Ce 14 février, jour d’une Saint Valentin tropicalisée, des femmes vêtues de noir usèrent leurs talons sur le boulevard du 30 juin pour réclamer la paix. Leur manifestation était parrainée par la sans pareille Mireille Masangu Bibi Muloko, ministre du Genre, Famille, Enfant qui espère en retirer des dividendes juteux. Ceci expliquant cela, elle avait déclaré urbi et orbi que c’était une marche pour la paix, la solidarité avec nos compatriotes de l’Est et le soutien au président de la République, chef de l’Etat, pour le rétablissement de l’intégrité territoriale. In cauda venenum! Au fait, les femmes en ont marre. Elles réclament hic et nunc la cessation des hostilités dans l’Est du pays. Elles disent « NON à la guerre ». Ouf! Nous l’avons échappé belle! Quand elles sont poussées à bout, nos femmes marchent parfois nues. Stupeur et tremblements! C’est le plus grand signal de protestation. Enfer et damnation! Il ne faut surtout pas croire que ce sont des pin up au ventre plat et aux seins pointus comme des sagaies qui se dénudent. Ce sont plutôt des matrones d’un certain âge dont les habits cachent l’épaisseur du temps, une peau avachie et des annexes. Saperlipopette!
D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, c’est depuis le samedi 10 février que les diplomates se sont transformés en gibiers peureux, particulièrement ceux des USA, de la France, de la Grande Bretagne et même la MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo). Des jeunes gens ont violemment et bruyamment manifesté devant les ambassades. Des pneus furent brûlés sur certaines artères du centre-ville. Ils étaient fournis à profusion par les wewa (conducteurs de motos-taxis). Les manifestants descendirent les drapeaux de certains pays et les brulèrent. Ils leur reprochent leur inaction face au M23 et au Rwanda. Ils brandissaient des banderoles sur lesquelles il était écrit « l’Occident complice du génocide congolais », « dégagez, bandes d’hypocrites », « agissez ou partez ». La population reproche l’inaction et la complicité des puissances occidentales face au M23 et au Rwanda. Des voitures des diplomates furent endommagées. Certains furent brutalisés. Des véhicules de la Monusco furent incendiés. Beaucoup de chancelleries fermèrent leurs portes. Tout ça était loin d’être spontané. N’est-ce pas que les meilleures improvisations sont parfois les mieux organisées?
Sous la pression des diplomates et par peur de dérapages et de pillages, la police a commencé enfin à protéger les chancelleries. Pour mon ami qui est devenu fou, tout ce cinéma ne sert à rien. Notre armée doit marcher sur Kigali. C’est la seule manière d’en finir une fois pour toutes. Suivant ses informations, même les gorilles de montagne qui vivent dans la Région des Grands Lacs préfèrent maintenant être du côté rwandais et non pas dans le Parc national des Virunga à cause de l’insécurité créée par le M23. Enfer et damnation! D’après mon ami qui sait tout, ce n’est pas la meilleure façon de défendre son point de vue face aux Occidentaux. C’est depuis 1948 que les Palestiniens ont choisi la voie du terrorisme pour défendre leur terre, sans beaucoup de succès. Les troubles qui ont débuté le 10 février semblent avoir été organisés par une « Main noire ». L’insécurité dans l’Est de notre pays n’est pas la faute des puissances occidentales qui condamnent d’ailleurs depuis un certain temps le soutien du Rwanda au M23. Ce sont plutôt la corruption et le manque d’ardeur de nos soldats au front qu’il faut réprouver.
L’enfer c’est les autres, écrivait Jean-Paul Sartre. On dit chez nous que pour un bon voisinage, regarde ce qui se passe chez toi, et non pas chez tes voisins.
GML