Les tribulations à l’aéroport international de Ndjili 

« Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage »

Selon mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, un étranger qui arrive pleure deux fois, à son arrivée et à son départ. Il pleure quand il atterrit. Il vient de découvrir un aéroport qui est un véritable défi à un Etat moderne. Saperlipopette! Il pleure à son départ lorsqu’il dit arrivederci ou aurevoir à un peuple hospitalier, chaleureux et résilient malgré les difficultés.

Ceci expliquant cela, l’aéroport international de Ndjili est vraiment spécial dans son genre. C’est un des rares aéroports avec tant de monde sur le tarmac. Ceux qui se retrouvent-là sont conscients de leur importance étant donné qu’ils marchent impunément dans une zone normalement interdite. Au pied de l’avion, des bus attendent les passagers. Parfois il faut attendre longtemps, car il n’y a pas assez de bus à la suite des pannes. Stupeur et tremblements! Ces bus emmènent les passagers vers des baraquements construits avec l’aide de la Chine pour des tests covid. De là, ils se dirigent vers un modeste bâtiment appelé pompeusement aérogare modulaire inaugurée en juin 2015. Bienvenue à l’aéroport international de Ndjili!

Cette aérogare construite sur financement de la BAD aurait coûté près de 30 millions de dollars avec une capacité annuelle de 1 million de passagers. L’ancien terminal est réservé aux vols domestiques. Il est en plein délabrement. Enfer et damnation! Pour la petite histoire, GG Mart Super Marché vient d’inaugurer un hyper marché à ex Chanic sur l’avenue Colonel Mondjiba. Il est de loin plus imposant et plus grandiose que l’aérogare modulaire, pour un prix quinze fois moindre. Sapristi!

D’après mon ami qui sait tout, dans des aéroports au standard international, les bagages sont programmés pour arriver en même temps que les passagers, si pas avant. A Ndjili, il faut attendre parfois trois heures. A signaler que le bâtiment est doté seulement de 2 carrousels de livraison des bagages. Les toilettes ou plutôt latrines y sont clairsemées. Il est facile de les trouver en se laissant seulement guider par l’odorat. Comme si cela ne suffisait pas, les chariots pour porter les bagages sont confisqués par des individus non autrement identifiés. Ils ont là un moyen de se faire du fric. Il faut lâcher quelques espèces sonnantes et trébuchantes pour prétendre disposer d’un chariot. La sûreté n’est pas garantie. Les caméras ne fonctionnent plus. Elles sont en panne. Il paraît que les Chinois de la société Sino-Hydro qui ont construit l’aérogare n’ont pas laissé les renseignements techniques pour leur réparation et entretien à la RVA (Régie des voies aériennes).

Après avoir acheté son billet d’avion dont près de 50% sont constituées de taxes, il ne faut pas oublier de payer le Go-pass en espèces à l’aéroport. Cette taxe aéroportuaire a été instaurée depuis mars 2009. Elle s’élève à 50 dollars Yankee. Elle est payée en espèces et individuellement par tout passager embarquant dans un avion. Elle est censée financer la réhabilitation et la modernisation des aéroports. Il y a de quoi rire à s’en décrocher la mâchoire. L’appétit vient en mangeant. Bis repetita!

Une autre taxe aéroportuaire de 5 dollars de la ville de Kinshasa vient s’y ajouter. Il faut donc prévoir 55 dollars à payer à l’aéroport avant l’embarquement. Comme si cela ne suffisait pas, il faut encore décaisser 30 à 45 dollars pour le test de covid-19. Qui dit mieux? Ce n’est pas un bon moyen de promouvoir le tourisme. Malgré tous les sous décaissés, la RVA qui gère l’aéroport enregistre depuis plusieurs années des pertes dans ses exercices comptables. Les charges sont largement supérieures aux moyens générés. Bref, passons… Il faut pourtant un aéroport moderne dans notre pays convoité par tous les pays voisins et la Chine. Ce sera notre vitrine.

On dit chez nous que tant qu’on n’espère pas, on ne s’impatiente pas.


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