Avoir un « cadavre » dans le placard ne signifie nullement des corps sans vie derrière soi. Il s’agit des « actions peu avouables » ou d’un « secret honteux ». Combien d’ordonnances datées du « 27 décembre 2018 » ont-elles été signées, à la sauvette, par « Joseph Kabila » avant de passer le « pouvoir » à son successeur? Les semaines et mois à venir pourraient être riches en rebondissements.
Une semaine après l’investiture du nouveau président de la République, on apprend chaque jour les méthodes peu orthodoxes voire pirates avec lesquelles le successeur de Mzee et son entourage « administraient » le pays. Plusieurs décisions discutables ont été prises par le Président sortant.
Pendant que l’ordonnance portant élévation de vingt-six « affidés » du régime kabiliste à la « dignité d’ambassadeur » n’a pas fini de parler d’elle, on apprend qu’un autre décret présidentiel signé le même « jour » (27 décembre 2018) ordonne la nomination de 1.213 personnes au grade de directeur. L’histoire ne dit pas si ces avancements au grade de commandement le plus élevé, visent à combler des « vacances fonctionnelles ».
Jeudi 31 janvier, on apprenait via les très incontournables « réseaux sociaux », la révocation, par ordonnance n°18/163 du… 27 décembre 2018, d’un général de l’armée congolaise (FARDC). Il s’agit du général de brigade Constantin Salumu Mbilika, matricule 1-54-77-86620-09.
Dans une lettre datée du 26 janvier 2019, le ministre sortant de la Défense nationale Crispin Atama Tabe Mogodi écrit ces mots à cet officier supérieur du corps de génie militaire: « J’ai le regret de porter à votre connaissance que par ordonnance (…), son excellence Monsieur le Président de la République, commandant suprême des FARDC a procédé à votre révocation des Forces armées de la République démocratique du Congo ».
POUVOIR SOLITAIRE
La motivation de cet oukase est pour le moins sibylline: » (…), le contenu du rapport d’inspection sur l’utilisation de fonds destinés à la réhabilitation des bases militaires de Kamina et de Kitona dont vous aviez la responsabilité en qualité de commandant du corps de génie a révélé des manquements graves dans votre chef, qui ont grandement préjudicié les Forces armées ». Question: pourquoi l’officier suspecté de « détournement » n’a-t-il pas été déféré devant les juridictions compétentes? Autres questions: « Kabila » a-t-il pris les devants avant que son successeur ne découvre les pots aux roses? La révocation de cet officier supérieur a-t-elle fait l’objet d’une délibération en conseil de ministres?
Que l’on se comprenne bien. L’article 81 de la Constitution confère au Président de la République le pouvoir de « nommer » ou de « relever de leurs fonctions » notamment les officiers généraux et supérieurs des FARDC et de la police nationale. Il ne s’agit nullement d’un pouvoir solitaire. Le chef de l’Etat ne peut agir dans ce sens que sur « proposition » du gouvernement, délibérée en conseil des ministres. Le ministre Atama Tabe reste muet sur la procédure suivie.
Directeur de cabinet de « Fatshi », Vital Kamerhe, alias « VK », en sait quelque chose sur l’attitude totalitaire et condescendante que « Joseph Kabila » et son entourage affichaient à l’égard de l’institution Gouvernement. Le « raïs » estimait sans doute qu’il n’avait pas de comptes à rendre aux membres de l’exécutif national. Des hommes et des femmes qui lui devaient leur ascension sociale.
« GOUVERNEMENT PARALLÈLE »
Président de l’Assemblée, « VK » fut le premier responsable public à dénoncer, dès 2008, l’existence d’un « gouvernement parallèle » à la Présidence de la République. Un « gouvernement de l’ombre » qui finira par s’accaparer des prérogatives dévolues au Gouvernement au point de retirer au Premier ministre d’alors Adolphe Muzito – par une simple lettre signée par le « dircab » à la Présidence de l’époque Adolphe Lumanu – le pouvoir de gérer le compte du Trésor au profit du Président. C’était en mai 2009.
On peut parier que la flopée des décrets présidentiels signée le 27 décembre 2018 par « Kabila » a été opérée de manière furtive. Sans débat préalable au sein du gouvernement. On ne peut que comprendre la sonnette d’alarme tirée par l’Acaj (Association congolaise pour l’accès à la justice) sur ces nominations autant fantaisistes qu’irrégulières.
Osons espérer que l’ivresse du pouvoir ne poussera pas « Fatshi » et « VK » à tomber dans les mêmes travers que leurs prédécesseurs respectifs. Une certitude: on n’a pas fini de compter les « cadavres » laissés par « Kabila » dans les placards de la Présidence de la République. La population congolaise a le droit de savoir…
B.A.W.