L’inanité des finances publiques.

Nos intellectuels ne sont pas les seuls à souffrir d’inanité. Il en est de même des finances du pays. Malgré les fanfaronnades d’un récent communiqué de la BCC (Banque centrale du Congo), les « caisses de l’état » ont été vidées.

Depuis plusieurs mois, des budgets de l’Etat ont été utilisés pour d’autres dépenses que celles prévues dans la loi des finances. Le gouvernement a laissé s’accumuler les impayés, ce qui n’a pas empêché ce même gouvernement de s’octroyer des indemnités de sortie scandaleuses. En outre, il a été fait main basse sur les trésoreries des entreprises publiques.

Résultats: des milliers d’employés ne sont plus payés depuis des mois, de nombreux fournisseurs arrêtent les prestations de travaux et de livraisons et il y a un risque de pénuries de médicaments.

Quelle est la destination de ces malversations? La CENI dont la gestion opaque a permis à Nangaa et ses complices de s’enrichir? Les achats d’armes dont une partie arriveront dans les mains de « groupes armés »? Ou simplement pour enrichir d’avantage quelques criminels en col blanc Probablement un mélange des trois.

Si le Président nommé aura bien quelques soucis, la population – y compris les sympathisants de l’UDPS – risque de payer un plus lourd tribut. Il n’est pas exclu que les cupides/incompétents de l’actuel ou du futur gouvernement soient tentés de faire tourner la planche à billet pour pouvoir en détourner rapidement une grande partie (avant la dévaluation qui en résultera). Ce qui provoquera une dépréciation du franc congolais dont la population sera à nouveau la principale victime.

En attendant, les protestations et les mouvements de grève se multiplient.

Le proche avenir se montre sombre. Suite à la chute des cours du cuivre et du cobalt et des mauvaises relations avec les sociétés minières, les recettes d’exportation chutent et les maigres réserves, résultant principalement du non-paiement des dettes en devises vont fondre rapidement et mettront en péril les importations.

Serait-on dans une nouvelle phase de la stratégie du chaos, économique et social cette fois?

Ces manœuvres de nos criminels en col blanc violent toutes les lois régissant les finances publiques et rendent le pays quasiment ingouvernable par manque de moyens financiers. Il sera impossible de répondre positivement aux mouvements de protestation qui s’amplifient. Il sera impossible de payer à brève échéance les employés privés de salaire depuis un grand nombre de mois dans divers organes relevant du gouvernement. Même les sympathisants de l’UDPS s’en rendront compte très rapidement.

Dans ces conditions, que faire en vue de protéger un tant soit peu la population?

Pression devra être faite sur FT pour que même en l’absence de moyens financiers il tente d’arrêter l’hémorragie.

Pour cela il pourrait actionner la seule arme dont il dispose: l’inspection des finances qui a été rattachée à la Présidence par Kabila il y a quelques années.

L’inspection des finances pourrait rapidement dresser un état des lieux et devrait en priorité comporter un audit de la chaîne des dépenses et des régies financières. Un tel audit devrait être réalisé avec l’appui de cabinets à réputation internationale.

Il pourrait également faire auditer les sorties de fonds des 12 derniers mois.

Tout paiement fait par le gouvernement pourrait être soumis, comme à l’époque de Muzito – alors Premier ministre – à l’autorisation de la Présidence. Idem pour toute transaction/contrat au-delà d’un certain seuil. Les dossiers élaborés par Luzolo Bambi devraient être relancés et publiés.

Avec très peu de moyens, de tels audits pourraient être réalisés à très brève échéance. En publiant les résultats de ces audits, il pourrait aussi concrétiser son soucis déclaré de transparence.

On aurait ainsi un test de la volonté et de l’habileté politique de FT et de sa marge de manœuvre réelle qui semble être encadrée de manière serrée comme il l’a été par sa veste pare-balles.

A défaut de faire un malaise, Il risque cependant d’être à son tour frappé par une inanité paralysante.

 

Par Jean-Marie Lelo Diakese

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