I. Quelques repères
• La victoire d’une grande cause ne se mesure pas seulement en atteignant le but final. C’est déjà un triomphe de se montrer à la hauteur de ses attentes au cours de sa vie. Les armes spirituelles peuvent être efficaces, leur impact est souvent difficile à apprécier, sauf à la lumière de l’expérience. En un sens, elles transforment le prisonnier en homme libre, le roturier en monarque, la boue en or. Pour le dire crûment, ce ne sont que ma chair et mes os qui sont coincés derrière ces murs épais. Le nouveau monde ne sera pas construit par ceux qui restent à l’écart les bras croisés, mais par ceux qui sont dans l’arène, les vêtements réduits en haillon par la tempête et le corps mutilé par les événements. Conversations avec moi-même – Nelson Mandela.
- On ne peut sonder l’impact de l’ignorance si l’on demeure noyé dans le monde de l’inculte. Mofaddel Abderrahim.
- Bonheur, changement, amour, confiance, cela dépend de toi d’ouvrir les portes du changement. Vincent Pelonero
II. L’autopsie de l’écosystème politique congolais en 1991-1992
Les paramètres vitaux issus de l’autopsie de l’écosystème politique de notre Pays en 1991-1992 conduisaient au diagnostic de l’imminence de la Victoire finale, définitive et durable de l’UDPS, de notre Peuple et des Forces nationales congolaises, c’est-à-dire la fin totale du mobutisme et l’avènement d’un Etat de droit indépendant, souverain, démocratique, moderne et prospère.
En filigrane, quelques paramètres révélés par l’autopsie de l’écosystème politique congolais en RDC en 1991-1992:
1) Des criminels impénitents, arrogants, sadiques, irrémédiablement irrécupérables
Mobutu, ses collaborateurs politiques et ses escadrons de la mort n’avaient manifesté, spontanément et de leur propre initiative, par des messages et par des actes, aucun signe de bonne foi, de bonne volonté, de volonté politique positive, de conversion, de repentir avec un cœur sincère et contrit, de demande de pardon au Peuple Congolais, d’engagement positif pour le Changement, la démocratie et le Progrès.
Ils ont été forcés et contraints à faire des concessions malgré eux et à leur corps défendant, par la pression permanente et croissante, la fermeté, la détermination, le courage politique, la conscience patriotique et démocratique, l’esprit de sacrifice, le dépassement et le martyre des Forces de Progrès. Ils étaient des criminels impénitents, sadiques.
2) Mobutu était en agonie politique
- Il avait enfin reconnu, dans son discours du 24 Avril 1990, l’échec généralisé et global du mobutisme.
- Il avait perdu la légitimité politique et la légitimité juridique: il était devenu un simple citoyen comme tous les autres Congolais.
- Et devant la fermeté et la détermination de l’UDPS, de notre Peuple et de toutes les Forces nationales de Progrès, Mobutu était devenu comme un arbre chancelant en proie à la dernière cognée.
3) Le Parti-Etat MPR s’était effondré et même aboli
Le Parti-Etat MPR, son rôle dirigeant, ses fondements, ses piliers, ses mécanismes de domination et de mégestion… avaient perdu la légitimité politique et juridique et s’étaient effondrés. Ils ont été abolis et transformés en un fait- privé. Et le Président-Fondateur du MPR avait démissionné de la Présidence du Parti, et par ricochet, de la Présidence de notre Pays (Cfr.: sa propre constitution).
4) Les collaborateurs de Mobutu
Ils avaient perdu la légitimité politique et juridique ainsi que leur Guide, leur Etoile, leur Bouclier et leur Parapluie. Dans leur désarroi, ils accusèrent le destin de lèse-majesté contre le maréchal Mobutu.
Ils avaient perdu leur arrogance et le goût de vivre. Ils avaient déjà évacué leurs familles à l’Etranger et s’apprêtaient avec anxiété à les rejoindre avant que le Peuple ne lance le dernier assaut pour les capturer tous vivants, les juger et les condamner pour avoir été les fossoyeurs de l’Etat, les semeurs des anti-valeurs dans la Société congolaise, les affameurs, les tortionnaires, les bourreaux et les assassins de notre Peuple ainsi que les prédateurs des ressources naturelles et les pilleurs des caisses de l’Etat.
5) Les escadrons de la mort
Ils avaient constitué le verrou du régime depuis le Coup d’Etat militaire du 24 Novembre 1965. L’opprobre qui s’était abattu sur le régime s’était concentré avec une intensité maximale sur eux qui étaient les auteurs de tant de crimes et garants de la pérennité du mobutisme.
Les derniers massacres qu’ils avaient perpétrés (Massacres des Etudiants à l’Université de Lubumbashi dans la nuit du 10-11 Mai 1991 et Massacres à Kinshasa le 16 Février 1992) les avaient totalement décrédibilisés: Mobutu et tout son régime furent désavoués et complètement lâchés par toute la Communauté Internationale. A cause de ces massacres, une avalanche de condamnations virulentes et de menaces s’abattit sur Mobutu, son régime, ses collaborateurs et ses escadrons de la mort.
