Du haut de ses 12.848 km2 et de sa population estimée à 359.211 habitants en 2004, le territoire de Kungu est limité par les trois autres territoires de la province du Sud-Ubangi, à savoir Libenge, au nord, Gemena, au nord et dans une partie du nord-est, et Budjala, à l’est, ainsi que par le territoire de Bomongo, au sud, dans la province de l’Equateur, et la rivière Ubangi sur tout son flanc ouest, frontalier à la République du Congo. Il est divisé en cinq secteurs : Bomboma, Dongo, Lua, Moanda et Songo. Plusieurs peuples y vivent : les Bendere, Boba, Bozaba, Limponda, Lobala, Mabinza, Mbanza, Monzombo, Mwe, Ngbaka, Ngbandi et Ngombe. A la création du territoire dans les années 1940, son centre administratif fut excentré à l’ouest à Bomboma, dans les terres des Boba. L’administrateur colonial Mangette va le délocaliser en 1954, six ans seulement avant l’indépendance, tout en l’excentrant cette fois-ci à l’est à Kungu. Pour les uns, la délocalisation excentrée cette fois-ci à l’est à Kungu, en “pays” Mbanza, était influencée par l’épouse Mbanza de Mangette. Pour d’autres, seule comptait la facilitation des mouvements du grand administrateur colonial qui devait se déplacer régulièrement de Lisala, en passant par Budjala, pour prendre les vols de Léopoldville à Libenge. Il se trouve que Kungu est sur cet axe routier.
Dans des coins aussi reculés, les bourlingueurs ont l’habitude de s’adresser directement aux Maisons d’accueil des missionnaires catholiques et protestants, les deux seules églises à ne pas être corrompues dans le choix du prochain patron de la CENI, afin de trouver un logement propre. Ceux-ci ne sont malheureusement pas présents à Kungu. Il ne me reste plus qu’une option, l’unique auberge de la place, pompeusement baptisée Hôtel Boyokani, œuvre d’un Kasaïen médecin chef de l’hôpital local. Dans un enclos en bambous, il a construit deux maisons. Une petite, avec un salon, deux chambres, un petit entrepôt et une salle de bain. Une grande, avec une véranda, un salon, cinq chambres, une chambrette donnant sur l’extérieur pour le gérant et une salle de bain. Il y a aussi un grand entrepôt à la toiture en paille. Il sert également d’espace de vie pour un vieux gardien. La nuitée est à 15.000 FC.
Une mission de trois personnes venues de Kinshasa dont deux femmes m’a précédé. Elle est conduite par le Dr. Likwela BB Josia du Programme National de Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées à Chimiothérapie Préventive. Ils ont du mal à me croire quand je me présente comme un touriste. Car dans la zone, les touristes sont aussi rares que les poules à quatre pattes. Les femmes ayant occupé la petite maison, je suis logé dans la grande. J’y découvre une salle de bain qui ne donne aucune envie de l’utiliser. Heureusement que je passe une seule nuit avec les autres clients. Resté seul pendant les cinq jours suivants, j’emménage dans la petite maison à la salle de bain propre. Le gérant et le gardien me rassurent en m’invitant à ne pas avoir peur la nuit. En effet, Kungu traine la réputation infamante de la rébellion des Enyele, du nom d’un de ses villages où une dispute avec le village voisin de Monzaya sur l’accès à des étangs naturels poissonneux a dégénéré en 2009, à la suite des interférences des politiciens, en une insurrection armée du Mouvement de Libération Indépendante et Alliés (MLIA). La culture de violence consécutive aux rebellions successives du Mouvement de Libération du Congo (MLC) et du MLIA rend redoutable la justice populaire. Voleurs et autres criminels ont intérêt à bien se tenir.
Pour la restauration, le gérant me met en contact avec une diplômée d’Etat sans emploi et sans appui financier pour entreprendre des études supérieures ou universitaires. Elle habite la maison voisine. Avec 15.000 FC par jour, j’ai droit à trois repas. Quant à son salaire hebdomadaire, il est fixé à 60.000 FC, bien au-delà de ses propres ambitions. Cerise sur le gâteau, le cadeau d’un appareil de téléphonie mobile de 30.000 FC, question de pouvoir communiquer avec elle si nécessaire. Ses talents de cordon bleu en herbe font aussi le bonheur du gérant et du gardien. Car il m’est impossible de consommer seul tous ses repas plantureux.
