Mgr Fulgence Muteba à Bruxelles: Même durant les guerres, on ne bombarde ni les églises, ni les hôpitaux

Très grosse affluence dimanche 14 janvier 2018, à l’église Notre Dame de Jette à Bruxelles, lors de la messe dite en mémoire des victimes du 31 décembres 2017 à Kinshasa. Entre 1.000 et 1.200 personnes: dans l’église, agglutinées dans le fond et dehors.

Le culte était officié par Monseigneur Fulgence Muteba, évêque du diocèse de Kilwa-Kasenga, dans l’Ex-Katanga.

Grosse affluence à l’église Notre Dame de Jette

Monseigneur Muteba a commencé son homélie en donnant la liste des victimes de la barbarie qui s’est abattue sur les fidèles catholiques. A chaque nom était associé le lieu du décès, l’âge, la cause de la mort, la paroisse d’appartenance ainsi que l’adresse du défunt.

Véritable ministre de la parole, Monseigneur Muteba a eu les mots justes pour non seulement dépeindre la situation dramatique actuelle du pays, mais pour répondre aussi indirectement à celui que le clan Kabila considère comme le champion de la parole, Lambert Mende pour ne pas le citer. Pas de comparaison possible entre le prince de l’église et le chantre du Kabilisme, le jour et la nuit.

Présence remarquée lors de ce culte, celle de Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga, accompagné de quelques uns de ses proches collaborateurs.

Tant à son entrée que durant le culte, les caméras n’avaient que lui comme objectif que Moïse Katumbi, oubliant parfois de suivre le culte.

Avant la bénédiction finale, l’abbé Faustin Kwakwa, l’un des officiants signalera la présence au fonds de la salle de quelques personnes qui ne semblaient pas apprécier la présence dans l’église de certaines autres.

Lors de la sortie des officiants ainsi que de la délégation de Moïse Katumbi, on entendra quelques cris contre l’ancien gouverneur.

MEME COMPORTEMENT DANS L’EGLISE QUE CELUI DES GENS DE KABILA?

Après avoir suivi l’homélie de Monseigneur Muteba dans lequel il avait dit: « Même pendant la guerre la plus atroce, on ne bombarde pas les églises, on ne bombarde pas les hôpitaux », une conscience normale ne peut qu’être interpellée.

Grosse affluence à l’église Notre Dame de Jette

Toutes proportions gardées, ceux qui ont « bombardé » l’église Notre Dame de Jette avec des propos injurieux, n’ont-ils pas eu le même comportement que celui de la soldatesque kabiliste, le 31 décembre 2017 dans les églises catholiques de Kinshasa? Même pas une heure après avoir écouté la bonne parole, purée! Cela est-il profitable au combat des Congolais de la diaspora pour chasser Kabila et toute sa clique?

Durant tout le mois de décembre 2017, sous l’impulsion de ses administrateurs dont Paul Nsapu, Marie Henriette Luvengika et Cheik Fita, associée à quelques associations des Congolais de Belgique, la plate-forme « Antenne Monde de la Société civile RD Congo » a tenté de mobiliser les Congolais chaque vendredi pour rappeler que le 31 décembre 2017, pour Joseph Kabila c’était la fin: « ESILI », comme l’avait si bien affirmé la déclaration du manifeste du citoyen congolais « ESILI » à Paris en août 2017. Au début, c’était laborieux. Mais au final, il y eut un résultat, la marche du samedi 30 décembre à Bruxelles parvint à attirer plusieurs centaines de personnes.

Dans la foulée, la messe du groupe Épiphanie du 7 janvier dernier connut une grande affluence. Et la messe de ce 14 janvier sera un succès plus grand encore.

Avons-nous réussi à chasser les imposteurs? Non.
Pour y parvenir, devrons-nous être de plus en plus nombreux et unis? Oui.
Les cris dans l’église ce jour, contribueront-ils à attirer d’avantage de Congolais? Peu probable.

