La RDC est convoitée par beaucoup de pays, cela est connu depuis des lustres. La situation actuelle, avec le cas de Minembwe en exergue, suscite des interrogations sérieuses. Tout semble indiquer qu’il y a quelque chose qui se trame contre le pays, non en coulisse, mais de manière sournoise et progressive.
Bien que le décret n⁰ 13//029 du 13 juin 2013 portant création des communes rurales remonte aux années où la gestion du pays était entre les mains d’un certain Joseph Kabila, c’est maintenant où il se matérialise. C’est maintenant où Ruberwa, inamovible ministre d’État, qui a occupé plusieurs postes stratégiques dont celui de ministre de la défense et qui fut parmi les 4 vice-présidents à l’époque du fameux 1+4, a trouvé le moyen de poser le jalon de ce projet.
En écoutant une vidéo d’Honoré Ngbanda, il affirme – document à l’appui – que ce projet fut élaboré et décidé par Paul Kagame en 2013. Dans l’entre-temps, la situation de l’est du pays se dégrade et s’embrase, au jour le jour. C’est une situation intenable et inacceptable. Le carnage humain, sans discontinu, s’y opère au vu et au su de tous, dirigeants au pouvoir et opposants. Les natifs de ces coins, qui sont les premières victimes indiquées, comptent parmi eux des acteurs engagés de leur propre destruction et anéantissement. Ces derniers brillent par leur complicité et trahison en faveur des égorgeurs patentés.
L’ampleur du problème ne peut échapper à tout observateur. Chercher à indiquer, à tour de rôle des coupables, sans opposer une force certaine et organisée pour contrecarrer le plan déstabilisateur des autres, serait un exercice inutile et improductif. Car, après tout, les autres avancent, à petits pas, mais sûrement. Ils jouissent du privilège de ne pas être particulièrement inquiétés. Ils ne sont pas, sinon de manière purement allusive, dans les viseurs de ceux qui laissent la cible tranquille (les coupables) et s’attaquent à l’ombre du problème (les boucs-émissaires).
Si jamais, par malheur, une portion du territoire congolais sera cédée ou spoliée, ça ne sera pas totalement, comme certains le pensent et le dénoncent à la longueur de journée, la faute d’un individu, fusse-t-il Président de la république. Ça sera surtout et avant tout, la faute de toute la population qui a le devoir sacré de défendre, en s’unissant et non en se divisant, le patrimoine commun hérité de nos ancêtres. La faute du Congolais – et les autres le savent et l’exploitent à fond, c’est de ne pas savoir quand attaquer l’autre (son frère) de front et quand l’épargner et s’unir à lui, en dépit et malgré tout, pour sauver d’abord la maison commune. Cette erreur stratégique risque grandement de coûter cher au pays. Le manque de communion d’intérêt et de jugement d’opportunité sont une faiblesse caractéristique des Congolais.
Cette tare fratricide est amplifiée davantage par des considérations souvent teintées du venin de tribalisme qu’on a de la peine à dissimuler. Si les gens sont encore ancrés dans le clanisme et dans le « wewisme » ou le « muanetuisme », pourquoi alors s’attacher à un grand pays où vivent des centaines et des centaines des tribus? Un effort devrait être fait pour voir le problème autrement. Les ennemis du pays savent et entretiennent ces faiblesses. Le résultat est là: un pays profondément divisé. Un pays qui s’accroche mordicus aux valeurs passéistes. Un pays où les leaders aveuglés et assoiffés du pouvoir pour le pouvoir ne savent pas établir des priorités et sont manifestement incapables de tourner en leur faveur des plans diaboliques et nauséeux connus depuis longtemps qu’on se limite à dénoncer.
Qu’il soit bien clair, à l’heure actuelle, tout soulèvement politique sera voué à l’échec et sera même les prémices d’une balkanisation. Car, une partie de l’opinion marche avec le pouvoir et croit en ce pouvoir en dépit de son incapacité actuelle à imprimer un changement radical auquel les gens s’attendaient après la déchéance de l’ancien régime.
L’intérêt du pays est en jeu. La majorité de Congolais tient à préserver l’intégrité territoriale. Il faudra absolument repenser toute la façon de combattre l’ennemi. Celui-ci a, certes, une force financière pour corrompre et acheter les plus faibles, mais il n’est pas invincible. Il suffit de créer les conditions adéquates pour le neutraliser et l’anéantir. Les politiques devraient exercer leurs divisions sur des champs spécifiques et trouver un terrain de convergence sur ce qui est capital.
De ce qui découle, ne conviendrait-il pas aux politiciens d’avoir un point de vue commun et de demander à ce que cette mesure ne soit appliquée en tenant compte des susceptibilités que cette question soulève dans la société? Que tous les leaders politiques en vue, à travers leurs partis politiques respectifs, fassent de Minembwe non un enjeu politique pour se déchirer et se diviser davantage, mais une question primordiale où un consensus clair doit être dégagé. Le pays a besoin de l’unité et d’une approche consensuelle pour contrecarrer le plan déstabilisateur des autres. Ce n’est qu’en agissant ainsi, dans l’intérêt suprême de la nation, que Minembwe restera pour toujours ancré dans le sol congolais.
Par Mwamba Tshibangu