Le 6 septembre, je présente mes civilités aux autorités locales : l’administrateur du territoire et son adjoint, le commandant FARDC et son homologue de la Police, les chefs d’antenne de l’ANR et de la DGM. Comme ailleurs, certains d’entre eux ne peuvent imaginer l’existence d’un touriste dans leur cité. Tout ce qu’ils connaissent, ce sont les fonctionnaires de l’Etat en mission. Mais l’administrateur du territoire qui est du Maniema et donc de l’est touristique les rassure. Deux radios animent la vie du territoire. L’une est l’œuvre d’un député national et l’autre, celle du système des Nations Unies venues au chevet de la population lors de la rébellion des Enyele. Intervenant à l’une d’elles au journal du soir, l’administrateur du territoire salue ma présence comme touriste. Le système des Nations Unies a également construit un beau palais de justice et un magnifique bureau de police à Kungu ainsi que les bureaux des secteurs à l’exception d’un. La localité ne dispose d’aucun cimetière. On enterre les morts dans les parcelles. Je découvre également que l’usage des latrines gagnerait à être popularisé dans ce coin du Grand Corps Malade Congo-Kinshasa.
Comme partout ailleurs dans ce pays atteint d’une mauvaise gouvernance chronique, les administrateurs de territoire accusent plus de quarante mois d’arriérés de salaire et de prime. Alors que les véhicules les mieux adaptés aux mauvaises routes congolaises sont bien connus, c’est-à-dire ceux utilisés par les missionnaires et les humanitaires, le gouvernement des corrompus leur a offert des Nissan pour les routes des pays développés en 2018. Le ministre qui aura passé la commande s’est sans aucun doute bien enrichi en rétro-commissions. Ce n’est pas de la corruption mais de la “coop”, dixit le président Félix Tshisekedi à la face du monde. Après une année, ces véhicules sont immobilisés sur toute l’étendue du territoire national. Les gouvernements successifs trainent les pieds pour autoriser leur vente ; ce qui leur fait perdre chaque jour davantage de leur valeur marchande. Alors remettre de l’ordre au Congo-Kinshasa dans ces conditions ? Discipliner une nation ? Espérer que les administrateurs de territoire deviennent des champions de la bonne gouvernance et des chantres de l’Etat de droit ? Autant nettoyer les écuries d’Augias.
Le 7 septembre, je visite la Mission Catholique Songo ainsi que le Secteur du même nom qui forment presqu’une même agglomération, à douze kilomètres. Il n’y a aucune congrégation des sœurs à la mission. Seuls deux prêtres. Leur grand problème, le taux d’analphabétisme qui avoisine les 80% en terre Mbanza. Le chef de secteur qui est lui-même Mbanza le confirme. Il m’explique qu’il est combattu par les élites des autres ethnies qui ne supportent pas que quelqu’un issu de son ethnie à lui se retrouve au sommet de l’administration du secteur. En apprenant que je suis originaire de la lointaine province du Kwilu, le curé et le chef de secteur m’offrent successivement un coq, des “makemba” et des arachides. Dans cet univers de grande pauvreté, je suis si gêné de recevoir ces cadeaux, qui feront le bonheur du taximan dont l’épouse venait d’accoucher, que je demande à ma poche de s’alléger à son tour. Bonne nouvelle, depuis l’administration Tshisekedi, me souffle le taximan, les secteurs perçoivent parfois les rétrocessions du gouvernement central. Quant à leur gestion, c’est une autre affaire, poursuit mon conducteur, car au niveau de l’administration provinciale, on tend la main quand les chefs de secteur vont toucher ces rétrocessions. Le bureau de police du secteur, lui, témoigne de la grande irresponsabilité de l’Etat congolais. Le commandant m’explique que ses sept policiers n’ont jamais été formés. Ils ne vont au travail que s’il y a une mission dans les villages d’où ils peuvent espérer revenir avec des poules arrachées aux pauvres villageois. Dans le cas contraire, ils préfèrent s’adonner à leurs activités champêtres compte tenu de la modicité de leurs salaires.
