Le discours était très attendu après les consultations initiées par le Président de la République. Le 2 novembre et terminées un mois après. D’aucuns ont comparé l’attente du peuple congolais, éparpillé partout au monde, face à ce discours aux grands moments sportifs que les gens veulent absolument vivre en direct.
La grande attente était justifiée du fait que la population congolaise voulait savoir s’il allait mettre fin à la coalition entre le FCC et le CACH ou s’il allait plutôt poursuivre la collaboration, sous une autre formule, par ailleurs, difficile à envisager, avec des partenaires qui ne partageaient pas sa vision de la gestion du pays.
Enfin, Félix a prononcé son discours qui a duré une trentaine de minutes. Il a commencé par faire un catalogue d’une longue liste des desiderata qui avaient émergés des mémorandums et des carnets des charges qui lui avaient été soumis lors de consultations. Il a salué et adressé les remerciements les plus patriotiques à tous les acteurs politiques et les autres composantes de la société qui avaient pris le temps d’y participer et aussi ceux qui voulaient y participer et qui n’ont pas pu le faire pour différentes raisons.
Après une circonlocution de mots: rejet de la coalition par la grande majorité de ceux qui se sont exprimés, mettre fin au statu quo et, à des allusions réitérées de son immense douleur, doublée de révolte face à la dégradation de la situation, voulue et orchestrée par les fossoyeurs de la République, Fatshi s’est prononcé clairement en décrétant la fin de la coalition. Puisque, a-t-il renchéri, celle-ci n’a pas été, au terme de deux ans, en mesure de répondre aux aspirations et attentes du peuple congolais.
Au-delà de toutes ces récriminations contre son ancien allié, le FCC, le président a préféré s’adresser à toute la nation. Il a lancé un appel à la mobilisation générale, pour que le peuple congolais, tout ensemble, puisse penser, réfléchir et trouver des solutions durables pour sortir le pays du gouffre dans lequel il a été plongé sciemment par les ennemis du peuple, par le cancer de la corruption. Pour amplifier son message, il a parlé dans les quatre langues en disant notamment: mosala ebandi.
Ce ne sera pas une tâche facile au regard de ce qu’il faut entreprendre. La liste des points à redresser ou des réformes à mettre sur place était longue à la hauteur de nombreux problèmes qui affligent le peuple congolais. Si la crise était politique et qu’il fallait des solutions politiques tel qu’il vient de l’annoncer par la nomination d’un informateur qui va vérifier l’existence d’une nouvelle majorité qui va remplacer la coalition FCC-CACH, les problèmes gangrènent toute la société et requièrent une réforme profonde dans tous les secteurs. C’est pour cela que le Président a pris la peine de sensibiliser toute la population en leur disant d’être prêt pour se mettre au travail. Car, c’est le travail qui va transformer le visage du Congo et amené, dans la solidarité, toute la population et non seulement une classe politique, à en bénéficier.
Félix Tshisekedi a rempli son contrat. Il a coupé avec ses partenaires d’hier avec lesquels ils étaient engagés dans un mariage contre nature. La décision n’était pas facile à prendre. En effet, on a assisté comme toujours au fameux ballet diplomatique qui visait à atténuer l’impact d’une décision pouvant ne pas contenter le FCC et amener le pays à plonger dans une période d’instabilité politique. Ce clin d’œil répondait aussi aux appels du FCC qui ne voulaient pas rompre l’alliance et menaçait ouvertement de provoquer le chaos.
Heureusement pour le peuple congolais, Félix n’a pas fléchi. Il a privilégié l’intérêt de tous les enfants et courageusement, il a pointé droit vers son projet de rassembler tout le monde dans une union sacrée de la nation.
Le premier pas étant franchi, il faudra maintenant maîtriser tous les autres paramètres afin de permettre la réussite de la mission de l’Informateur. Déjà, ces derniers jours la bataille était engagée au parlement, à travers la pétition contre Mabunda, pour arriver à former une nouvelle majorité. À ce propos, les cris se sont élevés pour dénoncer le débauchage des députés au profit du camp présidentiel, oubliant que la fidélité aux regroupements politiques ne peut se faire au détriment de la nation et de ses intérêts.
La RDC vivait un gros scandale, une aberration totale où une clique de gens se croyait en devoir de prendre en otage le reste de la population. Face à ce tournant historique, ceux et celles qui ne se rallieront pas, ils n’auront d’autres choix que celui de se retrouver dans l’opposition.
Un champ nouveau s’ouvre pour faire la politique autrement et pour démontrer à la face du monde que la RDC compte des filles et des fils qui sont capables d’œuvrer pour le bien commun de tous afin de construire la société que la jeunesse, meurtrie et sacrifiée, mérite, pour paraphraser le président Félix. Tout cela ne peut se faire qu’à travers une volonté politique ferme et une vision claire qui va permettre d’asseoir un État de droit et de mettre en place une bonne gouvernance fondée sur des valeurs saines et républicaines. Le travail ne fait que commencer. Pour tous.
Mwamba Tshibangu