Des « combattants » du parti présidentiel UDPS « en colère » ont convergé vendredi 11 octobre devant la permanence de ce parti. Parti jeudi 10 octobre de Goma, l’Antonov 72 chargé d’assurer la logistique à la Présidence de la République n’a pas atteint Kinshasa, sa destination finale. L’aéronef se serait écrasé une heure après le décollage. Que s’est-il passé? Problèmes météorologiques? Des débris de l’avion auraient été retrouvés vendredi à une quarantaine de kilomètres de Punia, au Maniema. On ne dénombre aucun survivant parmi les huit personnes qui étaient à bord. Des militants de l’UDPS dits « combattants » parlent de « sabotage ». Selon eux, c’est le président Felix Tshisekedi qui était la cible.
Vendredi 11 octobre, il n’a manqué qu’une étincelle pour qu’on assiste à un embrasement général au siège de l’UDPS, situé dans la commune kinoise de Limété. Plusieurs dizaines de militants de ce parti, appelés communément « combattants », ont convergé en ce lieu pour manifester leur « colère » suite au crash de l’Antonov 72 des FARDC chargé de la logistique à la Présidence de la République.
Outre les quatre membres d’équipage de nationalité ukrainienne, l’avion transportait quatre membres de la garde rapprochée ainsi que le chauffeur principal du Président Felix Tshisekedi, mieux connu sous le pseudonyme de « Maréchal ». Celui-ci accompagnait le véhicule blindé du chef de l’Etat.
Vendredi, il n’était pas rare d’entendre fuser les mots « attentat » ou « sabotage ». Pour certains combattants, le président Fatshi aurait échappé à un « attentat ». Aussi, exigent-ils « toute la clarté » sur les causes de cet accident. Des doigts accusateurs sont, d’ores et déjà, pointés en direction de la ferme de Kingakati, la résidence de l’ancien président « Joseph Kabila ».
Accompagné du secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, le 1er vice-président de l’Assemblée nationale est descendu à la permanence de ce parti. Objectif: « calmer » certains combattants. Des combattants qui réclamaient ni plus ni moins que la dissolution de la coalition politique CACH-FCC mise sur pied aux termes d’une « déclaration solennelle » publiée le 29 juillet 2019.
Parlant en lingala, Jean-Marc Kabund a retrouvé sa gouaille d’antan. Porte-voix à la main, il a commencé par inviter les combattants à faire preuve de « souplesse » en attendant de connaitre les conclusions des enquêtes. « J’ai l’habitude de vous dire que le jour où la coalition FCC-CACH ne fonctionnera plus, je serai le premier à me présenter devant vous », lance-t-il.
UN PARFAIT BOUC ÉMISSAIRE NOMMÉ « LAMUKA »
Kabund ne s’est pas arrêté là. Répondant à ceux des combattants qui exigent le « divorce immédiat » entre Fatshi et « Joseph Kabila », « Jean Marc » dont le souci est de ne pas effaroucher « le nouvel ami Kabila » trouve, en la coalition « Lamuka », un parfait bouc émissaire.
Pour lui, les combattants de l’UDPS seraient « infiltrés » par des agents de la coalition politique qu’animent Jean-Pierre Bemba, Martin Fayulu, Moïse Katumbi et Adolphe Muzito, « J’ai entendu les gens dire que le mariage FCC-CACH est terminé, dit-il. Vous savez bien que ce sont des propos soutenus par Lamuka. Vous savez également que ces gens de Lamuka étaient avec nous. Vous savez ce qu’ils ont fait… ».
Pour des observateurs, Jean-Marc Kabund-a-Kabund a manqué du « courage ». Il a refusé de regarder la réalité en face pour constater le fossé qui sépare la direction de l’UDPS et la « Base ». Une Base qui n’a jamais goûté la conclusion du « partenariat » entre le CACH et le FCC. « C’est un mariage entre l’ange et le démon ». L’homme qui parle n’est nullement affilié à Lamuka. Il s’agit de Fils Mukoko. Celui-ci n’est plus en odeur de sainteté au siège de ce parti. Au motif qu’il tient un « discours politiquement incorrect ».
Mukoko qui se réclame de la « ligne » tracée par « Fatshi », ne rate jamais l’occasion de railler le duo Kabund-Kabuya. Selon lui, ces deux caciques de l’UDPS seraient « télécommandés » depuis la ferme de Kingakati. C’est ainsi qu’ils seraient devenus « intolérants » à toute voix dissonante.
En guise de « sanction disciplinaire », Mukoko fut « maîtrisé » en août. Un « coiffeur spécial » fut chargé de lui raser la tête. Ce vendredi, une photo du bouillant combattant de l’UDPS circulait sur les réseaux sociaux. L’homme a le front droit enflé à la taille d’une balle de tennis.
Selon diverses sources, ce « frondeur » aurait été passé à tabac au siège de l’UDPS. Kabund est unanimement accusé d’en être le commanditaire. Procès d’intention? L’avenir le dira.
La « fronde » qui a eu lieu vendredi 11 octobre à la permanence de l’UDPS vient confirmer la fragilité autant que l’impopularité de la coalition CACH-FCC auprès des militants de ce parti cher au très regretté Etienne Tshisekedi wa Mulumba.
Il est vrai que tout ce charivari ne révèle nullement la cause du crash de cet Antonov 72. Attentat? Sabotage? Le PPRD Constant Mutamba a annoncé le dépôt prochain d’une plainte contre Fils Mukoko pour « imputations dommageables » contre l’ex-président « Kabila », alias « autorité morale » du FCC. Ambiance!
B.A.W.