Le bateau ivre du FCC a levé l’ancre pour un périple, dans le macrocosme politique du pays, de non-retour. Hier, ses composants étaient regroupés dans la Majorité présidentielle. Ils ont dirigé le pays, à leur manière. Ils sont satisfaits de leur bilan socioéconomique et de leurs réalisations accomplies au cours de ces deux dernières décennies. Ils sont imbus d’eux-mêmes, déconnectés de la réalité sociale et anthropologique au point d’ignorer la grogne qui réclame un changement radical non seulement à la tête du pays, mais au niveau de toute la classe politique. Ils sont, par l’absurde, embourbés dans leur moule et ils continuent à rêver, par machiavélisme, que le statu quo perdurera encore au cours des décennies à venir.
UN AUTRE REGROUPEMENT POUR DEMEURER AU POUVOIR
A la veille des élections projetées – qui n’auront probablement pas lieu au vu des paramètres que nous observons tous –, leur génie, l’inamovible Autorité Morale, a concocté un autre regroupement plus large incluant: la Majorité Présidentielle, l’Opposition « Républicains Indépendants », l’Opposition signataire de l’Accord du 18 Octobre 2016 de la Cité de l’Union Africaine, le Rassemblement des Forces Politiques et Sociales, une partie de la Société Civile, certains partis et regroupements politiques, certaines Personnalités dites indépendantes. Ils ont donc formé ce qu’ils ont dénommé: « le Front commun pour le Congo ». Leur but principal est: « la conquête démocratique du pouvoir à tous les niveaux aux prochaines élections présidentielle, législatives nationales et provinciales, urbaines, municipales et locales, sur base d’un programme commun ».
LE PIEGE TENDU
Il y a cependant une condition essentielle qui est stipulée dans la Charte constitutive du FCC: « Que les fondateurs et autres signataires de la présente charte s’engagent à soutenir une seule candidature à l’élection présidentielle et à disposer de la majorité pour gouverner et engager les réformes nécessaires en vue d’un Congo Uni et Fort ». L’engagement qui est demandé à tous les composants de cette mosaïque politique, sans savoir au préalable le candidat à soutenir, est un véritable piège. Il l’est cependant partiellement, car tous savent que la non-divulgation du nom du candidat potentiel ou de la candidate depuis bien de temps et le silence complice de Kabila lui-même sur le sujet n’est qu’un secret de Polichinelle. C’est Joseph K, sauf un revirement de dernière minute, qui sera candidat à sa propre succession. Pour enfoncer le clou, sachant d’avance qu’ils vont se heurter à un mur, il est demandé à tous les signataires de s’engager à demeurer solidaires. Derrière cet acte de témérité et de défi ouvert contre le peuple congolais, les signataires continuent à penser que Kabila a encore le contrôle de la situation politique du pays. Dans ce cas de figure, il peut encore, selon eux, imposer sa volonté par la force et rien de grave n’arrivera pour perturber ce dessein. Ainsi, ceux qui n’ont jamais fait partie de l’ex Majorité présidentielle trouveront enfin l’occasion d’accéder à la mangeoire nationale. Une autre explication relèverait du principe sacrosaint de survivance. Ils sont obligés de s’accrocher au pouvoir qu’ils ont toujours partagé et défendu. N’ayant plus d’autres issues, tous les caciques provenant de divers horizons politiques ne savent plus comment se démarquer de Kabila, devenant ainsi prisonniers de leur propre turpitude.
LA REACTION DU PEUPLE
Devant ce qui se trame ouvertement, le peuple congolais n’acceptera pas de jouer le rôle de victime consentante de ceux qui veulent lui imposer un énième diktat, soit la pérennisation d’un pouvoir défaillant. Ce pouvoir, point n’est besoin de le souligner, a creusé un grand fossé entre les gouvernants et les gouvernés. Ces soudarts ont détruit le tissu économique et plongé la population dans la misère la plus sombre sans parler des conditions de vie deshumanisantes caractérisées par une vague de violence et par la transhumance des populations fuyant des multiples atrocités. La tentative de Kabila de briguer un troisième mandat inconstitutionnel ne passera donc pas. Le peuple congolais ne se laissera pas faire. Il va ériger une barrière, en se sacrifiant s’il le faut, pour imposer, au sommet de l’Etat, l’alternance politique.
L’INSTALLATION DES ADMINISTRATEURS ET LA MISE EN PLACE D’UNE TRANSITION CITOYENNE
En faisant échec à tout individu ou groupe d’individus qui veut exercer le pouvoir par la force ou en violation des dispositions constitutionnelles (art 64), le peuple congolais saisira l’occasion pour mettre en place l’équipe des Administrateurs plébiscités lors des élections populaires tenues aux mois de novembre et de décembre 2017. Celle-ci aura pour mission de préparer une Transition citoyenne pouvant mener à des élections véritablement libres, transparentes et démocratiques, dans un climat politique apaisé. A cet effet, il faudra dissiper les craintes et les doutes qui peuvent, avec raison, envahir certains esprits ou ceux qui sont sceptiques face à ce projet. Il doit être clair pour tous que la libération du Congo ne découlera pas d’un miracle si les Congolais eux-mêmes ne se battent pas pour l’arracher. Le moment est venu où tout le monde devra se préparer à la bataille finale qui se déroulera d’ici peu. Le fait que les autres se soient regroupés dans le FCC au début de cette grande confrontation est un avantage. Désormais tout le monde sait qui est avec le pouvoir et qui est avec le peuple congolais. Les partis politiques, non signataires de la Charte de la trahison, qui sont pour le changement, la Société civile, les mouvements des jeunes, les citoyennes et citoyens, sans affiliation, la diaspora, en bref, tout le monde, dans un élan patriotique jamais manifesté jusqu’ici, devrait se mettre debout pour affronter les ennemis du peuple et reconquérir la souveraineté nationale confisquée par quelques individus.
LE GLAS A SONNE, IL FAUT SE PRENDRE EN CHARGE
Dans cette mouvance révolutionnaire où le peuple congolais se prendra finalement en charge pour arracher, par tous les moyens, sa liberté et sa souveraineté, il est certain que les pays amis et les institutions internationales dont les contacts ont été établis à l’avance, interviendront pour soutenir la lutte noble pour mettre en place un Etat de droit et jeter les bases d’une démocratie plurielle en RDC. L’appel est lancé à tous, sans exception et sans aucune division, pour unir les moyens et les forces afin de libérer, une fois pour toutes, notre pays, le pays de nos enfants, de la subjugation des méchants et des satanistes. Embarqués volontairement dans le bateau ivre du FCC, ils seront contraints par la foudroyante révolte populaire d’effectuer un voyage de non-retour vers un autre destin qu’ils auront cherché et mérité.
Par Mwamba Tshibangu