Près de deux mois après sa nomination en qualité de Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge (JMSLK), a (enfin) rendu public la composition de la première équipe gouvernementale placée sous sa direction. La « proclamation » a été faite, lundi 12 avril, par le porte-parole du Président de la République, Tharcisse Kasongo Mwema Yamba Y’Amba. Comme il fallait s’y attendre, certains « nominés » suscitent déjà la controverse sur les réseaux sociaux. C’est le cas notamment du ministre de la Défense et de son collègue en charge des Infrastructures (Nous y reviendrons). Dans un prochain article, notre journal s’efforcera de publier des informations disponibles sur chaque membre du gouvernement.
Beaucoup d’appelés, mais peu d’élus: 4 vice-premiers ministres, 9 ministres d’Etat, 31 ministres, un ministre délégué et 11 vice-ministres soit au total 56 membres du gouvernement. Soit dix de moins que l’équipe précédente. On imagine qu’il y a eu, lundi 12 avril, une explosion de joie dans certaines chaumières; des pleurs et des grincements de dents dans d’autres. A Kinshasa, il se raconte que certains « candidats malheureux » se disent avoir été « trahis ». Trahis par qui?
Le Premier ministre « Sama » et les membres de son équipe seraient mal inspirés de sabler du champagne et de dormir sur leurs lauriers. C’est maintenant que le plus dur va commencer. Après l’oral devant l’Assemblée nationale où rien n’est acquis – avec un personnel politique congolais réputé versatile et corruptible -, le nouveau gouvernement devrait trouver, de toute urgence, des ressources pour financer son programme et passer vite à l’action. Un collectif budgétaire s’impose. Il s’agit de démontrer à l’opinion tant nationale qu’internationale que la coalition « Fcc-Cach » était effectivement la cause de l’immobilisme. Bref, le goulot d’étranglement.
Le gouvernement « Sama Ier » est là! En attendant de juger chaque membre du nouvel exécutif par ses réalisations et non par ses discours, quelques personnalités semblent sortir du lot. Et ce du fait notamment d’une certaine « énergie potentielle » qui s’attache à leurs patronymes. On peut citer en désordre: Nicolas Kazadi Nzuji (Finances/Udps), Eve Bazaïba Masudi (Environnement/MLC), Christophe Lutundula Apala Pen’Apala (Affaires étrangères/Ensemble), Christian Mwando Kabulo/Ensemble), Dr Jean-Jacques Mbungani Mbanda (MLC/Santé, Hygiène), Cherubin Okende Senga (Transports, voies de communications et désenclavement /Ensemble), Muhindo Nzangi Butondo (Ensemble/ESU) Albert-Fabrice Puela (Droits humains/), Patrick Muyaya (Palu/ex-Fcc), Aimé Sakombi-Molendo (Affaires foncières/ UNC) et Julien Paluku Kahongya (Industrie/exFcc).
Sur base des informations disponibles, nous allons tenter de présenter les forces et les faibles de chaque personnalité. Ce sera dans un prochain article. En attendant, une chose parait sûre: la sortie du gouvernement Sama Lukonde scelle peut-être définitivement la fin de la coalition Fcc-Cach.
C’est le 29 juillet 2019, soit six mois après la passation de pouvoir dite pacifique entre « Joseph Kabila » et Felix Tshisekedi Tshilombo, que le Fcc Néhémie Mwilanya Wilondja et l’Udps Jean-Marc Kabund-A-Kabund ont procédé à la « déclaration solennelle » de la constitution d’une « coalition politique » entre la mouvance kabiliste dite « Front commun pour le Congo » et le Cap pour le changement (Cach) du duo Kamerhe-Fatshi.
Des voix se sont aussitôt élevées, tant au sein de la base de l’Udps que de la société civile, pour chahuter le caractère « contre-nature » de cette union. Une union assimilée par d’autres à un mariage entre l’eau et le feu.
Au fil du temps, des incidents se sont succédé à d’autres incidents jusqu’à la date du 6 décembre 2020. C’est ce jour-là que le président Felix Tshisekedi Tshilombo, tirant les conséquences notamment des « humiliations endurées », a dénoncé la coalition conclue le 29 juillet 2019 avant de lancer une doctrine dénommée « Union sacrée de la nation ». La suite est connue avec le basculement de la majorité tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat dominés par le Fcc. La nomination d’un nouveau Premier ministre est venue boucler la boucle.
Le nouveau gouvernement qui s’est fixé plusieurs priorités (Santé, Justice, Sécurité, Enseignement, Numérique, Agriculture, Pèche, Elevage, Processus électoral et Economie) a un « ennemi » très coriace: le temps. Il y a eu trop de temps perdu. Le chef du gouvernement et « ses » ministres devraient mettre un soin particulier dans le choix des collaborateurs. Ils sont « condamnés » à s’entourer des « meilleurs ». Autrement dit, des spécialistes et des cadres expérimentés. Et non des gens qui doivent apprendre. Ils sont également « condamnés » à s’appuyer sur les Administrations de leurs départements respectifs. Le ministre doit se cantonner dans son rôle de « décideur » qui consiste à « montrer le chemin » en fixant le cap. Et non à s’encombrer des dossiers administratifs ou techniques, rôle dévolu à l’Administration.
On espère que la séparation des pouvoirs sera observée. Et que le Président de la République refrènera les ardeurs de certains membres de son cabinet tentés d’installer un « gouvernement parallèle » au niveau de la Présidence. Politiquement irresponsable, le chef de l’Etat n’est guère habilité à poser des actes de gestion. Le gouvernement conduit la politique de la nation et rend compte devant l’Assemblée nationale, indique notamment l’article 91 de la Constitution.
B.A.W.