Par cette fermeté, la Communauté Internationale avait signifié aux escadrons de la mort de Mobutu que désormais ils ne pourraient plus se livrer à cœur joie et impunément aux massacres de la population.
L’Armée fut ainsi plongée dans l’impuissance et dans le désarroi. La grande armée d’hier devint un troupeau qui ne connaissait plus les chefs ni le drapeau ; ni ne distinguait plus le centre et les ailes. Les coeurs vivants, intrépides, redoutables, enragés et vaillants qui inspiraient au Peuple Congolais la terreur et la peur et qui, pendant la période du mobutisme triomphant, célébraient les grandes dates du régime en défilant devant le Maréchal avec fierté, ardeur, tête haute et front en avant étaient soudain devenus des fantômes, des ombres d’eux-mêmes, un rêve errant.
6) La Communauté Internationale vint frapper à la porte des Forces nationales de Progrès
La Communauté Internationale ne se contenta pas seulement de lâcher Mobutu et son régime, elle vint, par des actes concrets, clairs et distincts, frapper à la porte des Forces de Progrès pour réparer le passé et préparer ensemble l’avenir.
Le CEE et certains pays amis soutinrent la tenue de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) en accordant notamment des équipements conséquents. La Belgique signa avec le Bureau de la CNS une convention d’aide au titre de financement de l’ordre de 8.000.000 FB. La France consentit entre autres équipements l’équivalent de 1.000.000FF pour payer les titres de voyage-retour des Délégués à la CNS.
Le Bureau de la CNS exprima, au nom du Peuple Congolais et de toute la CNS, la profonde gratitude aux Corps Diplomatiques et Ambassadeurs des pays amis pour leur soutien public au Combat politique de notre Peuple et des Forces nationales de Progrès par ce geste courageux, significatif et rassurant pour notre Marche vers la démocratie.
7) La chute et la mort atroce du tyran Nicolae Ceausescu, un ami de Mobutu
Cet événement survenu au « Conducâtor », au « Génie des Carpates » et au « Danube de la pensée » vint démoraliser complètement et traumatiser Mobutu et décupler son psychodrame, son désespoir et son angoisse. Le bref rappel de cet événement est nécessaire pour souligner la faiblesse intrinsèque de tous les régimes « forts » (militaires, de droite et de gauche) et la vérité transhistorique, ubiquitaire et inéluctable de la fin humiliante et tragique de tous les tyrans.
Le régime de Ceausescu s’effondra après l’ordre donné aux forces armées et à la « Securitate » d’ouvrir le feu sur les manifestants anti-communistes dans la ville de Timișoara, le 17 décembre 1989. Les manifestations étaient consécutives à la tentative d’expulsion, par le régime, du pasteur hongrois László Tőkés.
La rébellion se propagea à Bucarest le 21 décembre 1989, à l’occasion d’un rassemblement de masse exigé par Ceausescu pour montrer le soutien populaire au régime: la suite des événements démontrèrent que le tyran vivait dans l’illusion d’être aimé par la population.
Le rassemblement, diffusé en direct à la télévision, se transforma en une protestation contre le régime: huit minutes après le début du discours du chef de l’État, la foule cria « Timișoara » et Ceausescu, installé sur le balcon du Comité central, tenta en vain de couvrir les huées, puis il interrompit son discours avec inquiétude. La transmission télévisée de l’événement fut coupée.
Le lendemain, le 22 décembre 1989, des manifestants envahirent le bâtiment du Comité central, où le chef de l’État présidait une réunion. Les époux Ceausescu rejoignirent un hélicoptère sur le toit du bâtiment pour s’enfuir avec deux conseillers et trois hommes d’équipage dans le but de rejoindre une caserne de province et d’y rallier les forces encore fidèles au régime.
Les manifestants s’attaquèrent ensuite à la chaîne de télévision publique et, à 13 heures, parvinrent à en prendre le contrôle. Les forces armées fraternisèrent spontanément avec les insurgés. Le tyran et son épouse furent capturés vivants dans leur fuite erratique.
Le 25 décembre 1989, à l’issue d’une procédure expéditive de 55 minutes jusque-là réservée aux résistants et dissidents opposés au régime de Ceausescu, un tribunal réuni ad hoc dans une école de Târgoviște, à 50 km de Bucarest, déclara Nicolae Ceausescu et Elena Petrescu coupables de génocide et les condamna à mort. Ils furent aussitôt fusillés dans la base militaire de Târgoviște.
La procédure et la fin de l’exécution étaient filmées. Le soir même, les images des cadavres du couple Ceausescu furent diffusées à la télévision et provoquèrent des cris des liesses populaires et des chants de victoire du peuple sur la tyrannie. Les corps furent enterrés dans le cimetière civil de Ghencea à Bucarest, dans une tombe sans nom.
