Contraint à l’exil depuis près de deux ans, l’opposant Moïse Katumbi a lancé ce lundi le mouvement « Ensemble pour le changement » depuis Johannesburg, en Afrique du Sud. Un rassemblement politique autour de sa candidature pour la présidentielle à venir en RDC.
C’est la version resserrée et corrigée du rassemblement de l’opposition congolaise qui avait eu lieu début juin 2016 à Genval, dans la banlieue bruxelloise. À l’époque, Moïse Katumbi, bien qu’à l’initiative, avait choisi de rester dans l’ombre pour ne pas éclipser le vieux et historique opposant Étienne Tshisekedi. Cette fois-ci, à Johannesburg, le dernier gouverneur de la riche province du Katanga s’est présenté en « capitaine de l’équipe » devant quelque 200 personnalités issues de différents partis politiques et de la société civile en RDC.
Pendant trois jours, du 9 au 12 février, tous ces soutiens de Moïse Katumbi se sont regroupés dans des ateliers pour réfléchir sur « le mouvement électoral » à mettre en place, le programme du candidat et le processus électoral en cours dans le pays. « Ne laissons aucune place à l’improvisation », leur avait alors recommandé leur champion lors de son discours d’ouverture du conclave. « Soyons disciplinés et dignes des attentes de notre peuple pour être au rendez-vous du 23 décembre [date prévue pour la présidentielle, NDLR] et apporter aux Congolais le changement qu’ils exigent », avait-t-il renchéri.
KATUMBI LANCE « ENSEMBLE »
Ce mercredi, « Ensemble pour le changement » a été lancé à Johannesburg. La structure se veut un « large mouvement pour relever, avec Moïse Katumbi, le défi du changement » en RDC. C’est désormais autour de « Ensemble » que graviteront des plateformes électorales pro-Katumbi et alliées en vue notamment des élections législatives et provinciales. Des contacts sont avancés avec l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe, ancien président de l’Assemblée nationale.
« C’est aussi une volonté d’instaurer un leadership clair » au sein des regroupements politiques qui soutiennent la candidature de Katumbi à la présidentielle, confie un proche du candidat déclaré à la présidentielle. Bien que très influent dans le Rassemblement de l’opposition mise en place à Genval, Katumbi n’avait en effet aucune fonction officielle dans l’organisation. Aujourd’hui, c’est bien lui le président du mouvement politique créé.
Pour le film du #serment de @moise_katumbi suivez ce lien https://t.co/WI7TXZTWxJ #EnsembleMK #Ensemblepourlechangement & pour la version courte c’est ici ?? pic.twitter.com/4Oii9DIBST
— Ensemble pour le Changement (@Ensemble_MK) 12 mars 2018
LES QUATRE PILIERS DU PROJET KATUMBI
À neuf mois de la tenue – encore hypothétique – des scrutins présidentiel, législatifs et provinciaux, Moïse Katumbi a également dévoilé les « quatre piliers » de son projet de société: consolidation de l’État, de la démocratie et de la paix; valorisation du capital humain; relance économique, diversification de l’économie et création d’emplois; et enfin, lutte contre le changement climatique.
« Je veux être le candidat du mérite, en particulier au sein de notre formidable jeunesse. Leur offrir un avenir radieux au Congo constitue notre plus grand défi », a promis le candidat qui est toujours menacé d’arrestation en cas de retour au pays. En juin 2016, il a été condamné à trois ans de prison dans une affaire rocambolesque de spoliation immobilière qualifiée de « mascarade » notamment par un rapport confidentiel des évêques catholiques rédigé une année plus tard.
« Les conditions qui permettent d’envisager des élections crédibles, justes et honnêtes sont très loin d’être remplies. De nombreux compatriotes croupissent encore en prison injustement privés de leur liberté. D’autres sont condamnés à l’exil. Les manifestations pacifiques sont réprimées dans le sang. Les médias privés proches de l’opposition sont menacés ou fermés », a d’ailleurs déploré Katumbi.
À quelques milliers de kilomètres de là, à Kinshasa, la coalition au pouvoir affûte aussi ses armes. Après la restructuration du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation politique du président Joseph Kabila, des tractations sont en cours pour constituer sept à douze regroupements électoraux.
Par Trésor Kibangula, in Jeune Afrique, 13.03.18
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