Les perspectives économiques en Afrique subsaharienne sont moins mauvaises

Le Fonds monétaire international prévoit, en Afrique subsaharienne, une croissance économique de 3,3% pour l’année 2023, 4,2% en 2024. Le taux de croissance prévu en RD Congo est de 6,7% en 2023 contre 4,7% en 2024.

Gaston Mutamba Lukusa

Le 10 octobre le FMI (Fonds monétaire international) a publié son rapport intitulé « Les Perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne » avec comme sous-titre « Une éclaircie en vue? » Suivant ce document, « à peine au sortir de la pandémie de Covid-19, les pays ont subi le ralentissement de l’économie mondiale, une inflation planétaire, un renchérissement des emprunts et une crise du coût de la vie. Par conséquent, la croissance en 2023 devrait chuter pour la deuxième année consécutive et s’établir à 3,3%, contre 4,0% l’année dernière. Cependant, le rebond tant attendu se profile à l’horizon. L’inflation diminue, les finances publiques se stabilisent et la croissance est sur le point de repartir à la hausse, pour atteindre 4,0% l’année prochaine. Les perspectives sont certes moins menaçantes, mais le moment n’est pas encore venu de crier victoire. Dans bien des cas, l’inflation demeure trop forte, les coûts de l’emprunt restent élevés, les pressions sur les taux de change persistent et l’instabilité politique continue de soulever des inquiétudes ».

Pour assurer le rebond qui se profile, les autorités ne doivent pas assouplir leurs politiques de stabilisation, tout en mettant en œuvre des réformes qui permettront à la fois de récupérer le terrain perdu après quatre ans de crise et de créer des marges de manœuvre supplémentaires pour répondre aux besoins de développement. Selon les prévisions, la croissance mondiale va ralentir, passant de 3,5% en 2022 à 3,0% en 2023 et 2,9% en 2024. Rappelons que le FMI prévoit, en Afrique subsaharienne, une croissance économique de 3,3% pour l’année 2023 qui devrait monter à 4,2% en 2024. Le taux de croissance prévu en RD Congo est de 6,7% en 2023 contre 4,7% en 2024. Le taux d’inflation est de 19,1% en 2023 et de 10,6% en 2024.

Comparativement, les pays africains subsahariens qui connaitraient un taux de croissance élevé sont le Niger (11,1%), le Sénégal (8,8%), le Rwanda (7%), la Côte d’Ivoire (6,6%), le Burkina Faso (6,4%), le Botswana (6,3%). Dans le projet de loi de Finances 2024, le gouvernement congolais prévoit un taux de croissance du PIB de 6,4% avec un taux d’inflation de 10,4%. Si le PIB baisse à 4,7% en 2024 contre les 6,7% prévus, cela signifie que les recettes budgétaires seront aussi en baisse. Le recul de la croissance du PIB en 2024 s’explique par la baisse de la croissance en Chine, notre principal partenaire commercial. Selon les dernières projections, la Chine connaitra un taux de croissance du PIB de 5,0% en 2023 et de 4,2% en 2024. L’économie congolaise, basée sur les exportations des matières de base, dépend de l’économie mondiale, notamment de la Chine. Elle est extravertie et donc vulnérable aux chocs externes. Les exportations dépendent à près de 95% des produits d’extraction, à savoir le pétrole et les mines (or, diamant, cuivre, cobalt, coltan, étain etc.). Il faudra procéder à la diversification de l’économie pour créer des foyers de richesses.

Lors du dépôt du projet de loi de Finances de l’exercice 2024 à l’Assemblée nationale, le 15 septembre, le premier ministre Sama Lukonde avait déclaré que les priorités du gouvernement seront le secteur de la défense nationale, la gratuité de l’enseignement, la couverture santé universelle avec la gratuité de la maternité et le suivi post-accouchement. Il a ajouté la diversification de l’économie nationale avec plus de moyens à l’agriculture, à la pêche et l’élevage, les nouvelles zones économiques spéciales et les infrastructures. Il faudra pour cela que l’exécution du budget de l’Etat corresponde aux inscriptions budgétaires. Ce qui n’est pas souvent le cas comme l’a démontré l’examen de la loi portant reddition des comptes du budget du pouvoir central, exercice 2022. Sans diversification de l’économie, le pays va continuer à produire ce qu’il ne consomme pas et à consommer ce qu’il ne produit pas. La population va continuer à connaitre une situation précaire sur le plan social, avec une pauvreté prévalant sur l’ensemble du territoire.

Gaston Mutamba Lukusa

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