
La prison change-t-elle les hommes? La réponse est plutôt affirmative. Il semble que certains anciens bagnards se modèrent; d’autres se radicalisent. Ceux qui ont suivi l’interview de Salomon Idi Kalonda Della sur le média « Top Congo », ont découvert un homme nouveau et attachant. Un homme dont le sourire dégage désormais une humilité non-feinte.
« Homme de l’ombre »
Homme de l’ombre, bras droit de Moïse Katumbi Chapwe que l’on ne présente plus, Salomon Idi Kalonda Della, la cinquantaine, est candidat au poste de rapporteur adjoint du Sénat. Le parti « Ensemble » l’a préféré à Norbert Nawej et Christine Mwando. La Chambre haute du Parlement congolais devait élire, samedi 10 août, les membres de son Bureau définitif.
« Je veux être constructif »; « j’entends privilégier le consensus »; « nous devons mener un combat d’idées »; « Nous sommes des Congolais. Ce qui nous divise est plus faible que ce qui rassemble ». Qui parle? C’est « Salomon », comme l’appellent tant ses proches que ses détracteurs. Devrait-on parler de « stratégie politique »?
Dans son intervention sur Top Congo, le « conseiller spécial » de Moïse Katumbi a surpris agréablement certains de ses détracteurs. « J’ai vu un Salomon méconnaissable, confie un katumbiste. Celui que je connaissais était un homme bouffi d’orgueil, arrogant et intransigeant ». Un Lushois, qui a requis l’anonymat, d’enchaîner: « Je crois que son emprisonnement l’a humanisé. Je l’ai trouvé modéré. Il affichait une humilité non-feinte ».
Natif du Maniema élu Sénateur au Katanga
Natif de Maniema et ancien Bruxellois, « Salomon » a passé la plus grande partie de sa vie dans le « Grand Katanga », sa province d’adoption où il a été élu Sénateur. Et ce à l’image du « Luba Kasaï » Jonas Mukamba Kadiata Nzemba, 93 ans, élu Sénateur dans la province de l’Equateur. Le « patriarche » a « gouverné », par deux fois, l’ex- « Grand Equateur ». Kalonda et Mukamba viennent de démontrer que le tribalisme et le régionalisme sont des phénomènes irrationnels. Des phénomènes qui découlent de la peur de l’inconnu. De la matière à réflexion pour les constitutionnalistes.
Après avoir été la « plaque tournante de l’ombre » du gouverneur du Katanga Moïse Katumbi, Salomon a connu des hauts et des bas aux allures de « traversée de la savane ».
En juin 2019, Kalonda est privé de son passeport congolais. A tort ou à raison, tous les regards étaient fixés sur « Fatshi » avec qui Katumbi et lui ont vécu dans une « complicité stratégique » pour faire défénestrer le « raïs ». « Vous me connaissez mal. Je suis un homme fier de ma personne », lançait Salomon à des proches qui l’exhortaient à contacter Fatshi au téléphone afin de faire débloquer son problème de passeport.
Accusations gravissimes
« L’amour et la haine sont des sentiments très proches », dit la sagesse populaire. A la surprise générale, le natif du Maniema est arrêté le 17 mai 2023 par des éléments de l’Etat-major de Renseignements militaires. Ici, trône un autre ancien Bruxellois, devenu officier général des FARDC. Il s’agit de Christian Ndaywel Okura. Les accusations sont gravissimes: incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline, détention illégale d’arme et des munitions de guerre et atteinte à la sûreté de l’Etat. « C’est une cabale », déclaraient, de manière unanime, les proches de Katumbi.
Jugé durant plusieurs mois par la haute cour militaire de Kinshasa, Kalonda est remis en liberté pour des « raisons humanitaires ». Après plusieurs semaines dans un centre hospitalier belge, le « Spécial », comme l’appellent les « renards » qui gravitaient autour de lui, Salomon est rentré dans la capitale où il va « savourer » désormais son entrée de plain-pied dans la politique. Au Sénat.
Dans l’interview accordée à Top Congo, le Sénateur Kalonda a affiché le visage d’un « homme né de nouveau » au sens spirituel. Il est resté modéré. Constructif. Humble. Il entend jouer le rôle de « chantre » du développement à la base. Selon lui, la population n’oublie jamais celui qui s’efforce à répondre à ses attentes. « Notre pays a besoin de réconciliation », a-t-il martelé. Le « nouveau » Salomon est-il arrivé? L’avenir le dira.
B.A.W.