Le génocide congolais: la célébration officielle

Mwamba Tshibangu

Mwamba Tshibangu

Le mercredi 24 octobre 2018 entrera dans les annales de l’histoire du Congo du fait de la proclamation officielle du génocide congolais. Cette fois-ci, le coup ne sera pas raté, car dans le passé il y a eu d’autres tentatives de la sorte qui n’ont pas eu un grand écho, tombant ainsi dans les oubliettes. Elles sont malheureusement passées dans le silence faute d’une campagne bien orchestrée nécessitant l’adhésion des masses populaires d’un côté et de l’autre, parce que le terrain n’était pas propice pour faire accepter ce fait, indéniable et palpable, à l’humanité entière.

L’on sait très bien combien il est difficile de reconnaître un génocide. Au départ, c’est un acte répréhensible et indigne que les auteurs ne peuvent facilement accepter, craignant aussi les conséquences juridiques dues à la reconnaissance officielle. La définition du terme génocide dans l’acception strictement juridique suscite souvent des débats sur le plan théorique. Mais ceux-ci sont parfois loin de la réalité des faits, loin des atrocités commises et très loin du vide moral et psychologique que les survivants connaissent bien des années après.

Le cas de la RDC tombe dans cette catégorie où l’on ne peut dénier le génocide sur base d’une définition. Les faits sont là. Il y a une hécatombe délibérée contre le peuple congolais qui vit dans les confins d’un territoire bien délimité. Les chiffres sont effrayants: plus de 10 millions de morts. Certains avancent aujourd’hui le chiffre de douze millions. Les personnes massacrées n’ont pas été victimes d’une guerre proclamée entre la RDC et un quelconque pays. Ces morts ont été provoquées et continuent à l’être aujourd’hui même à la suite des actions bien organisées par des groupes et par des milices qui œuvrent au service des pays voisins, plus particulièrement sous les ordres du Rwanda de Paul Kagame.

Plusieurs rapports officiels attestent ces faits. Ce n’est donc plus un secret. C’est une de pires réalités que l’humanité ne peut se permettre de continuer à ignorer. L’heure de la reconnaissance officielle a donc sonné. Les Congolais eux-mêmes, déterminés à arrêter ces vilains massacres ont décrété la célébration du génocide pour en mettre définitivement fin puisque les gens continuent à être décimés.

Ce génocide qui a eu cours de manière irréfrénable pendant ces deux dernières décennies a été opéré par la volonté sadique de quelques individus qui veulent changer le sort de l’histoire par la force brutale. Cependant, en dépit de cela, il faudra indexer sévèrement le gouvernement Kabila. Non seulement durant ces 17 ans de règne il n’a pas su mettre en place des politiques régaliennes pour protéger la population de l’Est du pays qui est dans le champ de mire des égorgeurs et autres assassins de masse, mais il a été personnellement et avec la complicité de beaucoup d’autres personnes dans les Forces armées congolaises et dans les institutions politiques, complices directs de ce pogrom.

Dès lors que les autorités congolaises sont impliquées directement dans le massacre des populations même si elles s’en cachent, cela dénote une gravité extrême. Une trahison indicible et inacceptable. Au début, c’était l’est du pays qui était particulièrement visé. Ensuite, il y a eu la province orientale, le Katanga et enfin, dernièrement, le Kasaï central. Puisque l’objectif poursuivi, la balkanisation de la RDC, n’étant pas atteint, l’homme dont le mandat officiel à la tête du pays a expiré le 20 décembre 2016, n’attend pas abandonner le pouvoir. Il a multiplié de subterfuges pour s’accrocher et continuer à diriger le pays par défi. Mais, cette fois-ci, le peuple congolais, en dépit de nombreux obstacles qui sont érigés pour l’empêcher de reconquérir sa souveraineté, est prêt à se battre pour faire entendre sa raison.

La première des batailles consiste à puiser dans la force de l’esprit l’énergie nécessaire pour dénoncer des actes sordides d’une part et de l’autre, leur signifier que les interminables macabres qui ont émietté tant de victimes innocentes n’ont que trop duré. Le temps de tourner irrémédiablement la page est arrivé. Désormais, le peuple congolais célébrera à jamais le 24 octobre de chaque année l’odieux génocide pour que les générations futures se souviennent de leur martyr et pour qu’enfin des actes de ce genre ne puissent plus se répéter avec ou sans complicité agissante de soi-disant autorités politiques qui ne sont en réalité que des tyrans de leur propre peuple.

 

Par Mwamba Tshibangu

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