La République Démocratique du Congo, mon pays, est descendue dans l’abysse, entraînant avec elle la dignité et l’honneur de tout un peuple. Ce fiasco n’est pas le fait d’une génération spontanée. Bien au contraire, il est la conséquence d’une incurie, d’un ensemble de comportements et attitudes, d’irresponsabilités et d’une gestion dilettante totalement chaotique et opaque, qui a métastasé dans l’ensemble du pays. Tout est concentré, contrairement aux dispositions constitutionnelles, entre les mains d’un seul homme, avec son groupe, qui confisque tous les pouvoirs ainsi que le présent et l’avenir de notre pays en se servant royalement au détriment de l’ensemble de la population. Ce qui ne peut que justifier la déliquescence actuelle de la République démocratique du Congo, dont la population est réduite à l’état de gueux. Et cette réputation déteint malheureusement sur les citoyens congolais de quelque endroit qu’ils se trouvent.
La quête des libertés des citoyens congolais a viré au cauchemar avec la prise du pouvoir de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre), en 1997 en renversant le système odieux mis en place par Mobutu Sese Seko. Laurent-Désiré Kabila a trahi l’idéal démocratique tant espéré. Joseph Kabila, après un évanescent début qui semblait prometteur, s’est complu dans une dictature rétrograde et peinturlurée qui voit blanc, là où une écrasante majorité de la population voit noir. Un discours spécieux emmitouflé d’un souverainisme maladroit et vacillant, reste son seul fonds de commerce, pour éviter tout regard extérieur critique devant l’avilissement et les massacres à répétition auxquels le peuple est assujetti, les privations de libertés et de droits quotidiennes constatées tout le long de son dernier mandat, qui a plongé ce pays dans l’anomie totale, tutoyant le pandémonium; tournant ainsi son peuple en véritable risée de la terre entière.
Des arrestations fantaisistes, arbitraires et extrajudiciaires, voire judiciaires ont mis à nu un régime, violateur des lois de la République, et qui tient en laisse la justice et toutes les institutions de la République qu’il a instrumentalisées. Des valeurs telles que démocratie, liberté d’expression et de réunion, séparation des pouvoirs, droits humains etc. ronronnées de manière incantatoire en longueur de journée par les tenants du pouvoir, ne sont plus que des principes vidés de leur substance qui ne veulent plus rien dire dans ce beau pays, métamorphosé en enfer sur terre, que Kabila et les siens ont trahi et rendu exsangue pendant qu’eux se sont enrichis, tel que l’ont prouvé différentes publications très documentées.
La majorité au pouvoir, largement hors mandat, a eu son temps de gloire pendant que le peuple était relégué dans une pauvreté extrême, sans lui apporter des réponses idoines à ses besoins béants et urgents en termes du pouvoir d’achat, de sécurité, de démocratie, libertés et de gestion orthodoxe, oubliant que le temps, quelle que soit sa durée, finit par passer: 17 ans à la tête du pays paraissent trop longs, mais le temps en définitive ramène toujours à la réalité et brise le sentiment mégalomaniaque de toute puissance. En réalité, le système n’était pas plus puissant que le peuple, il avait l’illusion de toute puissance. Cependant, le voilà revenir à la pleine souveraineté reconnue au seul peuple, par le biais des élections et l’effacement acquis au prix du sang du dictateur Joseph Kabila de la compétition électorale présidentielle du 23 décembre 2018; alors qu’il y a peu il voulait jouer à « j’y suis et j’y reste! ». En définitive, la mobilisation tous azimuts du peuple, au prix d’énormes sacrifices, a fini par le contraindre, ses sbires et thuriféraires compris, à se rendre à l’évidence qu’il ne vaincra jamais ce vaillant peuple!