Le 8 septembre, je suis invité par un directeur d’école pour honorer de ma présence la cérémonie de proclamation des résultats de fin d’année. Je me retrouve à la tribune d’honneur de l’Ecole primaire Bilenge aux côtés d’un responsable de la sous-division de l’enseignement primaire et secondaire. Nous devons serrer les mains des trois premiers de chaque classe. Je suis surpris d’entendre le directeur annoncer que tous les élèves n’auront pas leurs bulletins. La raison est simple. Le gouvernement central ne les a pas encore envoyés. On a utilisé le reliquat de l’année dernière. Pourquoi une telle centralisation ? Plus tard, je vais apprendre qu’en 2017, les bulletins de toute la république étaient imprimés en Chine. Je sens aussitôt l’odeur des rétro-commissions sur le ministre qui avait passé une telle commande. Le directeur de l’EP Bilenge annonce également qu’en dépit de la gratuité de l’enseignement, seuls 500 élèves sur les 700 inscrits à la rentrée ont suivi les cours jusqu’à la fin de l’année. La faute incombe à la recherche des chenilles au mois de juillet. En 2014 et en 2021, cette recherche a entrainé un conflit entre le village Ngbandi de Ngbanda et celui Ngbaka de Lingotele, avec mort d’homme, les limites des terres ancestrales n’étant pas intériorisées de la même manière par les uns et les autres.
Il convient de souligner qu’à Kungu, la proclamation se vit exactement comme la fête de la Saint Sylvestre. La veille, on répète les pas de danse dans plusieurs parcelles. Les parents qui n’ont pas encore acheté des uniformes neufs à leurs enfants courent derrière la montre pour ne pas décevoir ces derniers. On achète des pétards. Les cheveux des filles sont richement ornés. Les parents eux-mêmes, surtout les femmes, arrivent sapés comme jamais à la cérémonie. Les élèves défilent dans les grandes artères de la bourgade avant la proclamation. Et après, on espère manger chez soi comme à la Saint Sylvestre.
Mieux que quoi que ce soit d’autre, les instituts supérieurs de Kungu confirment que les autorités congolaises mériteraient d’être pendues haut et court. ISP, ISTM et Institut Supérieur d’Etudes Agronomiques, leurs bâtiments respirent la misère et appellent à la révolte. En les visitant, j’apprends que trois fils de Kungu se sont fait de grands noms à l’échelle nationale. Il s’agit de Bemba Saolona, de son fils Jean-Pierre Bemba et du Cardinal Fridolin Ambongo. Deux autres noms sont cités dans l’entourage de Félix Tshisekedi et dans l’armée. Les Bemba et Ambongo sont issus du Secteur Lua. Leurs villages respectifs, Bombili et Bominenge, sont distants d’une vingtaine de kilomètres. Si tout le territoire est riche en potentialités agricoles, hévéa, café, cacao, palmiers à huile, coton, arachides, manioc, maïs, riz, makemba, etc., c’est au Secteur Lua qu’on peut découvrir les vestiges d’un passé glorieux dont le futur a été hypothéqué par la zaïrianisation, la plus grosse ânerie du président Mobutu après l’abâtardissement de tout un peuple à travers le culte de la personnalité qui poursuit son bonhomme de chemin de nos jours avec le phénomène “libanga” pendant que le président Félix Tshisekedi entretient une Coordination pour le changement des mentalités aux frais de l’Etat. Toujours en échangeant avec mes interlocuteurs au niveau des instituts supérieurs, je suis informé qu’en passant par Gemena pour atteindre Kungu, j’avais effectué un long détour. Car de Zongo à Kungu via Gemena, j’ai parcouru 365 km alors que via Libenge, j’aurais dû traverser 291 km. Comme le Secteur Lua se trouve sur ce dernier axe, le sang de bourlingueur qui bouillonne en moi m’impose cet itinéraire pour mon voyage retour.
