Un contrat de concession de 30 ans, avec possibilité de prorogation de 20 ans, avait été attribué au consortium pour relier Kolwezi en République démocratique du Congo au port de Lobito en Angola.
Du 5 au 8 février s’est tenue au Cape Town International Convention Center, en Afrique du Sud, la conférence African Mining Indaba 2024 sous le thème « Adopter la puissance de la perturbation positive: un nouvel avenir audacieux pour l’industrie minière africaine ». Cette conférence qui réunit chaque année plusieurs milliers de professionnels permet de nouer des contacts d’affaires, de s’informer sur tendances du marché des produits miniers, de partager des expériences et les avancées technologiques, d’informer les investisseurs sur le climat des affaires et de leur vendre des opportunités d’affaires se présentant dans le pays. Les participants exposent non seulement les potentialités des pays mais surtout les réalisations dans le secteur minier ainsi que les stratégies pour attirer les ressources financières. C’est ainsi qu’en marge de cet événement la société Trafigura et la compagnie Ivanhoe Mines ont signé, le 7 février, un accord visant à exporter 690.000 tonnes de cuivre annuellement via le corridor ferroviaire de Lobito. La société Ivanhoe Mines avait déjà expédié, le 23 décembre 2023, à titre d’essai, 1.110 tonnes de concentré de cuivre provenant du complexe minier Kamoa-Kakula via le chemin de fer qui va de Kolwezi (RD Congo) au port de Lobito en Angola. La cargaison était arrivée à destination le 31 décembre 2023, soit un parcours de huit jours seulement contre environ vingt-cinq jours quand le cuivre est exporté par route jusqu’au port de Durban en Afrique du Sud en passant par Kasumbalesa. La distance de Kamoa-Kakula à Lobito est la moitié de celle vers Durban. Le constat fut que le trajet est plus rapide et moins cher.
Le corridor de Lobito (Lobito Atlantic Railway Corridor) a pris naissance, le 4 juillet 2023, quand les chefs d’État de l’Angola, de la République démocratique du Congo et de la Zambie se sont retrouvés à Luanda (Angola) pour parapher l’accord relatif à l’exploitation du chemin de fer reliant le port de Lobito. L’accord avait porté sur l’exploitation, le fonctionnement et la maintenance du transport par rail. Le consortium Lobito Atlantic International a été sélectionné pour exploiter le corridor ferroviaire. Le consortium comprend les sociétés Trafigura (trader suisse), Vecturis S.A. (opérateur ferroviaire belge) et Mota-Engil Engenharia e Construcao Africa SA (entreprise portugaise de travaux publics et ferroviaires). Un contrat de concession de 30 ans, avec possibilité de prorogation de 20 ans, avait été attribué au consortium pour relier Kolwezi en République démocratique du Congo au port de Lobito en Angola.
Le corridor s’étend dans un premier temps sur une longueur de plus de 1.700 km, soit 1.289 km en Angola et près de 450 km en RD Congo jusqu’à Kolwezi. Il permettra d’évacuer des produits des régions minières congolaises vers l’océan Atlantique, contribuant ainsi au désenclavement et au développement des régions du Kasaï et du Katanga. Il contribuera au transport non seulement des minerais tels que le cuivre, le cobalt, le lithium mais aussi des produits agricoles et des marchandises diverses ainsi que des voyageurs. Le montant du projet est de 555 millions de dollars, en partie financé par les Etats-Unis ( 250 millions de dollars) pour la rénovation et la modernisation du corridor.
Il est maintenant question de prolonger le corridor de Lobito à la Zambie voisine. Dans ce cadre, les Etats-Unis et l’Union européenne sont prêts à participer au financement de la construction, d’ici 2028, d’une ligne de chemin de fer de 800 kilomètres devant relier le corridor de Lobito à la Zambie. Ceci, afin de faciliter leur approvisionnement en minéraux essentiels pour assurer la transition énergétique (cuivre, cobalt, lithium).
Gaston Mutamba Lukusa