Primature: Navigation à vue!

La Première ministre Judith Suminwa Tuluka – la première femme à occuper cette prestigieuse et stratégique fonction – travaille sans cabinet. Nommée le 1er avril 2024, « Mama » Suminwa a été investie début juin 2024 avec son gouvernement. Sept mois après, le chef du gouvernement n’a toujours pas posé l’acte premier. A savoir, la nomination des membres de cabinet qui doivent l’éclairer tant dans la prise de décision que dans la coordination des activités interdépartementales. Quel est l’empêchement majeur qui bloquerait la chef du gouvernement?

L’expression « navigation à vue » n’a rien de péjorative. Dans le cas qui nous occupe, elle signifie le fait d’agir en fonction des événements tels qu’ils se présentent, sans pouvoir anticiper. C’est l’empirisme.

Lorsqu’on parcourt les mémoires de quelques Premiers ministres occidentaux, force est de constater qu’ils considèrent le choix et la nomination des conseillers devant les accompagner comme la priorité des priorités. Tous insistent sur la nécessité de choisir les « meilleurs ». Les têtes bien faites pour travailler dans le « cabinet politique » ou « cabinet économique ».

Dans les pays démocratiques comme la Belgique, c’est le parti qui désigne le directeur ou le chef de cabinet. Celui-ci constitue une petite commission chargée de recruter les futurs membres du cabinet sur base du CV. Les postulants devraient passer une ou plusieurs interviews afin qu’on jauge leur capacité à exercer la fonction choisie.

Il arrive très souvent que des fonctionnaires à l’expertise avérée soient détachés au cabinet ministériel. Certains conseillers sont recrutés sur la base d’un contrat d’emploi.

« Principe de Peter »

Sept mois après la prise de sa fonction, la « Première » Judith Suminwa tarde à former son cabinet. Pourquoi? Selon une source, elle ferait de la « résistance » face aux pressions exercées par le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya. Celui-ci voudrait, semble-t-il, faire « caser » des militants du parti présidentiel. « Faux! » rétorque un cadre Udépésien. « La Maman n’est pas tout simplement à la hauteur. Elle fait face au principe de Peter ».

Selon le principe de Peter, « dans une relation hiérarchique, tout employé a tendance à s’élever jusqu’à son niveau d’incompétence ». Autrement dit, la brillante ministre du Plan que fut « Mama Judith » peine à prendre ses marques à la Primature.

Selon une autre source, le cas Suminwa n’est pas le premier du genre. Il semble bien que plusieurs « Premiers » congolais ont eu à vivre la difficulté de former leur cabinet respectif. On cite trois noms faciles à deviner.

En RDC, le Président de la République et le gouvernement constituent le Pouvoir exécutif. L’alinéa 2 de l’article 92 de la Constitution énonce: « Le gouvernement conduit la politique de la nation ». D’autres alinéas précisent que le Premier ministre assure l’exécution des lois et dispose du pouvoir règlementaire. En clair, c’est le chef du gouvernement et ses ministres qui ont à poser, au quotidien, des actes de gestion pour améliorer les conditions de vie de la population.

Rumeurs de remaniement

Le 12 juin 2024, les Congolais ont suivi l’investiture du gouvernement Suminwa. La Première ministre a récité un programme de gouvernement fastidieux aux allures d’un long chapelet de bonnes intentions. Un programme sur cinq ans. Coût: 93 milliards U$. « Qui veut tout faire, ne fait rien », écrivait l’ancien Premier ministre Britannique Tony Blair. Pour lui, tout gouvernement entrant devrait se fixer trois ou quatre priorités en matière socioéconomique.

Mission, moyens, résultats. Tel est le triptyque qui régit les affaires publiques. Questions: la Première ministre Suminwa maitrise-t-elle l’ampleur de sa Mission? Dispose-t-elle de moyens d’action pour atteindre les objectifs fixés?

Les rumeurs se font insistantes sur l’imminence d’un remaniement ministériel. « Le président Felix Tshisekedi Tshilombo a un profond respect pour les Mamans. Je ne le vois pas congédier Judith Suminwa ». Qui parle? Un parlementaire étiqueté « Union sacrée ». L’homme de conclure: « Suminwa a été adoubée par la puissante Eglise Kimbanguiste ». N’empêche. Combien de temps va-t-elle tenir? En attendant la navigation à vue continue dans tout le gouvernement.

B.A.W.

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %

Readers Comments (1)

  1. Qui peut croire aux dénégations de Kabuya lorsqu’il affirme ne pas intervenir dans la composition du cabinet de Mme Suminwa. J’ai toujours dit que feu Étienne Tshisekedi a été à la base de la déliquescence du Parti. Les nominations cavalières de Kabund Kabuya notoirement incompétents est à la base de la conséquence de cequi passe au niveau de la prématuré. Je ne suis pas entrain de dédouaner Mme Suminwa qui peut avoir ses insuffisances, mais hélas, n’étant pas une femme d’appareil, elle résiste aux diktats des responsables de l’UDPS qui cherchent à caser leurs proches à tout prix. Il est maintenant indispensable que la présidence interviennent pour éviter cette navigation à vue qui paraluse la gestionau quotidien du pays.

Leave a comment

Your email address will not be published.


*