Le 9 septembre, les motos étant rares à Kungu par rapport à Gemena et loi de l’offre et de la demande oblige, je loue chacune des deux engins de mon convoi à 40.000 FC en plus d’un total de 24 litres d’essence au prix de 2.800 FC le litre. A la sortie de Kungu sur la route de Gemena, nous empruntons un sentier en pleine forêt à gauche, retrouvons une route quelque part pour de nouveau nous engager dans un sentier. Des grands villages Ngbaka me saluent pour la première fois de leur existence : Bombese, Bobozo, Bominenge, Bombiti, Isabe et Mogalo, le terminus de la navigation sur la rivière Lua. La zone est marécageuse et l’état des routes plus que déplorable. Pour les taximen, je n’ai encore rien vu. Car pendant la saison des pluies, la situation est tout simplement dramatique. Député national, un jeune frère du Cardinal Ambongo s’est substitué à l’exécutif pour réparer certains tronçons avec des moyens de bord. Je m’arrête à CUM Boto qui forme presque la même agglomération avec Bominenge, le village d’origine du Cardinal Ambongo. Des larmes de colère inondent aussitôt mes yeux en voyant une illustration de plus du gâchis tragique de la zaïrianisation. CUM Boto fut un centre de rayonnement de la modernité dans le territoire de Kungu. Son usine de traitement de l’hévéa était en avance sur son temps. Des plantations de diverses cultures, il y a en avait partout dans la zone : Paris Kasongo, Paris Bobabili, Bombili, Susa, Gusuma et CUM Boto. CUM Boto ! Personne ne parvient à m’expliquer l’abréviation CUM. Des infrastructures industrielles géantes laissées à l’abandon de même que les villas somptueuses de style colonial pour les cadres. Seul l’hôpital fonctionne encore. Acquise par Litho Moboti, l’entreprise a fait faillite avant d’être revendue certainement pour une bouchée de pain à un Ivoirien nommé Kante, marié à une députée nationale de la province. On raconte que derrière l’Ivoirien se cache Joseph Kabila, l’homme pour qui la fonction de président de la République fut synonyme d’enrichissement sans cause par excellence. Une culture qui se poursuit allègrement et sans le moindre état d’âme de nos jours avec le scandale RAM, pour ne citer que cet exemple, et cela dans un Etat dit de droit. On raconte également que Kante a démonté les machines qui faisaient l’avancée de CUM Boto pour les envoyer dans son pays. Quant à ses travailleurs, ils vivent dans des conditions pires que celles dénoncées par Emile Zola dans Germinal pour les ouvriers européens du XIXème siècle.
A Bominenge, la résidence du Cardinal Ambongo est en harmonie avec son rang social. Ses frères me laissent la photographier. Les taximen m’expliquent que si on doit se rendre à Bombili, village d’origine des Bemba, on arriverait tard au marché hebdomadaire d’Isabe, réputé dans le négoce des poissons. Mais à Isabe, le coin du marché réservé à la vente des poissons est désespérément vide. Les fêtes de la proclamation des résultats de fin de l’année ont tout raflé dans toute la zone. Je me console en visitant le terminus de la navigation sur la rivière Lua à Mogalo qui forme presque le même bourg avec Isabe. Un port jadis important pour CDI Bwamanda tout proche qui évacuait ainsi sa production, surtout son fameux soja, vers la capitale. De la rive droite de la Lua à Mogalo jusqu’à Libenge, une bonne centaine de kilomètres, la route est impraticable pour les véhicules. Trois ponts se sont effondrés. Depuis de longs mois ; ce qui est normal dans une république où les dirigeants font semblant de gouverner. Au lieu de prendre le chemin le plus court, je choisi le plus long qui passe par la Mission Catholique Mawiya. Celle-ci forme presque la même agglomération avec le secteur du même nom. Ce qui impressionne sur ce tronçon en cette période de l’année, ce sont les champignons. Il y en a dans tous les villages. Ils attendent désespérément des acheteurs.
