Le Congo a besoin d’une révolution morale et d’un coup de balai

Jean-Claude Katende

A l’époque où le capitaine Jerry Rawlings avait pris le pouvoir au Ghana, le pays était ruiné par la corruption au sein du gouvernement et des affaires. L’élite au pouvoir faisait des dépenses ostentatoires pour des copains, des petites amies et pour les clients politiques du régime en puisant dans les caisses de l’Etat. La médiocrité était partout. C’est pourquoi il avait déclaré que « Le Ghana a besoin d’une révolution morale et d’un coup de balai ». Cette phrase vaut aussi pour la RDCongo.

Grâce à Jerry Rawlings, le Ghana qui était ruiné par la corruption, la mauvaise gouvernance politique, économique et sociale est devenu un modèle dans beaucoup de domaines aujourd’hui. Il a fallu à ce pays un homme qui avait la volonté et qui a posé des actes pour que le changement s’opère.

La révolution morale n’est possible que quand ceux qui en assurent la promotion sont des modèles en discours et en actes. C’est un véritable défi que Jerry Rawlings avait eu le courage de relever en faisant lui-même des sacrifices. Etre un modèle de probité dans un système corrompu exige des sacrifices énormes.

Après avoir fait 18 ans au pouvoir, le président Joseph Kabila avait déclaré que son plus grand regret était de « n’avoir pas réussi à transformer le Congolais. On traîne quelques points négatifs de l’époque Zaïre ». La question que nous devons nous poser est de savoir pourquoi l’ancien Président avait échoué de changer la mentalité du Congolais. Pour moi, la réponse est à situer à deux niveaux : absence de modèle et absence de la sanction (balai). Cette remarque du président Joseph Kabila est un avertissement à nous tous. Que faire alors?

Aujourd’hui, le président Félix Tshisekedi se révèle être une excellente opportunité pour pousser le pays vers la révolution morale. Cette révolution utile à la consolidation de l’Etat de droit et au développement du pays dans tous les domaines. Avoir un Président aussi engagé sur le changement de mentalités me fait penser à Jerry Rawlings. De tels présidents capables de montrer le chemin, on en a une fois tous les 50 ans dans un pays. Alors, souscrivons au changement de mentalités, car c’est toute la nation qui va en bénéficier sur le long terme comme c’est le cas au Ghana.

Mais pour réussir cette entreprise de changement de mentalités, le Président doit exiger des standards moraux très élevés de lui-même et de tous ses collaborateurs. Cela ne sera pas de trop de faire signer un acte d’engagement portant sur les valeurs morales à tous les membres des cabinets du Président, du Premier ministre et de tous les ministres.

Au-delà de son engagement personnel pour le changement des mentalités, le Président devra aussi prendre un balai pour balayer ou sanctionner, selon les procédures des régimes démocratiques, toute personne qui résiste ou qui s’oppose à son appel au changement des mentalités.

Un ami m’a écrit ceci, après avoir suivi le dernier discours du président Félix, je le cite: « Les gens ne peuvent changer que par la menace réelle et prompte de subir les conséquences de leur opposition au changement. Tous n’attendent que cette menace du Président, je veux dire sa marque de fabrique. Et tant que personne (fonctionnaire, magistrat, ministre, mandataire, parlementaire…) ne verra cette menace peser sur lui, le système va continuer. Et le temps va d’ailleurs passer très très vite… 2023, c’est déjà demain ».

Je suis parfaitement d’accord avec cet ami. Jerry Rawlings avait réussi aussi grâce au coup de balai.

J’appelle tous les compatriotes à souscrire à l’appel du Président, mais en veillant à ce que cette politique de changement des mentalités concerne tout le monde et qu’elle produise des résultats comme au Ghana.

Oui, le Congo a besoin de la révolution morale et d’un coup de balai, aujourd’hui et maintenant.

Kinshasa, le 10 septembre 2019

 

Me Jean Claude Katende
Le Gardien du Temple.

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