Où va le Congo-Kinshasa? A quelques cinq mois de la date fixée pour la tenue de l’élection présidentielle, « Joseph Kabila » et ses affidés viennent d’envoyer un très mauvais signal. Des prétendus « jeunes » aux allures de miliciens reconnaissables à leur béret rouge, ont franchi le rubicond en désignant le Président hors mandat « candidat à l’élection présidentielle ». « Kabila » – qui est de moins en moins maître de ses facultés – paraît décidé d’engager le Congo-Kinshasa dans un pari dangereux.
Dans un communiqué daté du 24 juillet, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a annoncé que ses Bureaux de Réception et Traitement des candidatures (BRTC) commencent, dès mercredi, à réceptionner les dossiers de candidature des prétendants à l’élection présidentielle et aux législatives. Cette opération devrait se clôturer le 8 août prochain.
Les fameux « jeunes » du parti kabiliste, dirigé par un certain Papy Pungu, ont choisi ce même mercredi 25 juillet pour se rendre complices d’une immense forfaiture. Ils justifient leur démarche en invoquant « le patriotisme » et la « passion du Congo ». Interdiction de rire.
Selon Papy Pungu et ses compères – qui ont pour modèle les miliciens Imbonerakure chers au satrape burundais Pierre Nkurunziza -, « Joseph Kabila » incarnerait le « leadership » qui convient pour préserver la « souveraineté et le développement social intégrale » du Congo-Kinshasa.
Ces « jeunes » qui vivent dans un monde irréel semblent ignorer que leur « candidat » est, depuis le 20 décembre 2016, frappé d’inéligibilité. Et ce pour la simple raison qu’il a accompli ses deux mandats. « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois », énonce le premier alinéa de l’article 70 de la Constitution promulguée le 18 février 2006 par… « Joseph Kabila »!
DES « JEUNES » INCIVIQUES
Fanatisés et aveuglés par les miettes que leur jette le « raïs », les « jeunes » inciviques du PPRD semblent ignorer que leur prétendu « candidat » est sur le point de totaliser dix-huit ans à la tête de l’Etat congolais. Qu’a-t-il fait de ses dix-sept années d’exercice du pouvoir d’Etat? Les Congolais vivent-ils mieux qu’il y a dix-sept ans? Sont-ils plus libre? Qu’en est-il de l’économie?
Papy Pungu et ses camarades sont les seuls à se réjouir du « bilan » unanimement qualifié de calamiteux. Ils sont les seuls à estimer qu’il y a des « acquis de la reconstruction nationale » qui « doivent être préservés dans la paix et la stabilité ». Pourraient-ils parler de paix et de stabilité aux habitants du « Grand Kasaï » ainsi qu’à ceux des deux provinces du Kivu? Pourraient-ils parler de paix et de stabilité aux natifs de l’Ituri et du Territoire de Beni au Nord Kivu qui affrontent la peur au quotidien dans leur propre pays?
Depuis plusieurs années, le « raïs » ne cesse de recourir à des « juristes » dont les méthodes n’ont rien à envier à celles des alchimistes. Ces juristes ont fini par mettre dans la tête de cet homme qui considère le Congo-Kinshasa comme un « butin de guerre » qu’il a le droit de briguer un nouveau mandat. Au motif que la révision de la Constitution intervenue en janvier 2011 aurait remis le « compteur à zéro ». Soit. A-t-on pensé à sonder « l’humeur du moment » des Congolais. Est-on sûr que les Congolais éprouvent, dix-sept années après, de la « passion » pour le « raïs » et ses oligarques?
Lors de son discours sur l’état de la nation, jeudi 19 juillet, « Kabila » a surpris les observateurs en restant muet sur son avenir politique. L’homme s’est cru malin en invitant l’assistance à comprendre « sa passion pour le Congo ». Une bien étrange « passion » qui ne l’a pas empêché de transformer le pays en un champ de ruines. Les évêques du Congo, eux, parlent de « prison à ciel ouvert ». Le pays est mis sciemment à genoux alors que ses principaux voisins sont debout.
Depuis le 20 décembre 2016, « Kabila » exerce un pouvoir inconstitutionnel. On peut gager que la sortie médiatique des « jeunes » inciviques du PPRD tient lieu de « ballon d’essai ». But: jauger la capacité d’indignation de la population…
B.A.W