Plus rien ne va entre le gouverneur de la Ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka et le président de l’Assemblée provinciale, Godé Mpoyi Kadima. Enfer et damnation! Illuminé peut-être par le Saint-Esprit puisque Godé Mpoyi assume aussi la fonction de pasteur d’une église de réveil, il adressa, le 31 mai, une correspondance au vitriol au gouverneur de la ville. Il exigeait qu’il lui présente, hic et nunc, des comptes sur sa gestion financière. Mal lui en prit! Il n’en fallait pas plus pour que la guerre éclate entre deux compères qui s’entendaient jusque-là comme larrons en foire.
Toute action entraine une réaction égale et opposée. C’est la troisième loi de Newton, aussi appelée principe d’action-réaction. Comme savent le faire ceux qui connaissent les méandres de la politique congolaise, une motion de déchéance de Godé Mpoyi fut concoctée et signée illico presto par cinq députés provinciaux. Elle fut lue, le 16 juin, à la plénière de l’Assemblée provinciale en l’absence de l’intéressé. Haro sur le baudet! Il se trouvait à Nkamba pour rencontrer et avoir la bénédiction du chef spirituel et représentant légal de l’Église kimbanguiste, Sa Divinité Papa Simon Kimbangu Kiangani. Honni soit qui mal y pense! Tiens, le cardinal Fridolin Ambongo et la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) qui se mêlent de tout ce qui bouge en politique sont encore aux abonnés absents. Bref, passons!
D’après mon ami qui est devenu fou, c’est comme cela que la guerre de Cent ans a duré 116 ans. Pour ceux qui ne le sauraient pas, ladite guerre débuta le 24 mai 1337 pour se terminer le 9 octobre 1453. Bref, passons! D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, le bras de fer n’est que la conséquence d’un partage inéquitable des prébendes. Godé Mpoy estime n’avoir pas été suffisamment rémunéré des services rendus. Il a défendu, bec et ongles, la gestion calamiteuse de la ville. Devant Dieu et les hommes, pour le meilleur aussi bien que pour le pire, il a jugé utile de donner un coup de pied dans la fourmilière. Saperlipopette! N’est-ce pas que grâce à lui, Gentiny Ngobila n’a jamais été interpellé ni censuré par l’Assemblée provinciale alors que la ville ou ce qu’il en reste est en faillite? Elle dispose pourtant d’un important gisement fiscal. Les services des recettes ont été externalisés au profit des Libanais et des Indo-Pakistanais. Stupeur et tremblements! Pendant quatre années, il y eut moins de dix conseils de ministres. Enfer et damnation! Ceci expliquant cela, les ministres et les députés connaissent des arriérées des salaires. Faute de paiement des factures, il n’y a ni eau ni électricité dans le bâtiment occupé par le gouvernement provincial.
Comme si tout cela ne suffisait pas, les deux compères se donnent aujourd’hui des noms d’oiseaux. Godé Mpoy raconte, urbi et orbi, que Gentiny Ngobila est un semi-lettré et un ancien vigile en France. Réponse du berger à la bergère, Gentiny traita devant qui voulait l’entendre Godé Mpoyi de villageois qui est venu à l’âge adulte à Kinshasa. A son arrivée, il avait élu domicile à Bandalungwa. Tiens, elle est devenue une commune en 1957. Qui disait encore que Bandal c’est Paris? Il le vilipenda. Il marmonna qu’en tant que vrai Kinois de naissance, il pouvait le tabasser comme à la belle époque. Et pourtant, certains Kinois affirment avec des trémolos dans la voix que Ngobila est né plutôt à Inongo. Il serait venu à Kinshasa à l’âge de trois ans. Stupeur et tremblements! A beau mentir qui vient de loin, surtout qu’il n’existe pas d’état civil dans notre pays convoité par tous les pays voisins et la Chine.
D’après mon ami qui sait tout, Kinshasa qui est devenue capitale du Congo Belge, le 1er juillet 1923, est une ville très mal gérée. L’ancien gouverneur, l’inénarrable André Kimbuta a laissé une ville en pleine pagaille. La motion de déchéance de Godé Mpoy sera présentée, sauf imprévu, ce mercredi 28 juin. La messe est dite. Il risque d’être destitué.
On dit chez nous que quand l’argent parle, la vérité se tait.
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GML