Le 19 décembre 2016: Les Congolais face à leur destin…

La force, disent les politologues, est la condition nécessaire de tout pouvoir digne de ce nom. Les mêmes politologues tempèrent cette affirmation en ajoutant: la force seule n’est pas une condition suffisante pour assurer la légitimité du pouvoir.

C’est quoi donc la légitimité? La légitimité, dans le cas sous examen, n’est rien de plus que la conformité du pouvoir aux aspirations des gouvernés. Nul ne peut commander les autres sans avoir reçu mandat pour ce faire. La légitimité renvoie, dès lors, à l’existence d’un consentement de la part de ceux qui sont soumis au pouvoir.

A quoi aspirent les Congolais à quelques 25 jours de la date d’expiration du second et dernier mandat de « Joseph Kabila »? Poser la question c’est y répondre. L’humeur du moment est à l’avènement de l’alternance démocratique. L’avènement d’un autre avenir. Bref, le changement.

Mardi 15 novembre, nombreux sont les citoyens du Congo-Kinshasa qui ont attendu en vain que le président sortant « Joseph Kabila » articule une « phrase magique » lors de son message sur l’état de la nation devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès. Cette phrase tient en neuf mots: « Je ne suis pas candidat à un troisième mandat ».

En lieu et place, le locataire du Palais de la nation a égrené ce qu’il considère comme étant des « réalisations » au bout de ses quinze années à la tête de l’Etat. « Il est évident que malgré tous les progrès accomplis, de nombreux défis restent encore à relever », a-t-il souligné. Le message est limpide: « j’y suis, j’y reste! ». L’homme compte sur la force brutale pour se maintenir au pouvoir.

Dans son discours, « Joseph Kabila » a menacé ceux qui, selon lui, veulent prendre le pays « en otage ». Entendez, tous ceux qui exigent le respect de la Constitution et la mise en place, dès le 20 décembre prochain, d’un régime de transition chargé d’organiser les élections.

Le Président sortant s’arc-boute d’une part sur le très controversé arrêt de la cour constitutionnelle du 11 mai 2016 lui autorisant de rester à la tête du pays jusqu’à « l’installation effective du nouveau Président élu ». Et d’autre part, sur l’accord politique conclu le 18 octobre par les « dialogueurs » de la Cité de l’Union Africaine. Selon la CENI (Commission électorale nationale indépendante), les élections sont fixées au mois d’avril 2018.

A quelques 25 jours de la fin de son second et dernier mandat, « Kabila » refuse de constater qu’il a perdu l’opinion. Une opinion congolaise qui le considère comme un homme du passé qui n’a pas été capable d’organiser les élections en cinq ans. Pourra-t-il le faire en quelques mois? Allons donc!

On s’achemine lentement mais sûrement vers un affrontement entre un homme rendu fou par le pouvoir et ses privilèges et une population congolaise en quête de démocratie, de justice, de liberté et de mieux-être.

Mardi 22 novembre, les activistes des groupes de pression « Lucha » (Lutte pour le changement), « Filimbi » et « Compte à rebours » ont sonné le tocsin en lançant la campagne dénommée « Bye-Bye Kabila ». Une excellente initiative venue de la société civile. La vraie.

Lors de la présentation de ses mémoires, mercredi 23 novembre, à Bruxelles, l’ancien sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines, Herman Cohen, a insisté sur la nécessité pour les acteurs politiques congolais à trouver un compromis pour tracer le chemin de la paix. « Il faut éviter que le pays plonge dans la violence », a-t-il répété.

Sans exclure la poursuite des pressions sur « Kabila » et son régime par les Etats-Unis de Donald Trump, Cohen a été formel: « L’interventionnisme n’est plus à l’ordre du jour sauf là où les intérêts américains sont en jeu! ».

Anesthésié par la fâcheuse habitude d’attendre d’autres nations résoudre ses problèmes en ses lieux et place, le peuple congolais est averti. A savoir que le 19 décembre prochain, il sera, seul, face à son destin…

 

Baudouin Amba Wetshi

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