Or, il a été décidé un sit-in chaque jour devant l’ambassade en Belgique de la RD Congo pour asphyxier  Kabila et ses ouailles. Le parasitage de la messe du groupe Épiphanie aura-t-il été productif ou contre-productif?

 

Par Cheik Fita, in Info en ligne des Congolais de Belgique , 14.01.18
© Congoindépendant 2003-2018

 


LARGES EXTRAITS DE L’HOMÉLIE DE MONSEIGNEUR FULGENCE MUTEBA

… Je propose ces paroles à nos six fidèles catholique de kinshasa fauchés par la folie meurtrière des agents ayant la noble mission de sécuriser la population, mais ils se sont transformés helàs, en bourreau  du peuple. En hommage à ces fidèles qui ont sacrifié leur vie pour libérer notre pays d’une dictature qui a honte de son nom, je me fais le devoir de citer nommément

  1. Jean-Baptiste Landende Mulamba de la paroisse Saint François de Salle, retraité de l’ex-Onatra, âgé de 75 ans, domicilié au camp Onatra à Kintambo, avenue de l’OUA, bloc 6, mort à son domicile pour avoir inhalé une grande quantité de gaz larymogène;
  2. Godebfroid Namwisi Maikwenge, membre de la fraternité de paix, de groupe qui met de l’ordre à l’église, de la paroisse Saint François de salle , 67 ans, domicilié sur l’avenue Bandundu 120 bis à Kintambo, mort lui dans une rue pendant la marche, de suite de l’inhalation du gaz lacrymogène
  3. Mambimbi Kianga de la paroisse Saint Paul, Barumbu, 60 ans, sans emploi, avenue Kitega N°22, tué dans sa parcelle, par balle de fusil, à bout portant, par un policier;
  4. José Fataki de la paroisse Saint Alphone de Matete, les circonstances de sa mort doivent encore être élucidées après une enquête en cours, mais qui rencontre encore beaucoup d’entraves;
  5. Héritier Ibanda de la paroisse Saint Kizito à Limete-Kingabwa, mort par balle et dont la famille a été interdite d’organiser les funérailles;
  6. Hervé Bena Kalala de la paroisse Saint Marc, domicilié à Kimbanseke, abattu par balle dans la paroisse Sainte Famille à Ndjili.

Cette liste n’est pas exhaustive, mais je constate que sur cette liste ne figure aucun terroriste, aucun Kuluna, rien que des simples fidèles, convaincus de leur foi, et fier d’appartenir à un Congo, si malade soit-il.

Frère et soeur, la vie a un caractère sacré indéniable et inviolable, dès lors; il est révoltant que des vies humaines soient arrachées avec tant de violences dans les circonstances où, cette violence pouvait être évitée. Vous savez sans doute pourquoi.

Même pendant la guerre la plus atroce, on ne bombarde pas les églises, on ne bombarde pas les hôpitaux. Il faut s’être débarrassé de ce sentiment humain pour aller violenter des simples chrétiens dans les lieux de culte et de prière. Revendiquer l’application de l’Accord de la Saint-Sylvestre n’a en soi rien de subversif. Cela s’est fait en plus dans le cas qui nous concerne, de manière pacifique. Pourquoi alors tant de brutalité? N’est-ce pas l’illustration d’un gangstérisme politique?

L’on notera qu’un régime politique qui ne respecte pas la dignité de la personne humaine, et de surcroit quio recourt à la violence aveugle, chaque foi que la démocratie tente de s’exprimer, est loin de construire un état de droit. C’est ici l’occasion d’affirmer que la vie de nos frères tombés le 31 décembre 2017, n’est pas anéantie, nous l’avons bien entendu dans la première lecture, je cite « grâce à l’amour du Seigneur, les morts ne sont pas anéantis. (livre de lamentation chapitre 3, verset 22)…

