L’affairisme des militaires asphyxie la Justice, expose les dénonciateurs, les victimes et les témoins au risque de vengeance.
Lubumbashi, le 30 juillet 2023.
L’Institut de recherche en droits humains (IRDH) en appelle au Président Felix Tshisekedi, magistrat suprême de mettre fin aux réseaux des vols des minerais de cuivre dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba, et exige des éclaircissements sur l’incendie de la maison du ministre provincial de l’Intérieur, Eric Muta Ndala. Le refus d’instruire à charge ou à décharge des généraux des FARDC et officiers des renseignements accusés ou dénoncés, crée un danger cruel à l’encontre des victimes, témoins et défenseurs des droits humains qui dénoncent les faits répréhensibles.
En fait, la Justice militaire n’instruit pas le dossier du vol de 120 tonnes de cuivre de la société minière Tenke Fungurume Mining (TFM). Ce déni de justice s’observe, en dépit de la plainte formellement déposée par le transporteur MAJ LOGISTICS LTD, à l’auditorat supérieur de Lubumbashi et de la dénonciation publique faisant état de l’implication directe des généraux de la 22e Région militaire, des officiers de l’Agence nationale des renseignements (ANR) et du ministre provincial de l’Intérieur, Eric Muta.
Ironiquement, après que l’affaire du vol soit médiatisée, le 10 juillet, le ministre provincial avait annoncé, via les médias sociaux, avoir « pris des vacances » à l’étranger. Et, curieusement, le 28 juillet, sa maison est incendiée par « des inconnus ». (Incendie rapidement maitrisé).
Du côté militaire, le général John Tshibangu serait envoyé à Lubumbashi, afin de contrevérifier les allégations de vol des cathodes de cuivre portées contre le général Smith Gihanga Mutara, commandant de la 22e Région militaire.
Là aussi, bizarrement, le général Gihanga, dans une lettre datée du 10 juillet, signale à sa hiérarchie que le général de brigade John Tshibangu est plutôt aller à Kolwezi d’où il le sollicite (lui général Gihanga) et Madame la gouverneure de la province du Lualaba, afin de libérer des « partenaires de son fils », trois chinois et un libanais arrêtés pour exploitation illicite de la mine uranifère et « hautement stratégique » de Kasompe.
Dans ce qui paraît comme une réaction contre des enquêtes dirigées contre lui, le général Smith Gihanga révèle l’existence des réseaux maffieux de voleurs et d’exploitants industriels illégaux, financés par des chinois et des libanais, sécurisés par des militaires de la Deuxième Zone de Défense du général Pacifique Masunzu, des officiers de la Police Nationale Congolaise (PNC), ainsi que des magistrats de l’Auditorat militaire.
En guise de recommandation, l’IRDH en appelle au chef de l’Etat et Magistrat Suprême de:
- Mettre fin à l’affairisme généralisé des généraux qui s’entraccusent;
- Enquêter sur les origines du financement de l’exploitation minière illicite, des réseaux maffieux chinois et libanais;
- Confier la poursuite des enquêtes sur le vol des 120 tonnes de cuivre de TFM, à l’Auditorat général près la Haute Cour Militaire, du fait que l’Auditorat Supérieur de Lubumbashi soit remis en cause par l’un des généraux accusés;
- Instruire le Gouverneur de la Province du Haut-Katanga à élucider l’incendie de la maison du Ministre provincial de l’intérieur, Monsieur Eric MUTA et le degré de son implication dans le vol des cathodes de cuivre.
Maître Hubert Tshiswaka Masoka
Directeur général de l’IRDH
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