de sa veuve et de ses enfants? Si nous étions à leurs places, encouragerions-nous nos pères, nos frères, nos maris, nos fils, etc. à dire non? Pas une seule marche pour exiger les procès de ses assassins. Si nous les encouragions, peut-être que cela aiderait à pencher la balance de l’influence sociale dans le sens de l’intérêt général.
Concluons cette étape par la conclusion de l’introduction de l’auteur MBTT: « Il faut que cela change. Il faut remettre les choses à leur place… Oui, il faut que cela change. Mais comment procéder concrètement? » C’est ici que les romains s’empoignent. A suivre…
Par Nawej Katond
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