Mort…

Nous demandons  à Dieu de pardonner à ceux qui sèment aveuglement la violence et la mort, le Christ a pardonné ceux qui font ça dans notre pays ne semblent pas savoir ce qu’ils font, parce qu’ils sont aveuglés par les privilèges provisoires et passagers. Face au prix que représente la vi qu’ils ont fauché, il n’y a pas de commune mesure, mais la corruption mentale, c’est la plus dangereuse, et le fanatisme les maintiennent hélas dans une obscurité, telles qu’ils savent plus distinguer le bien du mal. La profusion du mensonge auquel nous faisons allusion, quand on évoque le caractère laïque de l’état qu’ils confondent avec laïcisme, quand on évoque la neutralité de l’état, nous le savons, un état peut être neutre, mais quand il viole le droit des simples citoyens, l’église en tout cas se tient droit dans ses bottes pour dénoncer. A eux, à ces gens là précisément, qui ont envoyé nos soldats tuer, violé, profaner des lieux sacrés, je donnerai cet exemple biblique:

« Des soldats envoyés pour arrêter Jésus le fils de Dieu, ces soldats ont usé de leur faculté de discernement, ils se sont rendus là où Jésus prêchait la parole, au lieu de l’arrêter directement, ils l’ont écouté, et ils ont compris que Jésus, ne disait rien de dangereux. Mais contre ses paroles étaient pleines de vie et de charme. Alors, qu’est-ce que ces soldats ont fait? Ils ont décidé de classer leurs menottes, et de rebrousser chemin. Face à la colère de leur chef, qui leur reprochait d’avoir commis le crime de devenir disciples de Jésus, ils ont rétorqué avec courage en utilisant ces paroles retentissantes: « Jamais, nous n’avons entendu personne parler de cette manières sur cette terre ». Cette attitude est à la base d’un principe qui honore la capacité de discernement, qui est exigée non pas seulement aux forces de l’ordre, mais aussi aux juges, tous ces gens qui signent des mandats d’arrêt, qui jettent leurs compatriotes en prison… Un principe qui s’impose à toute personne ayant une parcelle de pouvoir. Ce principe dit ceci: On n’obéit pas à un ordre injuste. J’espère que nos forces de l’ordre comprendront qu’on n’obéit pas à un ordre injuste.

Le sang de nos martyrs de la Saint Sylvestre n’a pas coulé pour rien. Comme on dit dans l’histoire du Christianisme, « le sang des martyrs est une semence ». Dans le cas qui nous concerne, ce sang est une semence de la démocratie, la vraie, pas celle qu’on proclame du bout des lèvres ou qui figure dans le nom très prestigieux de notre pays et qu’on viole à la pratique, pas celle-là.

L’histoire de notre pays a écrit en lettres de sang, hélas, une de ses pages mémorables qu’il va falloir tourner le plus vite possible, au prix d’une lutte qui ne fait que commencer. Il faut que chacun et chacune de nous participe à cette lutte. L’église en tout cas fait sa part à travers sa mission prophétique qu’on oublie souvent d’associer à la mission éducative… Nous avons 53% des écoles en RD Congo qui figurent parmi les mieux cotées, nous avons aussi une mission sanitaire qui fait un bloc avec la mission prophétique… A peu près 40% d’établissements sanitaires sont catholiques ou contrôlés par les catholiques, à cela s’ajoute aussi la sensibilisation électorale et la participation multisectorielle au développement. Voilà pourquoi nous disons à ceux qui croient que nous nous permettons un aventurisme politique: « le travail de l’église constitue un bloc. C’est un tout. Et comme nous participons au gouvernement céleste, il serait fort rétrécisse que nous puissions nous agenouiller devant un pouvoir mondain.

Chacun de nous chers frères et sœurs doit faire sa part dans la prière, l’engagement sous diverses formes, le patriotisme. J’insiste sur la prière parce que nos fidèles des 47 diocèses prient avec foi pour notre pays. Faites de même frères et sœurs.

Et faites plus.

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