Le pasteur Daniel Ngoy Mulunda profita du 16 janvier 2021 pour tester ses talents d’orateur. C’était lors du 20ème anniversaire de la mort de Laurent Désiré Kabila. L’occasion faisant le larron, il délivra un prêche incendiaire et fulminant lors de la cérémonie à la cathédrale John-Wesley de Lubumbashi. Plein d’allégresse et d’entrain. Virevoltant du haut de sa chaire. Parcourant son texte d’un doigt vengeur, il tint à peu près ce langage. Si vous ne voulez pas respecter les Katangais, vous serez privé de lait et de miel. Ce n’est pas chez vous! Enfer et damnation!
Si vous ne changez pas, Jean Baptiste a dit: la hache est déjà préparée. Stupeur et tremblements! Ah! Ce n’est donc plus la machette?
Il conclut en apothéose, en signalant que des ciseaux sont prêts pour découper le Katanga si on ne fait pas amende honorable. Il fut applaudi à tout rompre par l’assistance. On dirait Cicéron lançant une fatwa contre Carthage. Comme on dit, les belles choses ont toujours une fin. Mal lui en prit.
Deux jours après, les sbires de l’ANR atterrirent chez lui. Il fut arrêté, transféré illico presto au parquet et de là à la prison de Kasapa pour attendre son procès. Il lui fut reproché d’avoir porté atteinte à l’intégrité du territoire, d’incitation à la haine tribale et de propagation de faux bruits. Il découvrit enfin qu’il n’était plus qu’un citoyen ordinaire. Qui l’eût cru? Qui l’eût dit?
Ceci n’expliquant pas cela, un ami qui est né là-bas, me dit qu’il n’a jamais vue ces rivières de lait et de miel dont parle le pasteur. Bien mieux, le Katanga n’existe plus. Il a été découpé en 4 provinces par l’autorité morale du FCC. Les fameux ciseaux du pasteur vont encore couper quoi et où? Pourquoi alors condamner quelqu’un pour des faits qui n’existent que dans son imagination? C’est son opinion. Laissons les juges trancher l’affaire. Bref, passons!
D’après mon ami qui sait tout, en juillet 1960 quand Tshombé et les Belges proclament l’indépendance du Sud-Katanga, la province du Nord-Katanga, dirigée par Jason Sendwe fondateur du mouvement Balubakat, s’y opposa fermement. Que se passe-t-il maintenant?
D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa, le fameux Comité de crise du FCC mis en place pour sauver les meubles vient de frapper fort. Une facture salée a été présentée à l’autorité morale. Après des calculs savants et astronomiques, ils estiment à 10 millions de dollars la somme nécessaire pour renverser la tendance et faire rentrer au bercail les députés qui ont traversé avec armes et bagages dans le camp de l’Union sacrée. Stupeur et tremblements! L’autorité morale a failli s’arracher les cheveux et avaler sa barbe. Comprenez mon émotion!
Voilà ce qui arrive quand on s’acoquine avec des super prédateurs. De rage il leur répondit que les députés transfuges peuvent rester à l’Union sacrée. Comme si cela ne suffisait pas, les plus inconséquents de ses fidèles lui conseilleraient de ramener à Lubumbashi le gros de sa garde personnelle restée à Kinshasa. Enfer et damnation!
C’est comme cela que les guerres commencent. On sait quand elles commencent et jamais comment elles se terminent. On dit chez nous que: « qui crache en l’air doit s’attendre à recevoir des crachats sur le visage ».
GML