Bonne ou mauvaise stratégie?
I. Introduction
Le monde vit une pandémie inédite depuis son éclosion depuis la Chine rendue publiquement dès la mi-janvier de cette année.
Au moment nous couchons ce papier, les statistiques sont éloquentes 793 décès en Italie en 24 heures et 112 en France et 6.172 personnes hospitalisées. En Belgique, nous notons 2.815 cas dont 1.089 hospitalisés, 67 décès et répartis comme suit: 1.628 en Flandre, 335 à Bruxelles et 754 à Wallonie.
La chloroquine, un produit contre la malaria revient au-devant de la scène avec cette pandémie à Coronavirus. Il y a plus de vingt ans ce produit, ce substitut synthétique de la quinine avait démontré son efficacité in vitro contre une large gamme des virus (1).
L’étude réalisée par le Français, Didier Raoult sur 24 patients traités à l’IHU (Institut hospitalo-universitaire) Méditerranée Infection avec de l’hydroxychloroquine (Plaquenil), a montré que 75% présentent une charge virale négative au bout de six jours, affirme-t-il. En clair: le virus a disparu. Le patient, lui, n’est plus contagieux. En comparaison, 90% des patients traités sans chloroquine, à Nice et Avignon, seraient encore contagieux au bout de cette même période.
II. Nouvelle donne scientifique
Une nouvelle étude réalisée en Chine et parue dans l’American Journal of Gastroenterology (2), souligne la prévalence des symptômes digestifs chez les patients contaminés par le nouveau Coronavirus, COVID-19.
La presse canadienne dans sa livraison de ce vendredi 20 mars 2020, révèle ce qui suit (3): « une étude menée sur 1070 personnes infectées a montré que chez 29 % d’entre elles, le virus était présent dans les selles. Des études ont montré qu’il peut y être contagieux. Le fait qu’on détecte le virus dans les matières fécales pourrait indiquer que le virus se transmet par la voie fécale-orale, commente Mathieu Maheu-Giroux, épidémiologiste à l’Université McGill. Cependant, on ne connaît pas encore le risque de transmission par cette voie ni l’importance que joue ce mode de transmission dans la pandémie actuelle. À ce stade, on présume encore que la majorité des transmissions se font par voie aérienne et gouttelettes ».
Dès lors que les scientifiques tendent à signaler la présence du virus dans les selles – ce qui (au conditionnel) laisserait confirmer la transmission oro-fécale comme avec les maladies virales, bactériennes ou parasitaires des mains sales-, la donne pour ce virus Covid-19 vient de changer malheureusement.
III. Le confinement
Le confinement a ses avantage et inconvénients.
A la suite de mon interview publiée le vendredi 20 courant dans le journal en ligne Congo Indépendant, je voudrai étayer ma réflexion sur la stratégie du confinement adopté par le gouvernement RDC.
A. Dans les pays riches:
- le problème d’approvisionnement en produits alimentaires et autres ne se pose pas.
- L’hygiène (salubrité tant pour le nombre dans une maison est exigée par la loi) serait convenable.
- L’eau et l’électricité ne posent aucun souci hormis la consommation.
- Le gaz avec la complication du monoxyde d’azote.
- Le vivre ensemble serait convivial.
B. Dans les pays moins nantis comme la RDC, le confinement ne serait pas la bonne stratégie et poserait un sérieux écueil diamétralement opposé aux aspects évoqués ci-haut au sujet des pays riches.
Un bémol. Certains experts des pays nantis reprouvent cette stratégie.
IV. Les méthodes utilisées
La stratégie préconisée est celle pratiquée par certains pays asiatiques. C’est le cas notamment de la Corée du sud. Celle-ci s’appuie sur une large utilisation des tests diagnostics et de protection par des masques suivie de l’isolement des malades exclusivement.
Cette stratégie nécessite des moyens colossaux couplés à une infrastructure idoine sans oublier l’appui avéré, soutenu et motivé du monde médical, paramédical et l’industrie pharmaceutique.
A la fin du confinement, les personnes malades devront faire l’objet de test diagnostic pour une thérapie appropriée.
Taiwan, le seul Etat ne siégeant pas à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est le pays qui a le mieux lutté contre le COVID-19 avec 49 cas déclarés dont un seul décès, il y a une semaine. L’ex-Chine nationaliste a été très proactive en interdisant les vols en provenance de certaines villes de la Chine continentale dont Wuhan. Mais ce chiffre a été revu à la hausse soit 135 infectées dont deux morts présentement suite à l’arrivée des personnes atteintes. Très vite, les personnes infectées sont confinées avec des mesures rigides.
V. Conclusions
Eu égard à ce qui précède, le confinement inopiné sans préparation préalable à l’égard d’une population vivant au jour le jour dans un pays comme la RDC, serait voué à l’échec dans des conditions actuelles.
Cela risquerait de conduire inéluctablement entre autres à la recrudescence et l’émergence d’autres maladies infectieuses contagieuses telles le choléra, la typhoïde, la shigellose et j’en passe compte non tenu d’autres facteurs collatéraux. Gouverner, c’est prévoir.
A mon humble avis, le gouvernement aurait dû procéder par étape: d’abord interdire les cultes, les rassemblements, les veillées mortuaires, les transports publiques bondés, les spectacles.
Ensuite, après quelques semaines, la population se serait vite adaptée à ce nouveau mode de vie et que les premières mesures imposées auraient entraîné en soi du confinement; et le gouvernement pouvait alors décréter le confinement suivi d’un état d’urgence et/ou la loi martiale.
1. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0924857920300662 2. Clinical characteristics of COVID-19 patients with digestive symptoms in Hubei, China: a descriptive, cross-sectional, multicenter study Lei Pan, MD, PhD et al.: https://journals.lww.com/ajg/Documents/COVID_Digestive_Symptoms_AJG_Preproof.pdf 3. https://www.lapresse.ca/covid-19/202003/19/01-5265568-les-symptomes-gastro-intestinaux-sous-estimes.php
Par le Dr Parfait Salebongo Ebwadu
Médecine Interne Générale/Maladies Infectieuses