Au regard des potentialités que regorge la République Démocratique du Congo, sa population ne mérite pas de végéter dans cette extrême pauvreté dans laquelle le régime actuel l’a plongée. Pire, il lui prive même le droit de réclamer des comptes aux autorités, car chaque manifestation est violemment réprimée, et finit par des arrestations et mort d’hommes. Qu’est-ce qui reste encore à ce peuple du point de vue du régime finissant actuel? Rien, si ce n’est le devoir de se taire et de tout subir en silence!
Trop c’est trop! Il est temps que les choses changent, et elles doivent obligatoirement changer devant l’inhumanité criante dont fait preuve toute la kabilie qui semble atteinte d’une schizophrénie aiguë, qui pousse à se demander si ses sociétaires vivent réellement en territoire congolais, duquel ils semblent complètement ignorer la vraie réalité de la misère indicible qui s’y vit!
Par conséquent, il appartient à ce vaillant peuple, longtemps meurtri, de prendre à bras le corps le processus électoral afin de défenestrer sans ménagement ce système répugnant incapable de sortir le grand Congo du marasme politique, économique et social dans lequel il est plongé, car son bilan désastreux ne lui permettra jamais de continuer à conduire le leadership de ce pays.
Voilà pourquoi j’en appelle à la conscience de chacun d’entre nous, Congolais de l’intérieur comme de l’extérieur, pour se mobiliser au profit d’un nouvel ordre, celui de l’excellence, de la rupture, congédiant la médiocrité, l’anomie, la dictature, le culte de personnalité, la vassalité et l’irresponsabilité qui élisent durablement – fort malheureusement – domicile dans notre pays. La rupture doit être totale, car il faut revenir aux fondamentaux démocratiques qui sanctuarisent le pouvoir du peuple, sa libre expression et la prise en compte de ses desiderata, ainsi qu’un environnement sain dans lequel la justice reste le dénominateur commun favorisant l’éclosion et le rayonnement de notre pays par le travail et la loyauté à son égard.
Cependant, il ne reste plus que quelques jours aux citoyens congolais pour se défaire de la prise dictatoriale du pouvoir kabiliste, dont le dauphin, en l’occurrence monsieur Emmanuel Ramazani Shadary, n’a aucune chance de l’emporter dans un système électoral transparent, démocratique et juste; car le bilan on ne peut plus négatif de 17 ans de règne, dont il est comptable, joue monstrueusement en sa défaveur. Certains observateurs soulignent le fait que la nouvelle plateforme présidentielle mise en place, le Front Commun pour le Congo, ratisse très large et se lance avant l’heure en campagne qui ne dit pas son nom sur l’ensemble du territoire, pourrait lui permettre de remporter les élections du 23 décembre 2018. Analyse que je ne pourrais partager dans la mesure où le peuple congolais qui subit très violemment les effets de la mauvaise gouvernance et de la confiscation de toutes les richesses du pays par une « kleptocratie », ne serait pas écervelé pour reconduire ses bourreaux. En toute logique, une victoire électorale de ce groupe ne relèverait que de la fraude. Sa seule bouée de sauvetage! Si par extraordinaire, il s’en usait, la responsabilité collective doit impérativement convoquer l’arme fatale constitutionnelle prévue par l’article 64.
En définitive, il appartient à ce peuple meurtri, indigné, humilié et moult fois « violé » dans sa dignité et son humanité de prendre conscience et de se prendre en charge pour congédier tout ce monde qui, à un moment ou à un autre, ne lui a pas permis de bénéficier des richesses inouïes que regorgent le sol et sous-sol congolais. Cette occasion doit être pleinement saisie pour sanctionner et rejeter ce système anachronique et très éloigné des volontés populaires. Que ce peuple ne puisse plus jamais prêter le flanc aux aventuriers de tous bords qui tenteraient de lui imposer un régime totalitaire, rempli de courtisans en mal de positionnement. Ces élections doivent être celles de la rupture à tous égards avec la médiocrité, l’expectative, la passivité et la dictature; elles seront également l’occasion d’une ère nouvelle, celle de la responsabilité pour que plus jamais le peuple ne se laisse dompter par un potentat.
Par Freddy Matundu Lengo