Cardinal Laurent Monsengwo
Concerne: Votre Invitation
Au nom des compatriotes qui partagent notre analyse, Votre Éminence, je prends la respectueuse liberté de solliciter votre soutien, votre implication citoyenne en vue de nous accompagner pour la sauvegarde et l’établissement durable de l’Etat de droit dans notre pays.
Votre Éminence, vous n’êtes pas sans le savoir que depuis l’année 2006, la nation a, pour la toute 1ère fois de son histoire, dans le cadre du multipartisme, adopté par référendum son texte fondamental, l’actuelle Constitution. Et donc, à juste titre, nous pouvons considérer cette Constitution comme l’expression de « la Voix du Peuple ».
Elle est l’affirmation de sa volonté et son engagement à ne plus recourir ni soutenir toute sollicitation de gestion violente et contraignante de notre pays. Après deux élections controversées en 2006 et 2011, nous voici arrivé au temps d’organiser le 3ème appel électoral général.
En tant qu’observateur avisé, Votre Éminence sait que depuis 2016, le pays se trouve confronté à une crise institutionnelle aux conséquences politiques, sociales et économiques inqualifiables. Cette situation a engendré une déconsidération et une méfiance généralisée de la population envers les institutions de la République…
Aujourd’hui, bien qu’illégitimes, les animateurs de nos institutions exercent légalement leurs fonctions en vertu du principe de continuité de gestion des affaires de l’Etat.
Cependant, la conduite d’une nation sans légitimité et ce, uniquement sur base de la force institutionnelle, est un exercice anti-démocratique périlleux qui ne peut qu’aboutir à la contestation permanente et au final, à la fragilisation inquiétante des institutions.
En cette année électorale et, au risque de retomber dans la violence et la barbarie du passé, nous pensons qu’il est temps que nous mettions notre intelligence à trouver les voies et moyens en vue d’apaiser les tensions et de garantir l’organisation sereine, transparente et démocratique des prochaines élections.
Ainsi, nous arrivons à l’objet même de notre lettre ouverte. En effet, nous sommes convaincus que la recomposition du bureau de l’organe technique de gestion électorale rétablirait la confiance indispensable.
Dès lors, nous venons respectueusement et solennellement demander à Votre Éminence, de bien vouloir accepter de se rendre disponible pour reprendre le service civique inachevée en présidant pour le salut publique, l’institution technique chargée d’organiser les élections à savoir: la CENI.
Cette sollicitation que nous adressons à votre auguste personne, se fonde sur le fait que durant 6 ans, de 1991 à 1997, à la satisfaction générale, Votre Éminence a déjà exercé ce type de fonction qui n’a été interrompue qu’à la suite de circonstances indépendantes de votre volonté.
Convaincus de la justesse de la proposition, nous profitons de cette lettre ouverte pour demander:
- À l’ensemble de la Population de l’Intérieure du pays et de la Diaspora (qui a gardé une bonne souvenance de votre exercice civique antérieur durant la CNS et le HCR-PT) de soutenir et de se mobiliser à cet effet;
- À la Classe Politique toutes tendances confondues (spécialement, les candidats à l’élection présidentielle prochaine) de se manifester publiquement en faveur de cette invitation;
- À la Communauté Internationale (qui ne cesse de proposer sa contribution au devenir radieux de notre pays) de joindre effectivement la parole à l’acte en appréciant officiellement cette initiative;
- Et enfin, au Président de la République, garant du bon fonctionnement des institutions et de la paix sociale, de juger la pertinence salvatrice de cette initiative.
Ainsi, vu l’urgence et devant la nation toute entière, nous comptons sur la disposition du Président de la République en concertation avec la classe politique de convoquer une session extraordinaire du Parlement dont l’unique objet sera: La Recomposition du Bureau de la CENI.
Dans l’attente d’une suite favorable que vous réserverez à Notre Invitation de Disponibilité, recevez, Votre Éminence, l’expression de notre considération la plus respectueuse.
Ainsi, fait à Kinshasa, le 10 août 2018
Bossekota wa Bossekota P.E.S
Citoyen universel engagé
