Il semble que tout nouveau régime est l’ « héritier » de l’ordre ancien.
Qui aurait cru que trois jours seulement après la « passation civilisée de pouvoir » entre le président sortant « Joseph Kabila » et le président entrant Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo que la bêtise humaine allait faire couler le sang des paisibles citoyens congolais et endeuiller des familles?
Qui aurait cru qu’en dépit du changement intervenu le 24 janvier à la tête de l’Etat, rien n’a changé dans le « mental » des membres de la « force publique » (armée, police, services de renseignements)? Devrait-on conclure qu’après le 24 janvier 2019 = avant le 24 janvier 2019 pour les forces dites de sécurité?
Les faits se sont passés dimanche 27 janvier à Lubumbashi. Une manifestation organisée par des étudiants de l’université de cette ville s’est muée en tragédie suite à la réaction violente de nos policiers réputés pour leur manque de professionnalisme dans le domaine du maintien de l’ordre.
Et pourtant. Les protestataires exigeaient ni plus ni moins que le rétablissement de la fourniture de l’eau et de l’électricité. Ils exigeaient également la révision à la baisse du coût des frais académiques et de transport. Rien de quoi fouetter un chat.
D’aucuns pourraient ergoter que des groupes d’étudiants auraient continué à manifester au centre-ville en dépit des assurances leur données par les autorités provinciales. Et qu’ils auraient bouté le feu sur des véhicules privés et un autocar de cette université. Ces arguments ne peuvent en aucun cas justifier l’injustifiable. A savoir: la mort par balles de trois étudiants. Sans omettre le décès accidentel d’un policier, renversé par un véhicule.
Durant ses dix-huit années passées à la tête de l’Etat, le successeur de Mzee n’avait pas habitué ses concitoyens à des démonstrations de l’empathie. Bien au contraire. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, l’homme restait imperturbable.
L’opinion nationale n’a pas manqué de saluer la promptitude avec laquelle le président Félix Tshisekedi Tshilombo a réagi à travers un communiqué datée du 27 janvier, revêtu de la signature de son « dircab », Vital Kamerhe. On espère qu’il ne s’agit pas d’une simple « opération de communication ». Mais bien, une volonté réelle de lutter contre ce « mal congolais », nommé l’impunité.
L’heure est venue de s’interroger sur la nécessité pour les policiers du « Congo démocratique » de porter des armes de guerre dont le fameux AK 47. Sous d’autres cieux, chaque agent de police est muni d’un revolver, d’une matraque ainsi que des menottes. Le Congo-Kinshasa ferait-il exception en la matière? Au nom de quel principe?
L’heure est venue également d’épurer nos forces dites de sécurité de tous les « pistoleros » qui manifestent le plus grand mépris de la vie humaine et de la dignité de la personne humaine.
Il semble que l’officier de police qui avait donné l’ordre à ses hommes de tirer sur les étudiants aurait été déféré devant la justice militaire. Ici aussi, les nouvelles autorités ne doivent pas perdre de vue le principe sacro-saint de la « présomption d’innocence ». Pour marquer la différence avec l’ancien régime, le nouveau chef de l’Etat devrait veiller à ce que l’officier suspecté bénéficie de toutes les garanties d’un procès équitable. Les Congolais ont besoin d’un pouvoir sévère mais juste et humain.
En attendant de connaitre les tenants et les aboutissants sur les événements tragiques survenus dimanche au chef-lieu du Haut-Katanga, le constat est là: les forces dites de sécurité ont acquis des mauvaises habitudes. Les mauvaises habitudes ont la peau dure. Le nouveau pouvoir a du boulot pour réformer la force publique. A défaut, après le 24 janvier 2019 restera égal à avant le 24 janvier 2019…
Baudouin Amba Wetshi