8) Mobutu cloîtré dan un bunker à Kawele
Tous les faits ci-haut relatés ne sont pas des fables, des mythes, des légendes, des hallucinations, des conjectures. Ce sont des faits historiques, situés et datés.
L’impact de ces faits sur Mobutu fut d’une intensité maximale. Se voyant de plus en plus proche de la tombe, Mobutu, l’homme de gloire, se sentit épouvanté dans son âme; il s’enfuit notamment de Kinshasa et alla se cloîtrer dans un bunker à Kawele. Là, il dormait chaque nuit en dessous du lit et guettait un moindre signe d’une insurrection populaire généralisée pour qu’il s’exile précipitamment à l’Etranger.
9) La contribution des Cadres de l’UDPS de la Diaspora en 1990-1992
a) Ils recevaient régulièrement des cassettes-vidéos des activités de l’UDPS au Pays, les multipliaient et les envoyaient aux Cellules, Sections et Fédérations de l’UDPS de la Diaspora afin que les Membres soient informés, s’engagent et se mobilisent davantage. Ce travail fut effectué de 1990 à 1992.
b) Ils envoyèrent les propositions et les recommandations ci-après à la Direction politique du Parti à Kinshasa:
- Avoir une conscience aiguë du fait que c’est l’UDPS qui détenait entre ses mains la Clé de la Victoire finale, définitive et durable du Combat politique mené par l’UDPS, notre Peuple et toutes les Forces nationales de Progrès;
- Comprendre que notre Peuple vivait le moment crucial et déterminant de son Combat politique en 1991-1992;
- Prendre toute la mesure de l’importance capitale et de la responsabilité historique pour la Direction politique de l’UDPS, Force politique qui était l’Ame, la Force motrice et le Catalyseur du Combat politique de notre Peuple;
- Faire les vrais choix et opter pour des stratégies gagnantes qui ont fait leurs preuves ailleurs;
- Dépasser l’étape de la simple résistance et passer à l’étape de l’offensive et des initiatives visant à déstabiliser et à désarçonner davantage le tyran et ses collaborateurs;
- Préserver l’unité et la cohésion nationales de notre Peuple et le mobiliser davantage afin d’intensifier la pression sur le tyran et ses collaborateurs pour les asphyxier davantage et ne leur laisser aucun instant pour se livrer à d’autres crimes; à d’autres actes de malveillance, de fourberie et de ruse;
- Rester vigilante, ferme et déterminée face à Mobutu et à ses collaborateurs; se méfier constamment d’eux; éviter la naïveté, la lâcheté et l’imprudence face à ces criminels impénitents; rejeter avec force toute proposition, toute initiative et tout conseil, d’où qu’ils viennent, consistant à provoquer un soi-disant « apaisement » politique notamment par un rapprochement avec Mobutu et ses collaborateurs en vue de commencer des négociations, de signer des accords, de prévoir une période de Transition neutre dirigée par Mobutu en tant que Président de la République et par un gouvernement d’union nationale (c’est-à-dire contenant aussi les mobutistes) pour la transition qui serait neutre. L’accepter, c’était trahir le Peuple et les Martyrs et compromettre gravement le Changement démocratique;
- Savoir que de tels conseils, propositions et initiatives viseraient à légitimer de nouveau Mobutu et ses collaborateurs; à les rendre fréquentables, à les laver dans une blanchisserie; à les vivifier avec des bonbonnes d’oxygène, une sève nourrissante, des perfusions glucosées et physiologiques, des vitamines et des transfusions sanguines… Une fois qu’ils auront récupéré les leviers du pouvoir, ils perpétreront un nième Coup d’Etat militaire; bloqueront l’application des Résolutions de la CNS ; imposeront une nouvelle dictature; prolongeront la crise et l’aggraveront en la transformant en une véritable tragédie.la Tragédie;
- Se rappeler que l’Histoire mondiale est pleine des leçons à tirer des conséquences catastrophiques des négociations et des accords signés avec les tyrans;
- Initier plutôt des contacts avec les Forces nationales de Progrès en vue de signer des accords; d’élire consensuellement et démocratiquement le Président de la République et de former un gouvernement de Transition contenant uniquement les Forces nationales de Progrès;
- Initier des négociations avec les Partenaires en commençant par ceux qui avaient soutenu financièrement la tenue de la CNS; lâché et isolé diplomatiquement Mobutu.
A suivre: les 4 erreurs fatales commises en 1991-1992 par la Direction politique de l’UDPS et qui aidèrent Mobutu à revenir au pouvoir et à aggraver la tragédie congolaise.
Fait le 17 Décembre 2019.
Pour le Leadership National Congolais de Progrès
Dr François Tshipamba Mpuila
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