La rentrée parlementaire de septembre 2023

Cette session est essentiellement consacrée au vote du budget des voies et moyens de l’Etat. Signe des temps, certains parlementaires se sont retrouvés bloqués à l’intérieur du pays, faute d’avion.

Gaston Mutamba Lukusa

Le parlement tient de plein droit, chaque année, deux sessions ordinaires. La 1ère s’ouvre le 15 mars et se clôture le 15 juin. La 2ème s’ouvre le 15 septembre et se clôture le 15 décembre. Comme notre pays convoité par tous les pays voisins et la Chine est un Etat de droit, c’est tout naturellement que ce 15 septembre fut le jour de la rentrée parlementaire. Cette session est essentiellement consacrée au vote du budget des voies et moyens de l’Etat. Rien d’étonnant dès lors que la priorité soit accordée au projet de loi des Finances 2024. Des séances relatives au contrôle parlementaire sont aussi prévues. Comme toute chose a une fin, cette session parlementaire est la dernière de la législature.

Malin comme un rat, le président de l’Assemblée nationale, M. Christophe Mboso N’kodia Pwanga, annonça, urbi et orbi, que la session n’ira pas jusqu’au 15 décembre. Les travaux seront suspendus le 18 novembre pour permettre aux candidats députés d’aller en campagne électorale qui débute ce 19 novembre et qui prend fin le 18 décembre. D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, très peu d’élus vont retrouver les bancs du Palais du peuple, siège du parlement. Stupeur et tremblements! Signe des temps, certains se sont retrouvés bloqués à l’intérieur du pays, faute d’avion. Enfer et damnation! L’offre d’avions a diminué avec la faillite de Congo Airways. D’après un ancien pilote d’avion chevronné, pour augmenter le nombre de compagnies aériennes, les aéroports doivent être certifiés et répondre aux normes internationales, l’Autorité de l’aviation civile doit être au niveau recommandé par l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale) et les taxes farfelues doivent être supprimées. De ce fait, le pays ne sera plus sur la liste noire. Alors, alors seulement, les investisseurs vont revenir. Il y aura alors plusieurs aéronefs à disposition.

Ceci expliquant cela, les dirigeants de Congo Airways réclament hic et nunc pas moins de 33 millions de dollars pour sauver ce canard boiteux dans un délai de six mois. Saperlipopette! Les élections, c’est dans trois mois! Où est-ce que le gouvernement va trouver un tel magot alors qu’il est confronté au financement des élections et à la dépréciation du franc congolais? Bref, passons!

Les électeurs reprochent aux députés et sénateurs de n’avoir rien fait, de tomber dans les bras de Morphée durant les sessions plénières tout en touchant de très gros émoluments. Pour ceux qui ne sauraient pas, dans la mythologie de la Grèce antique, Morphée est le fils d’Hypnos, dieu du Sommeil, et de Nyx, déesse de la Nuit! Comme si cela ne suffisait pas, la plupart des députés nationaux ont été nommés et non élus. Convaincu devant Dieu et les hommes qu’il pouvait récupérer le pouvoir, l’ex-Raïs Joseph Kabila s’était créé une majorité parlementaire factice visant à neutraliser et à renverser Fatshi son successeur « le jour H » comme dit mon ami qui est devenu fou.

D’après notre constitution concoctée par les Français, les Sénégalais ainsi que les Belges Louis Michel et Bob Kabamba, « La décision de poursuites ainsi que la mise en accusation du Président de la République et du Premier ministre sont votées à la majorité des deux tiers des membres du Parlement composant le Congrès suivant la procédure prévue par le Règlement intérieur… En cas de condamnation, le Président de la République et le Premier ministre sont déchus de leurs charges. La déchéance est prononcée par la cour constitutionnelle ». Mal lui en prit. Rien ne se passa comme prévu. Il perdit sa majorité factice en un tournemain. Son challenger pratiqua une vieille tactique de judo. Il utilisa la force de son adversaire pour le déséquilibrer et le maîtriser. Cela s’appelle ju no ri ou « le principe de l’adaptation ». Depuis, il ronge son frein. Il attendrait comme Lucius Quinctius Cincinnatus qu’on vienne le chercher pour sauver le pays. Sapristi!

On dit chez nous que la vie est une succession de moments heureux, et d’instants malheureux.

GML

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