Le 20 septembre, après quelques jours, non prévus au programme initial, passés à Libenge pour saluer les parents biologiques de mes filles adoptives et rendre compte de vive voix du succès de leurs études à Kinshasa, photos et vidéos à l’appui, je regagne Zongo par véhicule. Le lendemain, je rebrousse chemin avec un autre convoi de deux motos jusqu’à Mole (35 km), une bourgade qui accueille des réfugiés centrafricains. Je suis décidé à me lancer à la découverte de la chute du même nom située à 25 km plus loin. Haute de 100 mètres, elle est visible à partir de Mole. J’engage deux guides qui connaissent la région au prix total de 60.000 FC. Nous achetons quelques vivres. Après 3 km de route, nous nous engageons dans un sentier dont la circulation est particulièrement difficile à cause des herbes qui le couvrent. Sur les 23 km qui nous restent, il n’y a pas un seul village. Seuls des “nganda” des agriculteurs et éleveurs dans un paysage dominé par les termitières. Celles-ci sont une aubaine pour le Sud-Ubangi car les termites sont riches en protéine. Mais elles sont également une calamité pour les maisons que détruisent les mêmes termites. Le taximan qui me conduit m’informe qu’en sixième secondaire, leur professeur leur avait demandé une fois de disserter sur l’action des termites. Après les treize premiers kilomètres parcourus en une heure, nous arrivons au “nganda” Yaka. Un ingénieur agronome devenu villageois par manque d’emploi me conseille de rebrousser chemin car la circulation est encore plus difficile sur le tronçon de sentier restant. Il me conseille de revenir “na gala”, c’est-à-dire pendant la saison sèche, de préférence entre janvier et mars, période pendant laquelle les feux de brousse ont lieu, dégageant les multiples sentiers de longues herbes qui les étouffent. Je me console en découvrant le lac Yaka d’une superficie de moins d’un km² et riche en poissons, surtout le poisson “nina”. L’ingénieur nous apprend également que des Chinois prospectent dans la zone, à la recherche des minerais, et qu’ils auraient déjà découvert de l’or en amont de la chute et du diamant en aval.
Sur le chemin de retour, les deux guides se trompent parmi les mille et un sentiers que nous croisons. Pendant près de trois heures, nous circulons sans retrouver le bon sentier. Nous voyons bien la première forêt que nous avions traversée à l’aller. Mais nous ne savons plus par où la traverser. Tout d’un coup, un jeune homme connu de l’un des guides débouche sur un sentier qui croise le nôtre. Je lui explique notre situation. Il rit aux éclats, nous informant que nous avons pris la direction contraire. Ses instructions sur la bonne sont si difficiles à suivre que je l’invite à prendre place à bord de la moto qui me conduit. Il pose une condition. Il doit avant tout ramener ce que contient son sac à son épouse dans leur “nganda”. Il s’agit de ce qui composera le menu du repas du soir. C’est chose faite. Au “nganda”, il se présente. Son nom est Kashama. Il est le fils d’un 1er lieutenant originaire du Kasai, décédé à Zongo en 2009. Depuis lors, il a laissé pousser ses racines à Mole où il a épousé une fille Ngbandi de Libenge. Au “nganda”, il vit avec un “deuxième bureau” Ngbaka de Gemena. C’est aussi cela le Congo-Kinshasa que Mobutu a légué à la postérité. Le bon sentier retrouvé, Kashama et moi, nous nous quittons chacun avec un large sourire. Il confesse que je suis plus humain qu’un groupe des Nande qu’il avait guidé une fois à la chute. Eux aussi prospectaient comme les Chinois. Merci infiniment mon jeune “frère” et “fils” Kashama d’avoir été là pour moi au bon moment.
La visite de Kungu met fin à mon tourisme dans le Sud-Ubangi, à moins d’y retourner un jour “na gala” rien que pour découvrir la chute Mole qui me fascine tant en la voyant de loin à 25 km à partir de Mole et celle de Kutubongo (35 m de haut), située dans la même zone de Zongo. J’ai été dans les quatre territoires de la province. J’ai touché du doigt ses potentialités agricoles immenses. Comme ailleurs à travers le territoire national, celles-ci n’attendent qu’une et une seule chose pour contribuer au bonheur des Congolais. La refondation de l’Etat hérité de la colonisation qui doterait celui-ci d’un système effectif de poids et contrepoids, les fameux checks and balances, garants de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs législatif, exécutif et juridictionnel. Une séparation indispensable à l’avènement de la bonne gouvernance tant chantée par les gouvernants successifs dans leurs slogans débiles mais tant attendue par un peuple martyrisé depuis de longues décennies.
Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo